La Lettre 49 - page 20

La lettre
n°49
ossier
douleurdevientalorsambiguë.Le testà la formaline (modèle
dedouleur inflammatoire) est leplus commun. Son injec-
tion intradermiquedansunepatteprovoquedescomporte-
mentsde retrait, léchage,morsure…pouvant êtrecomptés.
Dans ce test, des réponses biphasiques sont observées,
avecunepremièrephasedequelquesminutes, correspon-
dant à la stimulationdirectedes nocicepteurs et sensible
aux anesthésiques locaux, et une secondephaseplus tar-
dive, impliquant à la fois desmécanismes inflammatoires
et desensibilisationcentraleet répondant auxantalgiques.
Pour étudier certaines douleurs viscérales, divers agents
irritantspeuvent aussi êtredélivrés intrapéritonéalement, ou
parvoie intracolique,générantdescontractionsquantifiables.
Lesmodèlesdedouleur
Longtemps, la recherche fondamentalesur ladouleuretpré-
cliniquesurses traitementsa reposésurdes testsnociceptifs
effectuéssurdesanimauxnaïfs,c’est-à-direnon-douloureux.
Bienqu’ayantpermisdesavancéesmajeuresdesconnais-
sances, lebénéficeenmatièredenouveaux traitementsaété
plus limité, suggérant lanécessitéd’améliorer lapertinence
des recherches en associant tests nociceptifs et modèles
dedouleur.
…«douleur inflammatoire »…
Suite à un dommage tissulaire, unemaladie autoimmune
ou l’exposition à des agents irritants, le système immuni-
taire libèredesmédiateursde l’inflammationqui activent et
sensibilisent le système nociceptif. De nombreuxmodèles
dedouleur inflammatoire reposent ainsi sur l’administration
desubstancesdéclenchant une réponse immunitaireousur
celledemédiateursde l’inflammation.Nousavonsévoqué la
formaline,maispour des réponsesplus soutenuesdans le
temps l’adjuvant complet deFreund, extrait deMycobacte-
rium, ou lescarragénines,polysaccharidessulfatésextraits
d’algues, sont souvent utilisés. Leur injection intraplantaire
entraîneainsi desallodynieset hyperalgésiesdeplusieurs
heures. Ladélivranced’adjuvant completdeFreund,decar-
ragénine,d’unmélangecarragénine/kaolinoudezymozane,
extraitdemembranedecellulesde levures,dans l’articulation
dugenououde lacheville, est utiliséepourmodéliser des
monoarthrites.Diversmodèlesdeconditionsdouloureuses
chroniques d’origine autoinflammatoire ou autoimmune
existent aussi, mais lesmodèles prolongés de plusieurs
semaines oumois, comme ceux des polyarthrites, posent
d’évidentsproblèmeséthiques.Cesmodèlessontnéanmoins
importants pour étudier la temporalité et la chronicitédes
maladiesconsidéréeset lesélémentsmécanistiquessous-
jacentsàcettechronicité.
«douleur neuropathique »…
Ladouleurneuropathique résulted’une lésionoud’unemala-
dieaffectant lesystèmesomatosensoriel.Ellepeutdoncêtre
consécutiveà lasection, la lésionou lacompressiond’unnerf,
à une lésion centrale (moelle épinière ou encéphale), une
neuropathiediabétique,une infectionvirale,ouêtre iatrogène
liée aux traitements anti-cancéreux par exemple. De nom-
breuxmodèlesdedouleurneuropathiqueontétédéveloppés
chez le rongeur, reproduisantdes lésionsnerveusesoucen-
trales,desnévralgies trigéminalesoupost-herpétiques,des
neuropathiesdiabétiquesouchimio-induites, etc.Beaucoup
demodèlesdedouleurneuropathiquepériphérique reposent
sur des ligatures, compression ou sections partielles du
nerf sciatique. En effet, l’accessibilitédu nerf est facile et
les tests nociceptifs sont aisément réalisables sur lapatte
arrière.Bienquedeshyperalgésiespuissent êtreprésentes
danscesmodèles, leparamètre leplusétudiéest l’allodynie,
mécaniqueouau froid.
Si une large part des recherches chez l’animal concerne
ces deux catégories de douleur, inflammmatoire et neu-
ropathique, un intérêt grandissant est porté aux douleurs
musculo-squelettiques, comme la fibromyalgie, difficile à
modéliser,etauxdouleursprésentesencomorbiditéd’autres
pathologies,génétiques, neuromusculaires, ouneurodégé-
nérativescomme lamaladiedeParkinson.
Endépitdescritiquessur lapertinencecliniquedesmodèles
et des tests chez le rongeur, ils ont fait indiscutablement
progresser les connaissances sur les bases anatomo-mo-
léculaireset physiologiquesde lanociceptionet de ladou-
leur. Dans lapremièredécenniedece siècle, ladifficultéà
traduire ces progrès enbénéfices thérapeutiques a incité
les chercheurs à améliorer les tests et lesmodèles et en
développer denouveaux. L’effort aporté, entreautres, sur
la recherchedemesures objectives et quantitatives de la
douleur, ou tout aumoinsdeparamètres indirectspouvant
refléter l’état douloureuxde l’animal, pour neplusse limiter
auxsimples réflexesnociceptifsdes testsexistants.Nombre
de ces avancées emprunte en fait des approches venant
d’autreschampsdesneurosciences.
…« intégrer la composante aversive »…
Une stratégiepour appréhender lamesurede ladouleur,
consiste àdonner à l’animal le choix entredes environne-
mentsassociésounonà l’expériencedouloureuse.Onutilise
ainsi des testsdeconditionnementdeplaceoud’évitement
actif qui permettentd’intégrer lacomposanteaversivede la
douleur. Leconditionnement peut se faireen réponseàun
stimulus
nociceptif, enévitementdeplace, ouen réponseà
unantalgiqueouunanesthésiquenon récompensant chez
l’animal naïf, en préférence de place. Ces approches ont
permis de révéler, indirectement, la présence de douleur
spontanée chez l’animal enmodèlededouleur chronique.
Elles sont néanmoins limitées car techniquement très déli-
cates et nécessitent ungrand nombred’animaux. L’évite-
ment direct resteplussimple, en réponseàunestimulation
mécanique ou en utilisant des plaques avec gradient de
températureoupermettant lechoixentredeuxsurfacesde
températuredifférente.
… « considérer la composante émotionnelle »…
Une autre stratégie consiste à considérer la composante
émotionnellede ladouleur à traverssonexpression faciale
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