La Lettre 50 - page 9

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traient pourtant pas très sélectifs. Si l’un d’eux répon-
dait mieux que d’autres à une basse concentration de
triméthylamine
, cela ne l’empêchait pas de s’activer aussi
pouruneconcentrationplus fortede
xylol
,
d’acétone
,d’acé-
tate
d’éthyle
ou
d’huiled’Eucalyptus
.
Comme les travauxultérieurs l’ontconfirmé,chaqueneurone
bulbaire transmet une informationambiguësur lanaturedu
stimulus
.En revanche, si l’onconsidèreunpetitensemblede
neurones, l’ambiguïtédisparaîtcarchaqueodorantactiveun
sous-ensemblequi lui est spécifique.L’odeurest représentée
par la population des neurones et non par des neurones
individuels.Lamêmeconclusionsera tiréequelquesannées
plus tardde l’étudedes neurorécepteurs de lamuqueuse
olfactive.
Ceque lenezdit aucerveau…
C’est audébut des années 1960qu’apparaissent les pre-
miers enregistrements de l’activité des neurorécepteurs
devertébrés.Grâceàunperfectionnement desélectrodes
d’enregistrement, Robert C. Gesteland (Gesteland et al
1965), qui travaillait au
Massachusetts Institute of Techno-
log
y,parvint àcapter lespotentielsd’actionémis individuel-
lement par les petites cellules de l’épithélium olfactif de la
grenouille (figure. 4). Lapetite tailledes cellules olfactives
rendaitproblématique le recueilde l’activitéélectriqueà l’aide
demicroélectrodesconventionnelles.Gesteland inventaun
typed’électrodemétalliquedont lapointeétait spécialement
préparéepar undépôt deplatinepour capter les signaux
émanant despetitsneuronesolfactifs.
Laplupartdesneurorécepteursétudiésmontraientde l’acti-
vitéspontanée,maisde faible fréquence.Quandunebouf-
longtemps établie. Il fallut pourtant attendreunequinzaine
d’années pour que laméthode électrophysiologique soit
appliquéeà l’épithélium sensoriel.
Uneonde lente,monophasique, négative…
DavidOttoson,qui travaillait àStockholm,publiaen1956 la
découverted’une variation lente, monophasique, négative
depotentiel électriquequ’une électrode large, posée sur
lamuqueuse olfactive, pouvait recueillir pendant la stimu-
lationde l’organeolfactif par desodorants. Il nommacette
réponse
électro-olfactogramm
e (EOG)
et l’interprétacomme
lasommedesdépolarisationsélectriquescellulaires— les
potentiels récepteurs
— consécutives à l’actiondesmolé-
culesodorantessur lescellulesolfactives. Enregistrésur la
muqueuseolfactivedegrenouille, lesignal étaitdedécours
simple, d’amplitude élevée (plusieursmillivolts), très facile
àobtenir,parfaitement reproductible, et il avait étésoigneu-
sement analyséparOttoson. Les chercheurs allaient donc
disposerd’un témoinphysiologiqueprécieuxde l’actiondes
odeurs sur lesneurorécepteurs.
Lesmessagesdesneuronesdubulbeolfactif
Plusieurs années avant la découverte de l’EOG, l’un des
pionniersde l’étudedes systèmes sensoriels, LordAdrian,
avait réalisé lespremiersenregistrementsde l’activitéélec-
triquedeneuronesolfactifs. Il nes’agissait pasencoredes
neurones récepteursmaisdeneuronesdeplusgrande taille,
plus accessibles à l’enregistrement électrophysiologique,
lescellulesmitrales.
Il s’avéra rapidement que les neurones du bulbe olfactif
opéraient une discrimination des odeurs. Ils ne semon-
Figure4 -
Méthoded’enregistrement électriquedesréponsesdescellulesréceptrices.
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