La Lettre 50 - page 13

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Le SOP paraît intervenir de
façonprimordialedans la recon-
naissancesocialeet ladétectionde
nourriture : les rongeurs, par exemple, discriminent congé-
nères familiers et non familiers
via
le traitement d’indices
olfactifs par leSOP
(5)
. Cettediscriminationpeut s’opérer
sur labasedesseulesodeurs individuellescontenuesdans
la litièreou l’urine ; l’identitéolfactiveexpriméedans l’urine
implique le complexemajeur d’histocompatibilité et des
protéinesurinaires. Notonsque, chez la truie, leSOP inter-
vient dans la détection d’une phéromone sexuelle émise
par leverrat, l’androsténone,déclencheused’uneattraction
et immobilisationde la femelle favorable à lamonte
(6, 7)
.
LeSOPparaît également essentiel à lamise enplacedu
comportement maternel : chez labrebis, le liquide amnio-
tique,généralement répulsif,devient attractif à laparturition
(en lienavec la libération intracérébraled’ocytocine)etper-
met le rapprochementavec l’agneau.LeSOPparticipeaussi
à la reconnaissancede ladescendance : chez labrebis,
cette reconnaissance, établiedans les premières heures
postnatales, conduit à l’acceptationexclusivedunouveau-
néà l’allaitement (rejetd’agneauxétrangers).Elledisparaît
aprèsdestruction réversiblede l’épithéliumolfactif,blocage
de neuromodulateurs dubulbe olfactif principal (noradré-
naline, acétylcholine), ou inactivationdecertainesairesde
projectionsolfactivesamygdaliennes
(8)
.
Lesodeursalimentairescommenonalimentaires, inhalées
dans l’air, atteignent les récepteursolfactifs
via
lavoieortho-
nasale. Enbouche, lesodeursalimentaires stimulent aussi
l’épithéliumduSOPvia lavoie rétronasale. Le rôle respectif
decesdeuxvoiesdans lecontextealimentaire reste toutefois
àéclaircir.Néanmoins, chez le rongeur, l’activation rétrona-
sale est déterminantepourmémoriser les conséquences
peut percevoir un ou plusieurs composés
signifiants parmi d’autres qui ne le sont pas ;
saperception est alors analytique.
A contrario
,
il peut percevoir lemélange comme un tout indivi-
sible, uneconfiguration,dont laqualitédiffèredecelles
des constituants ; saperceptionest alors synthétique (par
exemple, l’odeur de café est engendrée, chez l’Homme,
par unecombinaisondemoléculesqui, seules, n’évoquent
pas du tout cette odeur). Cesmodes de traitement, décu-
plant lespossibilitésperceptivesd’unorganisme,paraissent
fonctionnelsdès leplus jeuneâge. Il aeneffet étémontré,
chez le lapin, que le nouveau-né présente pour certains
mélangesunemémoirepropreauxélémentsdistincted’une
autrepropreà laconfiguration ; cesdeuxmémoiresentrant
encompétition
(4)
.
Quoi qu’il en soit, les signaux odorants constituent uneclé
essentielle au comportement et à l’adaptation des orga-
nismes vivants, dont ceux des trois infra-classes demam-
mifères (placentaires,marsupiauxetmonotrèmes).
2)SOP : lesystèmeolfactif principal
LeSOPest constituéde lamuqueuse (épithélium)olfactive,
tapissant les fosses nasales et porteusede récepteurs (la
variabilité de sélectivité des récepteurs olfactifs, plus ou
moins importanteselon lanaturedu ligand -odorant simple
ouphéromonal - et du système - SOP ouSOA -, reste une
interrogation ; pour des détails sur le fonctionnement des
récepteurs, voir l’articledeR. Salesse et G. Sanz dans ce
dossier).Cesderniersprojettent sur lebulbeolfactif princi-
pal, premier relais cérébral, qui à son tour projette sur des
structuresolfactives (cortexpiriforme), limbiques (amygdale)
et parahippocampiques (cortex entorhinal enparticulier).
L’olfaction, via leSOP, représente ainsi unemodalité sen-
sorielleuniquepermettant endeux synapsesde joindre la
périphérieaux structures intégratives (figure. 2).
Figure2 -
Illustrationdesdeux
systèmesolfactifs fonctionnelschez
lesmammifères, activéspardes
odeurscommunesetdesphéromones.
Le systèmeolfactifprincipal (en
rouge)détecte les signauxvia la
muqueuseolfactive (MO)avant
relaispar lebulbeolfactif (BO)puis,
notamment, la tenia tecta (TT), le
noyauolfactifantérieur (NOA), le
tuberculeolfactif (TO), lenoyau
du tractusolfactif latéral (NTOL),
l’amygdale latérale (AmygL), le
cortexpiriforme (CP) et lecortex
entorhinal (CEnt).Le système
accessoire (envert)détecte les
signauxvia l’organevoméronasal
(VNO), avant relaisauniveaudu
bulbeolfactifaccessoire (BOA)puis,
notamment,dunoyaudu litde lastrie
terminale (NLST), du tractusolfactif
accessoire (TOA) etde l’amygdale
médiane (AmygM).Certaines
projectionscomplémentairesexistent
parailleurs, commecelles (en
pointillésbleus)ducortexpiriforme
vers l’hypothalamus (Hypo) et le
thalamus (Thal), de l’amygdale
latéraleetmédianevers l’Hypo, et
duCEntvers l’hippocampe (Hipp)
(adaptédeCanavanetal. 2011).
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