La Lettre 49 - page 18

La lettre
n°49
ossier
Mais lemalade veut aussi plaire aumédecin. Cemodèle
d’explication psychologique part dumodèle freudien de
l’hystérie,basésur laséductionœdipienne. Intéressantmais
incomplet. Tous lespatientsnesont pasdans laséduction,
nidansuneproblématiqueœdipienne.Ànotreavis, leconflit
fraternel (fratricide)estbeaucoupplus fréquentque leconflit
œdipien (père-fils) dans l’espèce humaine. Dès lors sur-
giront l’agressivité, l’opposition, ou lapeur de l’effraction.
Et là, s’ouvreundomaineencore inexploré : l’effet nocébo.
Leproduit inerteentraînedeseffetssecondairesdélétères
dont ladouleur. Lorsd’essais cliniques, comment différen-
cier leseffetssecondaires imputablesauproduitdeseffets
nocébo ?Aucune étude rigoureuse ne lui a été consacrée
à ce jour. «L’effet nocébo est une réalité pour un patient
sur quatre»dit leDr BartskypsychiatreàBostonen2004.
«L’effetnocébon’est jamaisprisencompte.Dans lesessais
cliniques, tous lessymptômesnégatifssontmissur lecompte
dumédicament testé alors que certains sont uniquement
dusà l’effet nocébo, cequi fausse lesdonnées».
Enconclusion, l’Hommeest unanimal qui aime lemédica-
ment ; tous lesmédicaments. De la chimiothérapie laplus
explosive augranule homéopathique leplus infinitésimal.
Leplacebo témoignedes capacités propres à l’individu à
sesoigner, se restaurer, se réparerhorsde l’actionchimique
d’unproduit,maisdans lecadred’une relation thérapeutique.
Les facultésde
pain repair
-réparationde ladouleur-etplus
généralement de
life repair
-réparationdesaccidentsde la
vie- sont surprenantes. Favoriser lesprocessusnaturelsde
guérison, ne fait-il paspartiedesmissionsde lamédecine?
Platondisait déjàdans
LaRépublique
: «
unmensongeest
utileauxhommesà lamanièred’unmédicament ».
RÉFÉRENCES
(1) K.B. Thomas. Br.Med. J., 1978; 1327-1328
(2) PetrovicPet IngvarM. Pain. 2002; 95(1-2):1-5.
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Tests et modèles de nociception et DE
douleur chez le rongeur
Michel Barrot, Ipek Yalcin et Marie-José
Freund-Mercier (
Institut desNeurosciencesCellu-
laireset Intégratives,CNRS, Strasbourg, France)
Unenotion importante, quandon travailledans ledomaine
de ladouleur, est ladistinctionentredouleuret nociception.
Si la nociception correspond aux «processus neuronaux
d’encodageet de traitement de l’informationnociceptive»,
c’est-à-direprésentant un risquepour l’intégritéde l’orga-
nisme, ladouleurestdéfiniecomme«uneexpériencesenso-
rielleet émotionnelledésagréableen lienavecundommage
tissulaire réel oupotentiel oudécrit ende tels termes».Ces
deux facettesd’unmêmephénomènedistinguent en fait la
sensation (nociception)deson interprétation (douleur).Cette
dichotomiesémantiqueestunatoutconceptuel fondamental.
Ellepermet d’éviter d’attribuer une valeur émotionnelle ou
cognitiveàdes réflexesouàdesmécanismesélémentaires
pour partiespériphériques,médullaireset sous-corticaux.
… « Ladouleur est une expérience consciente,
complexe et subjective »…
Lanociception inclusainsi leprocessuspar lequel un
stimu-
lus
nocif est détectépar le systèmenerveuxpériphérique,
codé, transmiset inconsciemment traitépar lesystèmener-
veuxcentral.Ladétectionestassuréepardes transducteurs
moléculaires (canaux ioniques) portés par les neurones
nociceptifs dont les corps cellulaires sont groupés dans
les ganglions rachidiens et trijumeaux. Le signal afférent
est traitépar un réseaucomplexeau seinde lacornepos-
térieure (homme)oudorsale (rongeur)de lamoelleépinière
oudesonéquivalentdans le tronccérébral.Ce traitementde
l’informationnociceptiveest sous l’influencedes informations
sensoriellesnon-nociceptivesetdescontrôlesdescendants
provenantducerveau. Lanociception inclusaussi unepar-
tiedu traitement cérébral de l’information et des réponses
réflexesvisantàprotéger l’organisme.Ladouleurestquantà
elleuneexpérienceconsciente, complexeet subjective,qui
nécessiteun traitementcortical et l’interprétationaversivede
l’information nociceptive. Alors que nociception et douleur
sont étroitement liées, des évidences cliniquesmontrent
qu’ellespeuvent êtredissociées l’unede l’autre.
Nociception et douleur, lorsqu’elles sont pertinentes, par-
ticipent à la survie de l’organisme. Elles en constituent le
systèmed’alarme, permettant l’élaborationd’une réponse
immédiate adaptée ainsi que lamise en place de straté-
gies d’évitement ou demeilleures réponses à travers un
apprentissageassociatif aversif.Malgrésa fonctionphysio-
logique, il est essentiel de faire taire ce systèmed’alarme
lorsque la lésionouson risquesont anticipés, identifiés, ou
lorsque ladouleur est chroniqueoudissociéed’une lésion.
Cela nécessite des traitements adéquats, anesthésiques
et antalgiques, dont ledéveloppement peut bénéficier des
testsetmodèlesprécliniques.Chez lespatients, ladouleur
est évaluée verbalement, cequi n’est paspossiblechez le
rongeur. Ainsi, les testsdits«dedouleur »chez le rongeur
sont en réalitédes testsnociceptifs,baséssurdes réponses
réflexes, et lamesureprécliniquede ladouleur elle-même
resteencoreundéfipourcechampde recherche. Les tests
nociceptifs utilisent des
stimulus
thermiques,mécaniques,
chimiquesouélectriques. Lechoixdu test est uneétapecri-
tiquedans ledesignexpérimental car lesdiversesmodalités
nociceptivessontpourpartie indépendantesetdissociables
expérimentalement.
Les testsnociceptifs
…« latenced’apparitiond’un comportement
d’évitement »…
Certains tests reposent sur la latence d’apparition d’un
comportement d’évitement, le plus souvent un réflexe de
retrait de lapatteoude laqueue, en réponseàun
stimulus
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