La Lettre 49 - page 9

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Dossie
| coordonné par annabelle réaux-Le Goazigo et stéphane gaillard
LeprécédentDossierdeLaLettre (n°48) était consacréà l’hypnoseet abordait,
bienévidemment, lanotionde sédationetplus superficiellement cellededouleur.
Danscenuméro49, nousavonsvouluapprofondir cettenotiondedouleurdont la
chronologienousestproposéedans la rubrique«HistoiredesNeurosciences»
Douleur...Douleurs
L’InternationalAssociation for theStudyofPain (IASP)définit
ladouleur commeune«expériencesensorielleet émotion-
nelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou
potentielle, oudécriteen termesévoquant une telle lésion».
Une douleur peut être aiguë ou chronique. Dans sa forme
chronique, elle est plus qu’un symptôme, elle est une véri-
tablemaladie.
L’expression, le ressenti de ladouleur recouvredesaspects
très différents : ladouleur peut êtrephysique, ellepeut être
psychologique voir imaginaire. Dans certaines civilisations,
elle fait partie des rites initiatiques, enmédecine elle peut
aussi êtreun signal d’alarme visant àprotéger l’organisme.
Les causes en sontmultiplesmais les origines ne sont pas
toujours connues.
Longtempsconsidéréecommeune fatalité, cette«expérience
sensorielle et émotionnelle désagréable» fait aujourd’hui
l’objet d’uneextrêmeattentionde lapart despersonnelssoi-
gnants. L’OrganisationMondialede laSantéparrainedepuis
2004une journéemondialecontre ladouleur (le12octobre)
qui vise à alerter l’opinion internationale sur la nécessité
d’atténuer ladouleurpardessoinsplusadaptés.La législation
françaisen’est pasen restesur ceconcept puisque la loi n°
2002-303 du 4mars 2002 relative aux droits desmalades
et à laqualitédu systèmede santé (diteLoi Kouchner) pré-
cise, danssonarticleL. 1110-5 :
«Toutepersonnea ledroit
de recevoir des soins visant à soulager sadouleur. Celle-ci
doit êtreen toute circonstanceprévenue, évaluée, priseen
compteet traitée».
La douleur chronique est donc un véritable enjeu de santé
publique. EnFrance, laperceptiond’unedouleur est à l’ori-
gine de près de deux tiers des consultations demédecine
et ladouleur chroniquepourrait concerner prèsduquart de
la population. En plus de la souffrance physique qu’elles
génèrent, cesdouleursaltèrent laqualitédevieauquotidien
et ont un coût sociétal important.
Lacompréhensiondu fonctionnement cérébral, avecnotam-
ment les apports de l’imagerie, a permis demieux cerner
les différentes facettes de l’expression et du ressenti de la
douleur.Cesconnaissancescoupléesaux récentsdévelop-
pementsde la recherchecliniqueviennent compléter l’arse-
nal pharmacologique pour traiter de façon plus efficace les
différents typesdedouleur.
Danscedossiernousavonsessayéde faire lepoint sur l’état
actuel des connaissances et de la recherche sur ce sujet,
notamment sur lamiseenœuvredes résultatsde la recherche
fondamentalepour le traitement de ladouleur, ouplutôt des
douleurs tant cette notion revêt des aspects différents. Le
choix desmodèles animaux est important et l’expérimenta-
tion dans ce domaine fait l’objet de nombreuses questions
et réflexionséthiques tant ladouleurpeut être liéeà l’activité
mêmed’expérimenter sur l’animal.Pournouséclairer sur ce
sujet, nousavonspris l’avisdesspécialistespourdécrire les
nombreuxmodèlesd’étudequi essaientd’approcheraumieux
lesdifférents typesdedouleursdécritsencliniques, dansun
souci constant du respect de l’animal et des règleséthiques.
La transposition des résultats de cette recherche fonda-
mentale à la compréhension et au traitement de la douleur
chez l’homme se complique avec le niveau de complexité
du cerveaudes primates et lepoids queprennent les fonc-
tions corticales sur le ressenti de la douleur. À ce niveau,
lesscienceshumainesapportent aussi leur contributionà la
compréhensionde ladouleur et de l’effet placebo.
Enfin, ceDossier est l’occasion de revenir sur les apports
très importantsdeschercheurs françaisàcedomaine, et en
particulierceuxdeJean-MarieBessonqui a réuni lesmeilleurs
spécialistes au seinde la fameuseunité161de l’Inserm. À
partir de cette unité, se sont développées de nombreuses
équipesdont certainsmembresontgénéreusement contribué
à ceDossier, c’est ici l’occasionde les remercier.
Ce point ne serait pas complet sans le remarquable article
deM.-T. Cousin et J-GBarbara sur l’histoire de la douleur.
Il apporteunéclairage important sur ce thèmeet vient agréa-
blement compléter cedossier. À lireabsolument !
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à lire ce
dossier quenousenavonseuà lepréparer, nousvoussou-
haitonsune lecture indolore, sans lemoindremal de tête !
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