La Lettre 53 - page 25

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tement.Ellesnesontpasnonplusenaccordavec la réalité
où les seuils proposés sont bien loindes consommations
déclaréeset il devientmaintenant courant demultiplier ces
seuils par 3 ou 4 et deparler debingedrinkers extrêmes.
Il faut noterégalementque lesbingedrinkersneconstituent
pasungroupehomogèneet nousavonsdémontréquedes
sous-groupesexistent encequi concerne les traitsdeper-
sonnalitéet le sexe
(4)
.
Importancede lavitessedeconsommation
Des recherchesutilisent unedéfinitionbienpluscomporte-
mentaledubingedrinking.Ainsi Townshend&Duka (2002)
(5)
ontproposéunscoredebingequi secalculeprincipale-
ment sur lecritèredevitessedeconsommation (nombrede
verresparheure)etquiestcomplétépar lenombred’ivresses
et lepourcentagede foisoù l’onconsomme jusqu’à l’ivresse
durant les 6derniersmois (un score>24permet de caté-
goriser les bingedrinkers à comparer au score<16 chez
les buveurs « sociaux »). D’autres chercheurs ont assorti
cettedéfinition avec le critèred’avoir été ivre une fois par
semainependant les6derniersmoisetd’avoireu l’intention
d’être ivre.Cescorepermetd’étudier lesdéterminants indi-
viduelsetenvironnementauxdubingedrinkingainsiqueses
conséquencessur lecerveauet son fonctionnement.Nous
avonsainsi récemmentmontréenutilisantcescoredansdes
populations d’étudiants que les bingedrinkers présentent
desatteintesde lasubstanceblanchequi sontcorréléesaux
atteintes cognitivesmesuréesdans une tâchedemémoire
de travail spatiale
(6)
. Lesétudesencoursconsistent àana-
lyser les atteintes de la substancegrise et d’analyser plus
particulièrement ladifférenced’effet entre les deux sexes.
Eneffet, il sembleraitque lesatteintessoientplusévidentes
chez les filles comparativement aux garçons. Cette plus
grandevulnérabilitédesfillespourrait s’expliquerpar le fait
que lamaturationcérébraleestplus rapideenmoyenned’un
désir sexuel, de la libido, de la fréquencemasturbatoire, et
de l’utilisationde lapornographieavecunantidépresseurde
la familledes inhibiteurssélectifsde la recapturede laséro-
tonine (ISRS) (Citalopram20-60mg). Des études ouvertes
et des cas rapportés avec la Fluoxétine, d’autres ISRS, la
Naltrexoneet leTopiramateontmontréune tendancedans
la réductionde la fréquencedes comportements sexuels
excessifs [pourRevue,
(3)
].
Les thérapiesmotivationnelle, cognitivo-comportementale,
decoupleontmontré leurefficacitédans lesaddictionsaux
substanceset comportementales. Lesgroupesd’auto-sup-
portcommeDépendantsAffectifsSexuelsAnonymes (DASA)
sont uncomplément thérapeutiquepossible.
Twitter :@laurentKarila
R
éférences
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LE BINGE DRINKING : UN CONCEPT CONFUS
MICKAEL NAASSILA (
INSERMERi 24GRAP, Amiens
Définitiondubingedrinking
Le
bingedrinking
est un terme largement utiliséaussi bien
par legrandpublicquepar les scientifiques, cependant il
souffrede l’absencededéfinitionprécise
(1)
. Lebingedrin-
kingest unemodalitéparticulièredeconsommationd’alcool
dans laquelle l’objectif principal est d’atteindre l’ivresse le
plus rapidementpossible.L’OMS ledéfinitcomme laconsom-
mationd’aumoins4verres (40gd’alcool) chez les femmes
et aumoins5 verres (50g) par occasionchez leshommes.
L’Institutaméricainsur l’abusd’alcool et l’alcoolisme (NIAAA),
l’adéfini en2004commeétant laconsommationd’aumoins
6 verres (60g) chez les femmeset 7 verres (70g) chez les
hommesenmoinsde2heuresetavecunealcoolémieatteinte
d’aumoins0.8g/L
(2)
. L’utilisationde ladéfinitionduNIAAA
nousapermisd’observerque lessujetsadmisauxurgences
présentent plus de consommationproblématiqued’alcool
et de séquelles liées à l ‘alcool queceux catégorisés avec
ladéfinitionde l’OMS
(3)
; suggérant ainsi que la consom-
mation rapided’alcool seraitplusdélétère (2heures
versus
uneoccasion).EnFrance, il n’existepasdedéfinitionprécise
et il estquestiond’alcoolisationponctuelle importantedans
les enquêtes nationales qui sont réalisées avec le critère
d’aumoins 6 verres (60 g) par occasion. Les définitions
actuellesne tiennentdoncpascomptede la fréquencedes
consommations et de laduréedepratiquede ce compor-
Figure1 -
Nombred’erreursdans la tâchedemémoirede
travail spatiale (versiondes8boîtes)mesurégrâceà labatterie
CANTAB. *comparativementaugroupefillesnonbingedrinkers.
(Reprinted fromJ.C. Scaife,T.Duka, (20019)Pharmacology,
BiochemistryandBehavior, 93:354–362,withpermission from
Elsevier).
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