La Lettre 52 - page 18

LA LETTRE
N°52
ossier
Lesstéroïdeset leurs récepteurs
Lespremiers récepteursauxhormonesstéroïdiennesontété
localisés auniveaunucléairedans les années 90
(1)
. Pour
l’œstradiol, 2sous-typesde récepteur, alphaetbêta, ont été
décrits, demême laprogestéronepeut se lier à2 isoformes
AetB. La testostéronepeut agir sur le récepteurauxandro-
gènes après transformationendihydro testostérone (DHT)
ouaprèsaromatisationenœstradiol par l’aromatasecodée
par legènecyp19A1.L’œstradiol joueainsi un rôle important
chez la femelle,aussibienque lemâle,etc’estsurcestéroïde
que lamajoritédesétudesont étéconcentrées, notamment
dans lebut d’unemaîtrisede la reproductionchez les ani-
mauxdomestiques et pour traiter lesproblèmesd’infertilité
dans l’espècehumaine. Auniveaunucléaire, cesdifférents
stéroïdesagissent commedes facteursde transcriptionau
niveaude l’ADN et vont réguler l’expressionde nombreux
gènes, ilsont uneactionplutôt lente. Ilssont impliquésdans
la reproductionmaiségalementdansun trèsgrandnombre
d’autres fonctions (voir danscedossier).
En regardde l’actiongénomiquedes stéroïdes au niveau
nucléaire,d’autreseffetsplus rapidesontétédécritscondui-
sant à l’hypothèsede l’existencede récepteursmembra-
naires.
Il aétémontréque leseffets rapidesde l’œstradiolpouvaient
êtremédiéspar leGPCR30 renomméGPERpourG-Protein
EstradiolReceptor,premier récepteurmembranairede l’œs-
tradiol àêtrecloné
(2)
maisaussi par le récepteur nucléaire
ER
α
dontune fractionestpalmitoylée,cequi luipermetd’inte-
ragir avec lescavéolinesmembranaires.
Laprogestéronepeut avoir uneffet rapideenagissant sur
différents récepteursmembranaires à la progestérone,
les «mPR » dont 5 types ont été clonés et PGRMC1
(3)
.
Elleagitenmodulant l’activitédu récepteurmembranairede
typeGABA
A
, après transformationenalloprégnanolonepar
les enzymes 5
a
-réductase et 3
a
-hydroxy stéroïde oxydo-
réductase,
(4)
.Danscecas, le rôlede laprogestéronesera
toujours liéàcelui duGABA.
STÉROIDES ET CONTRÔLE CENTRAL DE LA
REPRODUCTION
YVES TILLET & ANNE DUITTOZ (
UMRPhysiologie
de laReproductionet descomportements; INRAUMR85,
CNRSUMR7247,UniversitéF. Rabelais, IFCE.Centre Inra
Val deLoire,Nouzilly)
Si l’on songe à ladiversitédes espèces et à la spécificité
de chacune pour se reproduire en fonction des saisons,
des réservesnutritionnelles…, laperpétuationdesespèces
nécessite une adaptation et une régulation très finede la
reproductionetengendreainsiune infinievariétédesituations.
Chez les vertébrés, la reproductionest sous lecontrôlede
quelques centaines àquelquesmilliersdeneurones situés
dans l’airepréoptiqueet l’hypothalamus contenant unneu-
ropeptide: leGonadotropinReleasingHormone (GnRH).Ce
neuropeptidede10acidesaminésest sécrété dans lesang
porte-hypothalamo-hypophysaireet vastimuler leshormones
gonadotropes hypophysaires LH (LuteotropinHormone) et
FSH (folliculoStimulatingHormone) qui vont agir sur lapro-
ductiondegamètes et d’hormones stéroïdiennesdans les
gonades. En retour, lesstéroïdesgonadiquesvont rétroagir
auniveaude l’hypophyseet ducerveaupour réguler l’acti-
vitédesneuronesàGnRHet contrôlerainsi la reproduction.
Ceshormonessontprincipalement laprogestéroneet l’œs-
tradiol chez la femelleet la testostéroneet l’œstradiol chez le
mâle. Lesdifférentesétapesde la reproduction, lapuberté,
les cycles estriens chez la femelledécoulent d’undialogue
étroit entre leshormonesstéroïdeset lecerveau.
Lecontrôlecentral de la reproduction
Au niveaudes neurones àGnRH, lamodulationdu signal
stéroïdien vapermettre une régulation finede la sécrétion
deGnRH. Celle-ci est caractériséepar unmodepulsatile,
et chaquepulsedeGnRHmesurédans lesangportehypo-
thalamo-hypophysairecorrespondà la libérationponctuelle
d’un pool demolécules contenues dans les granules de
sécrétionpar les terminaisons neuronales. Entre chaque
pulse, les niveauxdeneuropeptides sont indétectables, et
c’est la fréquenceet l’amplitudedespulsesqui vacaractéri-
serchaqueétapede la reproduction: lapuberté, lesphases
ducycleestrienchez la femelle, lapériodede reproduction
chez lesanimauxà reproduction saisonnière. Par exemple,
aucoursducycleestrienchez la femelle, l’œstradiol vaêtre
responsablede l’augmentationde lapulsatilitéduGnRHqui
entraîne lepicpréovulatoiredeGnRHet l’ovulation,puisaprès
diminutiondesniveauxd’œstradiol,c’est laprogestéronequi
vavenir freiner cettepulsatilité.
Dès l’identificationdesbouclesde rétroactiondesstéroïdes
sur leSNC, l’attentiondeschercheurss’est portéealorssur
lessitesd’actionscentrauxdesstéroïdesetplusparticulière-
ment sur lesneuronesàGnRHà l’origineducontrôlecentral
de la reproduction.
Doublemarquagemontrant laprésencedurécepteurà l’œstradiol
alpha (enrouge)dans lesneuronesàkisspeptide (envert)
dans lenoyauarquédebrebis.Barred’échelle:50µm (d’après
Franceschini etal2006 (9)..
1...,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17 19,20,21,22,23,24,25,26,27,28,...36
Powered by FlippingBook