La Lettre 50 - page 4

La lettre
Histoiredes recherches sur l’odorat
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pAR André Holley
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Lepassédes recherches sur l’olfactionvoit s’entremêlerplusieurshistoiresdans lesquellesondécouvre
l’influencedesautres recherches sensorielleset singulièrementdecelledumodèleprédominant, lemodèle
visuel.Nousévoquerons lesacquisitionsanatomiques, les travauxdepsychologieet leurs liensavec la
connaissancechimiquedesodorants, ladécouvertedes signauxélectriquesqui inaugure l’étapephysiologique
et, finalement, la soudainepercéede labiologie
moléculairedes récepteurs.
istoiredesNeurosciences
Ladécouvertedescellules réceptricesdesodorants
H.P.Zippel (1993)nousapprendqu’aumilieuduXIX
e
siècle,
M. Schultze distingua, dans une zone de lamuqueuse
olfactive, plusieurs catégories de cellules qu’il décrivit en
détail. Certaines de ces cellules émettent vers la surface
un prolongement qui porte des cils si fins que Schult-
ze ne put les identifier avec certitude que chez les gre-
nouilles et les oiseaux. Dix ans plus tard, W. Krause puis
A. vonBrunndécouvrent
ces cellules réceptrices
chez
l’homme.Deuxautrescatégoriesdecellules les
accompagnent, des
cellules de soutien
non ciliées et des
cellules basales
(figure 1). Avant l’apparition de la
microscopie électronique, il n’y eut
rien à ajouter pendant plusieurs
années à ladescriptiondeSchultze,
sinon la découverte, en 1926, que les
cils baignaient dans unemince couche
de mucus. Schultze soupçonnait que
les cellules ciliées devaient être en
continuité avec les filets du nerf
olfactif mais ces filets étaient si
finsqu’il fallutplusieursdécennies
pour admettreque le nerf olfactif
a son originedans les cellules de
Schultze et gagne lebulbe olfactif sans
faire relais dans des ganglions que certains
croyaient distinguer entre lamuqueuse et
lebulbe.
LescellulesdeSchultzesontdesneurones
assezsimplessi l’onmet àpart la touffede
cils qui orne l’extrémitéde leur uniquedendrite. On s’inté-
ressaà l’appareil ciliaire, composéde9pairesdefibresou
tubules, dès l’introductionde lamicroscopie électronique
àbalayage.Cependant, lesobservationsseconcentrèrent
surtout sur les particules intramembranaires parmi les-
n°50
(1)
Ce texteestuneversionraccourcieetadaptéeduchapitresur l’histoirescientifiquede l’odoratde l’ouvraged’AndréHolley,L’
Élogede
l’odorat
, paruchezOdileJacoben 1999.
(2)
AndréHolley est professeur éméritedeneurosciencesà l’UniversitéClaudeBernarddeLyon et anciendirecteurdu laboratoirede
recherches sur l’olfactionde l’UniversitédeLyon, anciendirecteurduGroupement de recherche«Parfums etCosmétiques»CNRS-
Industriesdescosmétiquesetde laparfumerie(1997-2000),directeurduprogramme interdisciplinairederecherche«Cognisciences»
duCNRS (1990-1994) etanciendirecteurduCentreeuropéendes sciencesdugoûtdeDijon.
Figure
1
-
L’épithélium olfactif
. Zone superficiellede lamuqueuse olfactive, l’épithélium contient les
neurones récepteurs, lescellulesdesoutienet lescellulesbasales. Plusprofonde, lasous-muqueuse
renfermedesglandesàmucus (glandesdeBowman), les faisceauxd’axonessensorielsetdesvaisseaux
sanguins.
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