La Lettre 49 - page 32

La lettre
n°49
Présentationet objectifsduClub scientifique
de laSociétédesNeurosciences
«Eye-trackinget autisme»
|
par JoËlle MARTINEAU
1
, NADIA HERNANDEZ
1
,
JULIE BRISSON
2
lubde laSociété
L’oculométrie regroupeunensemblede techniquespermettant
d’enregistrer lesmouvements oculaires. Couplées à lapupil-
lométrie, ces techniques sont actuellement utilisées dans des
domainesvariés telsque lapsychologie, lapsycholinguistique,
et connaissent un essor considérable dans le domaine des
neuroscienceset de laphysiologie.
Lespremièresméthodesde traquageoculaireont vu le jourau
XIX
e
siècle.Ainsi,dès1879, l’ophtalmologue françaisJAVALs’est
rendu compteque la lecture n’était pas unprocessus linéaire
et sans à-coups, mais plutôt une successiond’arrêts rapides,
plus tard appelés fixations. Le premier traqueur oculaire fut
construit par DELABARRE en 1898. Dans les années 1950,
lepsychologue russeYARBUS apporta une contribution non
négligeableaudomaine,montrant notamment la relationentre
la localisationdesfixationsoculaireset les intérêtsduparticipant
(figure). Les recherchessedéveloppèrent rapidement et JUST
et CARPENTER (1984) proposèrent la théorie « eye-mind»,
dans laquelle ils réaffirment une fortecorrélationentre la région
regardéeet lapenséeduparticipant.
Lapupillométries’estdéveloppéeparallèlement.HESSetPOLT
présentaient des images àdes participants pour regarder les
variations de leurs pupilles. Ils se sont rendus compteque la
dilatationdespupilles reflétaituneexcitation,un intérêtouencore
une augmentation de la charge cognitive (exemple difficulté
d’unemultiplication).
Dans le domaine de l’autisme, ces techniques non invasives
sontmaintenantutiliséesafind’améliorer lesstratégiesdiagnos-
tiqueset thérapeutiquesgrâceàunemeilleurecompréhension
desmécanismes physiopathologiques et psychologiques qui
sous-tendent les symptômes observés. Malgré leur intérêt et
l’utilisationcroissantedeces techniques, ellesdemeurent extrê-
mement complexeset reposent encoremajoritairement surune
expertisequiestdéveloppée localementetencorepeupartagée.
Plusieurs équipes françaises, sous l’impulsion des équipes
de Tours (UMR InsermU930, équipe autisme) et d’Amiens
(UniversitédePicardieJulesVerne), sesont regroupéesenun
réseau informel.Plusieurs rencontresdece«Clubeye-tracking
et autisme»ont eu lieuàTourset àPariset leschercheursde la
dizained’équipesprésentes,dontdenombreuxmembresde la
SociétédesNeurosciences,ontcommencéà travaillerensemble,
dansunclimatdeconvivialité, sur lesdifférentseye-trackersdes
équipes,ontmisaupointdesprotocolescommunsetontdiscuté
de leursdifficultésd’harmonisationdesméthodesdemesures
et d’analyse. Par ailleurs, uneplateformede travail collaboratif
(partaged’outilsméthodologiques, forumdediscussion…) a
étémiseenplace.
Lesobjectifsdececlubscientifiqueaffiliéà lasociétédesneu-
rosciences sont de :
-créerun réseaunational dechercheurs travaillant surautisme
et traquageoculaire ;
- créer un lieud’échanges et d’harmonisationdes différentes
pratiques scientifiques en lien avec ces technologies (types
dematériel,méthodesde recueil dedonnées, natureetqualité
des préceptes utilisés, finesse d’analyse de variables, mise
en place de guides pratiques pour utiliser l’oculométrie et la
pupillométrie…) ;
-mettre enplacedes protocoles communs dans le cadrede
collaborationsnationalessur le thèmede l’autisme (dépistage,
intervention, fonctionnement atypique...) ;
- bénéficier d’une visibilité nationale et internationale (organi-
sationde colloque sur le thème autisme et traquage oculaire,
interventionsdansdescolloques internationaux, recherchede
financements).
1
Insermu930,Tours
2
UniversitédeRouen
Patterncycliqued’explorationvisuelledevisages(ici“Girl from
theVolga”),sans instructionspendant3min(Yarbus ,1967).
LesmembresduClubseréuniront
le 23mai 2016 à Tours dans le
cadredes
2
e
Journées thématiques
de laSociétédesNeurosciences
qui
auront lieuàTours les24et25mai
2016sur le thème«Neuro-plasti-
citécérébrale».
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