La Lettre 50 - page 14

La lettre
n°50
ossier
négativesassociéesà laprésentationd’unenouvelleodeur ;
parcontre, une fois l’odeurmémorisée, l’activationorthona-
sale suffit à sa reconnaissance
(9)
.
Dans le contexte néonatal, à la fois social et alimentaire,
l’olfaction intervientdans l’orientationdu jeunevers lecorps
maternel et la localisation-priseenbouchedes tétines.Chez
le lapereau, laphéromonemammaireémisepar toute femelle
allaitante,etdéclencheuseducomportementorocéphalique
de recherche-saisie oraledes tétines (figure 1A), active le
SOPetdesstructuresnotamment liéesà l’homéostasieet la
soif
(10)
; leSOPestaussi sollicitépar lesodeurscommunes
apprisesparassociationavec laphéromone,et il contribueau
traitement synthétiquedecertainsmélangesd’odorants
(11)
.
3)SOA : lesystèmeolfactif accessoire
LeSOA comprend une zonedétectrice, l’organe voméro-
nasal (VNO), tubulaire et prolongeant le septum, dont les
récepteursprojettent vers lebulbeolfactif accessoirepuis
différenteszonescentrales (figure2).Sondegrédedévelop-
pement varie selon lesespèces (il est parfoisenplacedès
lavieembryonnaire).Son fonctionnement chez l’Hommeest
contesté. Chez lesautresespèces, commedéjàévoqué, il
paraît souvent,maisnonexclusivement, liéauxphéromones.
Parexemple, unmélangede4-méthylpentanal etd’hexanal,
libérépar un rat, alarme les congénères receveurs (figure
1B), sous réservedu traitement simultanépar leSOA-SOP
(et de l’activationdunoyaudu lit de la strie terminale)
(12)
.
Lesphéromonessexuellesattirent lespartenaireset/ousti-
mulent la copulation. Toutes sont généralement perçues
aprèscontactdumâleavec l’urineet/ou lesfluidesvaginaux
de femelles, oude la femelleavec lesfluides réciproquesou
la salivedemâles,
via
l’expressionde comportements tels
que le«flehmen».Décritchez les ruminants,équidés, félins,
tapirs et certainsmarsupiaux (kangourous, wombats), ce
dernierconsisteen l’intégrationbuccaledusubstrat attrac-
tif et son application linguale sur l’ouverture palatine du
VNO, alorsque lemâle redresse la têteet rétracte sa lèvre
supérieure (figure3). Leséléphantsd’Asie, eux, utilisent leur
trompepour stimuler l’entréeduVNO avec l’urine femelle,
qui contientunephéromone (Z-7-dodécenyl-acétate ; figure.
1C) déclenchant lamonteet l’accouplement
(13)
.
Parmi les phéromonesmodificatrices, aux conséquences
indirectes sur le comportement
via
le système endocrine,
les phéromones sexuelles urinaires de souris présentent
quatreeffetsprincipaux
(14)
: l’effet Lee-Boot - suppression
d’œstrus chez les femelles hébergées entre elles - lié à la
perceptiondumélangevolatil 2-heptanone, trans-5-hepten-
2-one, trans-4-hepten-2-one,pentyl acétate, cis-2-penten-1-
yl acétate et 2,5-diméthylpyrazine; les effets Vandenbergh
- accélération de la puberté - et Whitten (effet «mâle»)
- induction et synchronisationd’œstrus - chez les femelles
enprésenced’odeursmâles, impliquantdescomposés tels
que l’
a
et
b
-farnesense, le2 sec-butyl-4,5-dihydrothiazole,
la2,3-déhydro-exo-brévicomineet l’estradiol ; l’effet Bruce
- interruptionde lagestationaprèsperceptiond’uneodeur
demâle inconnu - impliquant l’estradiol.LeseffetsLee-Boot,
Vandenbergh et Bruce sont médiés par leSOA alors que
l’effetWhittendépendduSOP. Chez labrebis et lachèvre,
c’est également leSOPqui est impliquédans l’effet mâle,
alors que chez l’opossum c’est le SOA. Moins étudié est
l’«effet femelle», liéàunemodificationde l’état hormonal et
de l’attirancedumâle,aprèsperceptiond’odeursémisespar
les femelles réceptives.Observéchezcertainsmammifères
placentaires (ruminants,marsupiaux) et suspectéchez les
monotrèmes (échidnés), sadépendanceduSOPouduSOA
resteàdéfinir clairement.
LeVNO contribue également au traitement decertains si-
gnauxchimiquessociaux,nonphéromonaux, liésparexemple
à l’apaisement chez lehamster doré
(15)
et à laperception
d’odeurscommunes (odorantssimplesoumélanges).
Pourconclure, signalonsquecertainssous-systèmes, com-
plémentairesduSOPet SOA, constitueraient aussi desdé-
tecteurs d’odeurs et/ouphéromones, mais leur rôle exact
demeure à établir. C’est le cas de l’organe septal, présent
à labaseduseptumnasal et séparéde l’épithéliumolfactif
principal,décritchezplusieursespècesplacentairesetmar-
supiales, etdugangliondeGrueneberg,prochede l’entrée
de lacaviténasalemaisséparéduSOP,décritchez lasouris.
R
éférences
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Figure3
-Cheval exprimant lecomportementdeflehmen (©LéaBriard).
1...,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13 15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,...41
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