La lettre
n°49
permetd’identifier les régionscérébralesdont l’activitévarie
de façonsynchrone. Il ressortdecesanalysesque lamala-
died’Alzheimer et ladémence sémantique sont caractéri-
séespar l’atteintede réseaux cérébrauxdistinctsmaisqui
incluent tousdeux l’hippocampe.Ces réseauxsous-tendent
des fonctions cognitives différentes : leur fonctionnalité ou
leur atteinte permet d’expliquer les sémiologies respec-
tives et très différentes de lamaladied’Alzheimer et de la
démence sémantique. End’autres termes, l’atteinted’une
mêmestructuresituéeaucarrefourdedeux réseauxdistincts
semblepouvoir déclencher desdéficitscognitifsdifférents
en fonctiondu réseauspécifiquement touché.Unparadoxe
encoursd’élucidationgrâceauxprogrèsconjoints,devenus
indissociables
(9)
, de la neuropsychologie et des neuros-
ciencescognitives.
Références
(1) Annese J. et al. (2014)Nature, 8, 85-9.
(2) CraverCFet al. (2014)Neuropsychologia, 57 ; 191-5.
(3) Vargha-Kademet al. (1997) Science, 277 ; 376-80.
(4) EustacheF,DesgrangesB (2008)NeuropsychologyRev, 18 ; 53-69.
(5) Eustache F, Desgranges B (2012) Les chemins de lamémoire, Le
pommier/ Inserm.
(6) ViardAet al. (2013)Neuropsychologia, 51 ; 2620-32.
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(8) La JoieRet al. (2014)Neuron, 81 ; 1417-28.
(9) RosenbaumSet al. (2014)Ann.N. Y. Acad. Sci., 1316, 105-33.
ribune libre
préservée chez certains patients, même si cette compo-
santede lamémoire sembleparticulièrement fragile. Deux
publications récentess’appuyant,d’unepart surdesétudes
anatomiquesdétailléeset d’autrepart sur desexplorations
en IRMf, ont permis demieux comprendre ces liens entre
mémoiredupasséetmémoiredu futuret ladiversitéde leurs
altérationsdans ladémencesémantique.Ellesmontrentbien
que lesdonnéesde lapathologiesontessentiellespourcom-
prendre les relationsentremémoireépisodiqueetmémoire
sémantique. Les diverses dissociations deperformances
soulignentégalement l’importancede laplasticitécérébrale,
capabledecompenser certainsdéficits, chezdespatients
aux prises avec unemaladiedégénérative. Les études de
neuroimageriecontribuentaujourd’hui àunevisionbeaucoup
plus dynamiquequepar lepasséde la neuropsychologie
decesaffections (
6
,
7
, voir figure2).
D’autres études, utilisant des approches en imageriemul-
timodale, ont cherché à comprendrepourquoi lamaladie
d’Alzheimer et ladémence sémantique sont tellement dif-
férentes sur leplancliniquealorsque les examens en IRM
révèlentdans lesdeuxcasuneatrophiemassivede la région
de l’hippocampe. Un travail récent (
8
; figure 3) s’est inté-
ressé, non seulement à l’atteinte cérébrale de ces deux
maladies, mais également à la connectivité fonctionnelle
enutilisant la techniquede l’IRMf au repos.Cetteapproche
Figure3
Gauche.Au-delàdedifférencesmarquées, lesprofilsd’atrophiede substancegriseretrouvésdans lamaladied’Alzheimer (MA) et la
démence sémantique (DS) serecouvrentpartiellement, etnotammentauniveaude l’hippocampe (haut:analysedegroupevoxel à
voxel comparantpatientsMAetDSàdes sujetsâgés sains, extraitdeLaJoieetal,Neuron2014;bas: imagesreprésentativesdedeux
patients).
Droite:L’étudede sujets sainsen IRMfaureposamontréque l’hippocampe (structureentouréedenoir) estaucarrefourde
deuxréseauxcérébraux, présentésencouleurs.Or, laconnectivitéde l’hippocampeavec leréseaupostérieur (bleu) sous tendrait
spécifiquement lescapacitésdemémoireépisodiquedans lecerveau sain; c’est justement ceréseauqui serait fortementatteintdans
laMAetpréservédans laDS.Leréseauantérieur, pasoupeu impliquéenmémoireépisodique, seraitaucontraireparticulièrement
vulnérableà laDS (voirréf.8).
