La Lettre 52 - page 9

9
Dossie
| COORDONNÉ
PARYVES TILLET
Stéroïdes, sexeet cerveau
Certes, dans ce cadre, ils agissent sur le
système nerveux, mais simplement sur une
petite régiondu cerveau, l’hypothalamus, au
rôlemoins «noble» que celui des fonctions
«supérieures»ducortex.Malgré tout,depuis
plusieurs années, de plus en plus d’études
montrent queceshormonesne sont pascan-
tonnées au contrôle de la reproductionmais
qu’elles ont un impact sur de nombreuses
fonctions cérébrales. C’était déjà prévisible
lorsqu’en1999
1
,Butler et collmontrèrent pour
lapremière fois laprésencedes récepteursà
l’estradiol en immunohistochimiedans lecortex
de rat, bien au-delàdes zones consacrées à
la reproduction.Ces résultats indiquaient que
les stéroïdes et notamment l’estradiol pou-
vaient avoir de nombreuses actions centrales.
Dans ce contexte, nous avons donc souhaité
faire lepoint sur le rôledesstéroïdessexuelssur différents
aspects du fonctionnement cérébral, et pas uniquement
sur la reproduction. Il nous a semblé également important
demontrer comment ces hormones vont très tôt au cours
dudéveloppement, façonner ledéveloppement cérébral et
induiredesmodificationsdurables, dont les répercussions
se lisent/traduisent dans le fonctionnement du cerveau et
l’expressiondescomportements.
Tout commenceavec lasexualisationducerveau, abordée
parPhilippeCiofi. Lepremier impact desstéroïdessexuels
aucoursdudéveloppement constitueuneactionqui vaêtre
déterminantepour l’orientationsexuelleàvenir, l’expression
des caractéristiques comportementales et les régulations
fonctionnellesassociées.Cevastesujetest remarquablement
abordépar JacquesBalthazart
2
. Cechapitreest complété
par Serge Stoléru
3
qui nous livre les résultats obtenus en
imageriecérébraleetquimontreclairement ladiversitédes
structures liées au rôledes stéroïdes dans ledésir sexuel
masculin. Ces considérations nous amènent directement
sur le contrôle central de la reproductionqu’AnneDuittoz
et moi-même avons tenté de synthétiser, pour montrer la
complexité des réseaux neuronaux impliqués et l’impact
desstéroïdesdans laplasticitédeces réseaux. AvecAline
Marighetto et coll, nous abordons le rôledesœstrogènes
sur lamémoire, undomaine encoremal connumais dont
les premières donnéesmontrent l’effet bénéfiquedes sté-
roïdessur lescapacitésmnésiques.Cet effet pourrait venir
du rôleneuro-protecteurdesstéroïdessexuels, cequenous
rappelleRachidaGuennoundanssonarticle.Des résultats
prometteursont étéobtenus sur desmodèles rongeursde
maladiesneurodégénativesousurdesmodèlesd’AVC.Enfin,
ce
Dossier
neseraitpascomplet (mais lesera-t-il vraiment?)
sans aborder les effets préoccupants des perturbateurs
endocriniens,desanaloguesstéroïdienspour laplupart,de
plusenplusprésentsdansnotreenvironnement et qui vont
s’immiscerdans ledialogueentre leshormonesendogènes
et les réseauxneuro-gliaux, c’estSakinaMahouty-Kodjaqui
abordece sujet, enpleineactualité.
J’espèreque cettebrève introduction vous donnera envie
d’ensavoirplussur le rôledesstéroïdesquel quesoit votre
genre, je vous souhaiteuneexcellente lecture.
Les stéroïdes, notamment les stéroïdes sexuels sont avant toutdeshormonesde la
reproduction.
1
ButlerJA,Kalló I,SjöbergM,CoenCW.Evidence forextensive
distributionofoestrogenreceptoralpha-immunoreactivity in the
cerebral cortexofadultrats.JNeuroendocrinol. 199911(5):325-9.
2
J.Balthazart est l’auteurdeBiologiede l’homosexualitépubliéen
2010auxéditionsMardaga.
3
S. Stoléruapubliéen2016, «Uncerveaunommédésir»chez
O. Jacob.
Les stéroïdes sexuels (àgauche l’estradiol etàdroite la testostérone) jouentun
rôle importantdans le fonctionnement cérébral.
1,2,3,4,5,6,7,8 10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,...36
Powered by FlippingBook