La Lettre 50 - page 25

25
supprime lecomportementdecopulation.Chez la femelle, le
comportementde lordoseest aboli par la lésiondusystème
olfactif secondaire chez de nombreuses espèces comme
la rate, la souris, lehamster et lecampagnol.
Le réseau neuronal qui traite les signaux olfactifs respon-
sables du comportement sexuel mâle fait essentiellement
intervenir lenoyaumédiande l’amygdaleet l’airepréoptique
médiane. La lésiond’unedecesdeuxstructuresélimine la
préférencepour lesodeursvolatiles femelleschez lehamster
mâle. De plus, elle désorganise le comportement sexuel
mâle chez le hamster, le rat ou lagerbille. Chez le campa-
gnol monogame, la préférence pour le partenaire sexuel
dépendde l’intégritédu systèmeolfactif secondaireet fait
également intervenir lenoyauaccumbens. Leblocagedes
récepteursdopaminergiqueset ocytocinergiquespar l’infu-
siond’unantagonistedanscenoyauempêche la formation
de lapréférencepour lemâlegéniteur.
•LeComportementmaternel
Le circuit neuronal responsabledu traitement des odeurs
infantiles aétéparticulièrement détailléchez labrebis lors
de l’apprentissagede l’odeurdu jeune. Laparturition induit
desmodificationsélectrophysiologiqueset neurochimiques
au seinduBO indispensables à lamise enplacede cette
mémoireolfactive
(9)
.Parexemple, si onbloque l’activation
du système noradrénergiquequi a lieu à laparturition, la
reconnaissancede l’agneau familier est fortement pertur-
bée. Par ailleurs, un véritablecodagede l’identitéolfactive
du jeune s’opère dans leBO : certaines cellulesmitrales
répondent préférentiellement à l’odeur de l’agneau familier
dans les24haprès lamise-bas. Lesnoyauxde l’amygdale,
recevant les informations olfactives, font partiedu réseau
neuronal sous-tendant lamémorisationolfactivedu jeune :
lesmères dont les noyauxmédians ou corticaux ont été
inactivésnesont plussélectives.Deplus, lesystèmecholi-
nergiquedu télencéphalebasal participeà la formationde
cettemémoireolfactive.
Conclusion
Bien que ce court article souligne la prépondérance de
l’olfactiondans lescomportementssociaux, il ne faut toute-
foispasperdredevueque la reconnaissancedupartenaire
fait intervenir d’autresmodalités sensorielles, l’ouïe, la vue
ou le toucher. Lamémorisationde l’ensembledeces infor-
mations sensorielles et leurs interactions participent à la
représentationplurisensorielleducongénère.Unemeilleure
compréhension de ces phénomènes complexes offre de
bellesperspectivesde recherche.
R
éférences
(1) Leinders-Zufall, T., et al. (2004) Science306:1033-1037.
(2)Hurst, J. L., et al. (2001)Nature414:631-634.
(3) Lin,D. Y., et al. (2005)Nature434:470-477.
(4) Singer, A.G., et al. (1986) JBiol Chem261:13323-13326.
(5) Tobin, V. A., et al. (2010)Nature464:413-417.
(6)Keller,M., et al. (2010) VitamHorm83:331-350.
(7)Martel, K. L. etM. J. Baum (2007) Eur JNeurosci 26:463-475.
(8)Romero, P. R., et al. (1990) Physiol Behav47:685-690.
(9) Lévy, F. etM. Keller (2009)BehavBrainRes200:336-345.
Olfactionetnutrition : undialogueserré
Christine Baly et Marie-Christine Lacroix
(NBO, INRA, Jouy-en-Josas)
Introduction
Intuitivement, il est connu de tous que la perception des
odeurs dépenddu statut nutritionnel et peut participer à
orienternospréférencesalimentaires.Durant cettedernière
décennie,différents travauxontdécrit unemodulationde la
détectiondesodeurs, en lienaveccestatut,dès leur récep-
tion par les neurones sensoriels (OSNs) de lamuqueuse
olfactive, ainsi qu’aupremierniveaudecodagedesodeurs,
lebulbe olfactif, ceci bien avant le transfert vers les voies
corticales supérieures et le système limbique. Ces travaux
suggèrentégalementquedes troublesde lasensibilitéolfac-
tivepourraient initier ouparticiper aux dérégulations de la
prise alimentaire observées dans certaines pathologies,
comme l’obésité.
Olfactionet prisealimentairesont liées
Lecomportement alimentaire, comprenant la recherchede
nourritureet saconsommation jusqu’àsatiété, estprincipa-
lement contrôlépar les signauxmétaboliques internes de
labalance énergétique, à savoir la fluctuationde certains
nutriments, comme leglucose, oud’hormones circulantes
et deneuropeptidesditsanorexigènes (insuline, la leptine)
ouorexigènes (neuropeptideY, orexines). Cependant, des
entrées sensorielles externes, comme la vue, le goût ou
l’olfaction, sont susceptibles d’interférer avec les signaux
métaboliques, enmodifiant lapalatabilitédes aliments, et
peuvent doncmoduler leur consommation
(1)
. L’olfaction
est particulièrement importante dans le déclenchement
et le déroulement du repas, en participant aux différents
changements physiologiques regroupés sous le termede
«phase céphalique» préprandiale décrits par Pavlov au
début du XX
e
, mais également au développement d’une
satiétéolfactive spécifiquequi s’installeau fur et àmesure
de la consommation d’un aliment. Les bouleversements
neuroendocriniens liés à la prise alimentaire influencent
également la relationà l’aliment.
État desatiétéet plasticitéde la fonctionolfactive
Expérimentéepar chacund’entre nous, laperceptiondes
odeursestmoduléepar l’étatdesatiété. L’identificationdes
réseaux neuronaux du cerveau impliqués dans cette inter
actiona fait l’objet denombreusesétudeschez l’hommeet
chez l’animal
(1)
.Différentesapprochescomportementales
mesurant leseuil dedétection, ladiscrimination, l’identifica-
tiond’uneodeurou leplaisirqu’elleprocureconcluentmajo-
ritairement àuneaugmentationde lasensibilitéolfactiveen
étatde jeûneaiguet/oude restrictionalimentairechronique
chez l’homme,mêmesi cet effet peut être variable selon la
naturede l’odeur, lestatutpondéral oud’autresélémentsplus
subjectifs tel l’état psychologiquede l’individu
(2)
.
1...,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24 26,27,28,29,30,31,32,33,34,35,...41
Powered by FlippingBook