La Lettre 50 - page 27

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Certainseffetsdu jeûnesontégalementobservéschez l’ani-
mal et ont fait l’objet d’études récentes. Ellesmontrent que
différents facteurssignant l’étatnutritionnel et/oumétabolique
de l’individu,dont lesniveauxsont fortement affectéspar le
jeûne, agissent directement sur lescomportements induits
par l’introductiond’uneodeurdans l’environnement. L’injec-
tion systémique ou intracérébroventriculaire de facteurs
orexigène (orexine, ghréline) améliore les performances
olfactives, alors que les hormones anorexigènes (leptine,
insuline) lesdiminuent
(2)
. Le systèmeendocannabinoïde,
activé en situationde jeûne, contrôle également un circuit
quimet en relationbulbeet cortexolfactif pour renforcer les
performancesolfactiveset favoriser laprisealimentaire (3).
Comment agissent cesmolécules ? Les récepteurs de la
plupartdeceshormones/ neuropeptidesmétaboliquessont
exprimésdans lamuqueuseolfactive, siègede la réception
desodeurs, etdans lebulbeolfactif,premier relaisnerveux
d’intégrationdumessageolfactif (
(2, 4)
pour revue). Ilssont
localisés sur différents types cellulaires, dont lesOSNs, et
l’expressiondecertainsd’entreeuxest augmentéeensitua-
tionde jeûne, cequi conforte l’hypothèsed’une influencede
l’état nutritionnel sur la fonctionolfactivepériphérique.Chez
l’hommeparexemple, l’infusion intranasaled’insuline réduit
la sensibilitéolfactive, cequi suggèreune influence locale
decesmoléculessur lesystèmeolfactif.Dans lacontinuité
des observations comportementales, il a étémontré que
plusieurs facteursmétaboliquesmodifient l’activité élec-
triquedesOSNs. Enprésenced’uneodeur, l’amplitudedu
signal électriqueest augmentéepar les facteursorexigènes
et diminuéepar les facteurs anorexigènes (cf illustration).
Dans lebulbe, l’activitédesneuronesdescouchesmitrales
ouglomérulaires est également moduléepar le jeûne, les
facteurs orexigènes et anorexigènes
(2)
et les variations
du taux de glucose circulant
(5)
. Cependant, différentes
étudesmettent en évidence une variabilité de réponses
aux facteursmétaboliques des cellulesmitrales dubulbe
suggérantunehétérogénéitédecespopulationsneuronales
pour leur sensibilité
(6, 7)
.
L’ensembledecesneuromodulationsdécritesdans lamu-
queuseet lebulbeolfactifs,estdoncsusceptibled’influencer
la représentation spatio-temporelledes odeurs avant leur
traitement cortical.
De plus, de par leurs rôles souvent pléïotropes, les hor-
monesmétaboliques joueraient un rôledans la survieet le
renouvellement neuronal de lamuqueuseàplus long terme.
Ainsi, l’insulineet la leptineau traversde leureffet stimulant
sur l’activité spontanée desOSNs pourraient activer leur
renouvellement et renforcer leursconnectionsavec lebulbe.
L’insulineseraitégalement impliquéedans le renouvellement
de lamuqueusecomme facteur anti-apoptotique
(8)
.
Demême, il est clairement établi qu’hormones et peptides
métaboliques interviennentàdifférentsniveauxde réception
A
:
dispositifpourélectro-olfactogramme (EOG)permettant l’enregistrement surmuqueuseolfactivedupotentiel dechamp
résultantde l’activationdesneuronesolfactifs (OSNs) consécutiveà l’applicationd’unemoléculeodorante.
B
:
représentation simplifiéede la structurede lamuqueuseolfactive.Lescellulesbasales (BC) sedifférencient encellulesde
soutien (SUS)ouenneuronesolfactifs immatures (iOSN), puisenneuronesolfactifsmatures (OSN).LesglandesdeBowmann
(BG) sécrètent lemucusolfactif.La localisationdesrécepteursmembranairesdespeptidesorexigènes (orexine,OXR ;
neuropeptideY,NPY) ethormonesanorexigènes (leptine,Ob-R; insuline, IR) est indiquée.
CetD
:
l’amplitudede laréponseEOGàunemoléculeodoranteestdiminuéepar l’applicationde facteursanorexigènes (insuline :
Lacroixetal., 2008; leptine :Savigneretal., 2009) etaugmentéeaprès l’applicationde facteursorexigènes (NPY :Négroni et
al., 2012;Orexine :Congar,Meunieretal., communicationpersonnelle).
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