La Lettre 50 - page 24

La lettre
n°50
ossier
•LeComportementmaternel
Les odeurs jouent un rôledans lamise enplacedu com-
portementmaternel àplusd’un titre. Endehorsde lamise-
bas lesodeurs infantiles inhibent lecomportementdesoins
aux jeunes, les femelles trouvant ces odeurs aversives.
Aumoment de lamise-bas on assiste, chez plusieurs es-
pècesycompris l’espècehumaine, àunchangement com-
pletdecomportement vis-à-visdecesodeursqui confèrent
alorsau jeuneunpouvoir attractant puissant indispensable
à l’initiationdu contact mère-jeune. Chez labrebis, l’élimi-
nationdu liquide amniotiquequi recouvre le jeune conduit
à un déficit du comportement maternel. Chez le rat, une
molécule, lepropionatededodécyl, aété identifiéecomme
régulateurdu léchagede la régionano-génitaledes jeunes,
comportement essentiel à la stimulationde lamiction et la
défécation.Cettemolécule, sécrétéepar lesglandesprépu-
tiales, servirait également àdiscriminer legenredes ratons.
Inversement, lamèreest susceptibled’émettredesodeurs
indispensables à la recherchede lamamelle. C’est le cas
de laphéromonemammairedu lapin (2-methylbut-2-enal),
présenteen forteconcentrationdans le laitpendant lespre-
miers joursde lactation.
Mais les odeurs peuvent avoir une autre fonction chez les
espèces qui établissent une reconnaissance individuelle
avec leur jeunecomme laplupartdesongulés.Chez labre-
bis, l’acceptationà l’allaitement semet enplaceàpartir de
l’apprentissagede l’odeur individuelledu jeunedans les 4
premières heures post-partum. Bienque la naturede ces
odeurssoit inconnue, elleest la résultanted’une régulation
génétiqueetenvironnementale.Laparticipationd’une régula-
tiongénétiqueaétémiseenévidencepar l’étudede la recon-
naissancede jumeaux.Si undes jumeauxmonozygotesest
séparéà lanaissance, ultérieurement il seramieuxaccepté
par samèrequ’unagneauétranger, cequi n’est pas lecas
pour des jumeauxdizygotes. Ainsi, lamèredétecterait une
ressemblanceolfactiveentre le jumeaumonozygoteséparé
etceluiqui est restéencontactavecelle.L’influenceenviron-
nementalesur lesodeurs infantilesest illustréepar l’exemple
de lasourisépineuse : lamèrevaplus rapidement ramener
au niddes souriceaux provenant d’unemère nourrie avec
lemême régimequedessouriceauxprovenant d’unemère
nourrie avec un régime différent. Dans notre espèce, les
mères sont très sensibles aux caractéristiques olfactives
de leursenfantset leurscompétencesdiscriminativessont
remarquables, puisqu’uncontactmère-enfant d’unedurée
de1à6heuresest suffisantpour reconnaître l’odeurde leur
bébé.Cetapprentissage rapidepourraitêtre laconséquence
desimilaritésentre l’odeurde l’enfantetcellede lamèredue
enpartiepar unpatrimoinegénétiquecommun.
2. Lesmécanismesneurobiologiques
•LaReconnaissancedu congénère
La vasopressine (AVP) et l’ocytocine (OT), neuropeptides
synthétiséspar l’hypothalamussontdes régulateursmajeurs
de la reconnaissanceolfactiveducongénère.Chez le rat,des
neurones àAVPont étémis enévidenceau seinmêmedu
BOet l’infusiond’antagonistesdes récepteursV1aoud’ARN
interférents,dans leBO,bloquecette reconnaissancesociale
(5)
. Des injections d’AVPdirectement dans leBO facilitent
la rétentiondecette reconnaissance. Leseptumdorsolaté-
ral, richeen récepteurs V1a, est également une régionclé
pour l’actionde l’AVP. L’OTpossède lesmêmes propriétés
facilitatricesque l’AVPquandelleest infuséedans leBO.
•LeComportement sexuel
Chez lasouris, lesystèmeolfactif principal est sollicitédans
la phase d’attraction vis-à-vis des odeurs du partenaire
sexuel
(6)
. Par ailleurs, des composées urinaires
volatiles, comme leMTMT, induisentdes réponses
électrophysiologiquesduBOprincipal et induisent
despatronsd’activationglomérulairesspécifiques
(7)
. Le système olfactif principal est également
responsablede laperceptionde l’androsténone,
moléculecontenuedans lasaliveduverratqui attire
la truie. Aucontraire, chez le rat, c’est la lésiondu
systèmeolfactif secondairequiperturbe l’attraction
olfactivepour l’autre sexe
(8)
.
Lesystèmeolfactif principal ousecondaireestéga-
lement impliquédans laphasecomportementale
conduisant à lacopulation.Chez lemâle la lésion
dusystèmeolfactif secondaire induitd’importants
déficitschez les lémuriensou lehamster.Danscette
espèce, l’effet comportemental de l’aphrodisine
estdûà l’activationdusystèmeolfactif accessoire.
Au contraire, chez la souris, la lésion chimique
de lamuqueuse olfactive abolit l’expression du
comportement sexuelmâle. L’expériencesexuelle
permetdecompenser laperted’unsystèmeolfactif.
Chez lehamstermâle sexuellement expérimenté,
cen’est que la lésiondes2 systèmesolfactifsqui
photoFLévy- INRA
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