La Lettre 52 - page 14

LA LETTRE
N°52
ossier
embryonnaire. Onpeut cependant obtenir des indications
indirectes de ce qu’il a pu être. De nombreuses caracté-
ristiquesmorphologiques, physiologiques et comporte-
mentalessont influencéesde façon irréversiblepar leshor-
monesembryonnaireschez l’animal commechez l’Homme.
Denombreusesétudessesontdoncattachéesàévaluerces
caractéristiquesde façoncomparativedansdespopulations
homo- et hétéro-sexuellesdemanièreà tester si leshomo-
sexuels avaient été exposés àdes conditions hormonales
atypiques pendant leur développement embryonnaire. De
nombreux résultatspositifsont étéainsi rassemblés {voir
(1)
pour une revuecomplète}.
Ces caractéristiques incluent des variables qui, éven-
tuellement, pourraient être secondairement affectées par
l’homosexualité (e.g., des réactions à des tests cognitifs
oudes réactionsphysiologiques àdes odeursmasculines
ou féminines) mais aussi des variablesmorphologiques
(rapportde longueurdudeuxièmeetduquatrièmedoigtde
lamain) ouphysiologiques (émissions sonoresdites«oto-
acoustiques»produites par l’oreille interne ; voir figure 3)
dont on voitmal comment ellespourraient être influencées
secondairement par l’orientationsexuelle {voir
(1)
pour une
analysepluscomplète}.
Deplusuneétudeamontréque lenoyausexuellementdimor-
phiquede l’airepréoptique (SDN-POA; homme> femme)
estplusvolumineuxchez l’hommehétérosexuel quechez la
femmemais il aune taille fémininechez leshommeshomo-
sexuels
(5)
.Levolumedecenoyaunesemblepasdépendre
de façon importante du statut hormonal à l’âge adulte.
S’il est commechez le rat et lemoutoncontrôlépar la testos-
térone embryonnaire, ce noyaupourrait donc être unmar-
queurd’uneexpositionplus faibleque lanormeducerveau
embryonnairedeshommeshomosexuelsà la testostérone.
De façonplusgénérale, toutescesobservationssuggèrent
que les individushomosexuels, ouà tout lemoinscertaines
partiesde leurcerveau,ontétéexposéespendantunepartie
de leur vieembryonnaireàunmilieuhormonal non typique
de leur sexe (masculinisation réduite chez l’hommehomo-
sexuel et hyper-masculinisationchez la femme lesbienne).
Orientationsexuelleet pathologiesaffectant l’état
hormonal de l’embryon
Cette théorie hormonale est supportée par l’étude de di-
versespathologiesqui affectent le fonctionnement du sys-
tème endocrinien pendant la vie fœtale. Ces pathologies
sont associéesàdesmodificationsplusoumoinsprofondes
de l’orientation sexuelle chez l’homme et la femme. Dans
un nombre limité d’entre elles, les enfants sont élevés en
leur assignant un sexe qui va à l’encontre de l’influence
hormonalepotentiellequ’ils ont subie
in utero
. Unepartie
nonnégligeable (jusque40%)dessujetssoumisàce type
d’«expérienceshormonalesde lanature»développent une
orientation (et parfois une identité) sexuelle en opposition
avec l’éducation reçue.
Ainsi chez la femme (sujetsgénétiquementXX), l’exposition
prénatale àdes androgènes (filles souffrant du syndrome
d’hyperplasiecongénitaledesglandessurrénales) ouàun
œstrogène synthétique, leDES (administré pour raisons
médicales) induit une augmentation significativedes fan-
tasmesouactivitéssexuellesnon-hétérosexuellesalorsque
l’éducationde ces sujets était enprincipe conforme à leur
sexegénétique féminin.
Parailleurs,chez l’homme (sujetsXY), l’éducationet lasocia-
lisationen tantquefillesdesujetsnésavecdesstructuresgé-
nitalesnonmasculinisées (individusatteintsd’unedéficience
en 5
a
-réductase, déficience dans l’enzyme responsable
de lamasculinisation des structures génitales externes),
ouatteintsd’exstrophiecloacale, c’est-à-direnésavecune
malformationdubassin et sans structures génitalesmas-
culines)neconduitpas toujoursàune identitéet orientation
sexuelle féminine.Onobserve,dansunnombresubstantiel
de cas (lamoitié parfois), l’adoption à l’âge adulte d’une
orientationsexuellemasculine (attractionpour les femmes)
qui pourrait êtredue à l’exposition
in utero
des sujets àde
hautesconcentrationsenstéroïdessexuelsproduitspar les
testicules apparemment normaux de ces sujets. Ces cas
cliniquessontdoncenaccordavec l’idéeque leshormones
embryonnaires jouentun rôle importantdans ledéterminisme
de l’orientation sexuelle.
Génétiqueet épigénétique
Il existedonc un faisceaud’arguments qui suggèrent que
l’homosexualité est déterminée, aumoins en partie, par
l’imprégnation hormonale prénatale. Cette conclusion ne
fait évidemmentquedéplacer leproblème.Seposealors la
questionde l’originedesperturbationsendocrinessuscep-
Figure3
-Dans l’espècehumaine, l’orientation sexuelleest corrélée
avecdiversescaractéristiquesmorphologiquesetphysiologiques
qui sontparailleurs sexuellementdifférenciées trèsprobablement
sous l’influencede la testostéroneembryonnaire surbased’études
animales.Unemasculinisationdecescaractéristiqueschez les
lesbiennes suggèrequecelles-ci ont étéexposéespendant leurvie
embryonnaireàdesconcentrationsde testostérone supérieuresà
cequi est typiquepour leur sexe.C’est lecasnotammentpour la
fréquencedesémissionsoto-acoustiques (clics)de l’oreille interne (4).
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