La Lettre 44 - page 21

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Les troubles du sommeil
Imad Ghorayeb
(Institut des Maladies Neurodégé-
nératives, Université Bordeaux Segalen, CNRS UMR 5293
)
Le sommeil est une fonction physiologique qui occupe envi-
ron le tiers de notre existence. Fonction fondamentale, vitale,
rythmique et adaptative, le sommeil est indispensable à
l’organisme tant au plan physique que cognitif. Sa perturba-
tion n’est donc pas sans conséquences sur le fonctionnement
et l’homéostasie de notre organisme.
Les troubles du sommeil
Plusieurs facteurs peuvent intervenir pour perturber de
manière aiguë ou chronique l’installation, le déroulement,
la continuité ou la durée du sommeil.
La Classification Internationale des Troubles du Sommeil pro-
pose ainsi 6 grandes catégories de troubles du sommeil
(1)
:
1. Les insomnies
2. Les troubles respiratoires au cours du sommeil
3. Les hypersomnies d’origine centrale
4. Les troubles du rythme circadien
5. Les parasomnies,
6. Les troubles du mouvement au cours du sommeil
1. Les insomnies
L’insomnie est définie comme une plainte subjective d’un
sommeil ressenti comme difficile à obtenir, insuffisant ou
non récupérateur. Elle peut se traduire par une difficulté à
initier le sommeil (insomnie d’endormissement), par des
éveils nocturnes fréquents ou de longue durée et/ou par
un réveil définitif trop précoce. Dans tous les cas, le patient
insomniaque se plaint d’un temps de sommeil insuffisant,
ou d’un sommeil de mauvaise qualité ou jugé comme non
réparateur. Il est nécessaire que cette plainte d’insomnie soit
associée à un retentissement sur le fonctionnement et les
performances de la journée : somnolence, troubles cognitifs,
troubles du comportement ou de l’humeur
(2)
.
Ainsi définie, l’insomnie peut évoluer de manière indépen-
dante ou être secondaire à des causes médicales ou à des
affections organiques (comme la douleur par exemple) ou
psychiatriques (comme la dépression). Elle peut aussi évoluer
de manière aiguë, récurrente ou chronique.
L’insomnie chronique reste le motif de consultation le plus
fréquent. Environ 25 % des adultes sont insatisfaits de leur
sommeil, 10 à 15 % rapportent des symptômes d’insomnie
avec des conséquences diurnes et 6 à 10 % présentent les
critères de l’insomnie chronique
(3
).
La prise en charge non médicamenteuse de l’insomnie chro-
nique est essentiellement basée sur la thérapie cognitivo-
comportementale. Le sevrage médicamenteux (hypnotiques)
est souvent un pré-requis indispensable pour le succès de
la prise en charge.
2. Les troubles respiratoires au cours du sommeil
Le syndrome d’apnées du sommeil touche 5 à 10 % de la
population générale et plus particulièrement le sexe mas-
culin. Provoquée par l’affaissement des voies aériennes
supérieures au cours du sommeil chez les personnes
prédisposées, l’apnée obstructive et la désaturation qui
l’accompagne se terminent par un micro-éveil qui permet
la contraction réflexe des muscles du pharynx et la libéra-
tion des voies respiratoires. La succession au cours de la
nuit de ces apnées obstructives, des désaturations et des
micro-éveils, va fragmenter le sommeil qui perd ainsi sa
fonction restauratrice. Le patient n’est pas conscient de ce
phénomène et consulte le plus souvent pour un sommeil
considéré comme non réparateur et une somnolence diurne
excessive. Le syndrome d’apnées du sommeil, en raison
des conséquences métaboliques néfastes qu’il entraîne,
est considéré comme un facteur de risque cardiovasculaire
(4)
. Le traitement est essentiellement basé sur la ventilation
mécanique à pression positive continue visant à rétablir la
perméabilité des voies respiratoires supérieures.
3. Les hypersomnies d’origine centrale
Les hypersomnies d’origine centrale regroupent 2 princi-
pales entités
(1)
:
3.1. L’hypersomnie idiopathique
Au sein de cette entité, on distingue l’hypersomnie idiopa-
thique à temps de sommeil long qui se caractérise par une
somnolence diurne excessive, un sommeil nocturne prolongé
(>10h) et un réveil laborieux, et l’hypersomnie idiopathique
sans temps de sommeil long qui elle se définit par une som-
nolence diurne isolée. La prévalence de l’hypersomnie idio-
pathique reste mal connue mais une prédisposition génétique
semble acquise. Un examen polysomnographique nocturne
suivi le lendemain par la réalisation de siestes itératives est
nécessaire pour confirmer la tendance majeure à la som-
nolence et justifier le traitement basé sur des médicaments
stimulants de la vigilance.
3.2. La narcolepsie
La narcolepsie touche 0,02 à 0,05 % de la population géné-
rale et débute le plus souvent à l’adolescence. Elle se carac-
térise par une somnolence diurne excessive et par des accès
d’endormissements irrépressibles de courte durée mais très
rafraîchissants et récupérateurs. D’autres symptômes sont
nécessaires pour porter le diagnostic, parmi lesquelles les
attaques de cataplexie qui se traduisent par un relâchement
musculaire brutal et transitoire en rapport avec une perte du
tonus musculaire souvent déclenché par une émotion forte.
Toutefois, il existe aussi des formes de narcolepsie sans
cataplexie. Les hallucinations peuvent compléter le tableau
clinique. On les qualifie d’hypnagogiques lorsqu’elles sur-
viennent à l’endormissement (transition veille-sommeil) et
d’hypnopompiques lorsqu’elles surviennent au réveil (tran-
sition sommeil-veille). Ces hallucinations correspondent à
des intrusions des épisodes de rêves alors que le sujet est
partiellement éveillé. La physiopathologie de la narcolepsie
... « le patient insomniaque se plaint d’un
temps de sommeil insuffisant » ...
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