La Lettre 53 - page 24

LA LETTRE
N°53
ossier
nairescomme l’outilPEACCE (adaptation françaiseparKarila
duquestionnairePATHOSdeCarneset al, 2012, validation
encours). Les réponses sont binairesenOui/Non :
•1. Vous trouvez-vous souvent préoccupé(e) par des
Pen-
sées sexuelles
?
• 2. Cachez-vous certains de vos comportements sexuels
à votre
Entourage
(partenaire de vie, famille, ami(e)s
proches…) ?
•3.Avez-vousdéjà recherchéde l’
Aide
pour uncomporte-
ment sexuel que vousn’appréciezpasde faire ?
•4.Est-cequequelqu’unadéjàétéheurté/blesséémotion-
nellement àcausedevotrecomportement sexuel ? (
Consé-
quence
s)
•5. Vous sentez-vousContrôlépar votredésir sexuel ?
•6.Voussentez-vous tristeaprèsêtrepasséà l’actesexuel-
lement (rapports sexuels, internet, autres) ? (
Émotions
)
Un score supérieur ouégal à3 réponsespositives évoque
uneaddiction sexuelle.
Différentes formescliniquesde l’addictionsexuelleexistent
comme lamasturbationexcessiveoucompulsive, lesactivités
sexuellesen ligne, les rapportssexuels (virtuels, réels, tarifés
ounon)avecdesadultesconsentants (virtuel ouen réel), la
séduction («drague»)compulsive, l’utilisationdu téléphone
portable à visée sexuelle, la fréquentation compulsivedes
sexclubs
(3)
. Lamasturbationet l’usaged’Internet à visée
sexuelle seraient les 2 types de comportements pouvant
particulièrement s’accompagner d’unepertede contrôle.
Unnombrecroissant d’hommes et de femmes utilise Inter-
net àdesfinssexuelles. Leshommessont plusaxéssurdu
matériel sexuellement explicite en ligne pour gratification
immédiate.Aucontraire, les femmessontplussusceptibles
d’utiliser l’Internet pour chercherdes interactionssexuelles
réellesou virtuellesavecdespartenaires
(7, 9)
.
Lesconséquencesde l’addictionsexuellesont similairesà
celles retrouvéesdans lesautres typesd’addiction. Il existe
des risquesd’infections sexuellement transmissibles liés à
des rapportssexuelsnonprotégés,des risquesdegrossesse
nondésirée.Desco-addictionsau tabac, à l’alcool ouàdes
drogues illicitessontpossibles
(3)
. Il existedespathologies
psychiatriquesassociéescommeunépisodedépressif ca-
ractérisé,d’autres troublesde l’humeur,des troublesanxieux.
Il faut rechercherdesantécédentsde troublehyperactif avec
déficitde l’attention. Il existeunplusgrand risquedegestes
etdeconduitessuicidaireschez lespersonnesdépendantes
au sexe
(10)
. Les troubles de personnalité associés sont
de type histrionique, obsessionnel, borderline, paranoïde,
passiveagressive, narcissique.
Traitements
Comme pour les autres addictions comportementales,
l’approche thérapeutique doit combiner des traitements
pharmacologiquesetpsychologiques
(7)
. Le traitementdes
comorbiditéssomatiques,addictologiquesetpsychiatriques
doit être intégrédans leprocessusde soins.
Àce jour,aucunessai cliniquecontrôlén’aétémenéchezdes
patients souffrant de troubles addictifs sexuels. Uneétude
randomiséede12semainesavaitmontréune réductiondu
ayant une hypersexualité (cortex frontal, cortex temporal,
cortex cingulaire antérieur, noyau caudé, thalamus, hypo-
thalamus, amygdale, hippocampe, noyau accumbens).
L’usage compulsif depornographie activerait des régions
cérébrales similairesàcellesactivéespar des substances
psychoactives. Trois régions (striatum ventral, Cingulum
antérieur dorsal, amygdale) sont principalement activées
lors de l’exposition àdes images excitantes, sexuellement
explicites. Une autre étuded’imagerie cérébrale amontré
uneassociationnégativeentre l’usagedepornographieet
le volumedu noyau caudégauche. Il existe une activation
duputamendroitpendant une tâchede réactivitéavecdes
stimuli pornographiques. Il existe une faible connectivité
fonctionnelledu noyau caudégauche au cortex préfrontal
dorsolatéral droit. La pornographie serait une source de
forte récompensechez les sujets vulnérables.
Les principales hypothèses étiologiques de ce trouble se-
raient, en regardde laclinique [pour revue, voir
(1)
] :
- depossiblesatteintescérébrales : atteintedu lobe frontal
en lienavec ladésinhibition, atteintedu lobe temporal pour
lesconduites sexuellesexcessives ;
- des anomalies neuropharmacologiques : diminutiondes
taux de sérotonine, augmentationdes taux dedopamine,
des taux de testostérone, atteinte de l’axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien ;
- des facteurs génétiques (commedans toutes les addic-
tions).
Les facteurs de vulnérabilité sont à la fois développemen-
taux, environnementaux, psychologiques. Un attachement
dysfonctionnel pendant l’enfance est un facteur de risque
pour l’addiction sexuelle. Un âge de début précoce des
comportementssexuels, uneplusgrande fréquenceet une
plusgrandevariabilitédeceux-ci sontdes facteursde risque
dedévelopper un troubleaddictif sexuel. D’autresauteurs
ont constatéque l’abus sexuel était liéàuncomportement
depromiscuité sexuelleouà risque.
Clinique
L’addictionsexuelleévolueselonuncycleet peut êtredéfi-
nie comme un syndrome clinique qui se caractérise par
l’expression excessive de pulsions, de fantasmes et de
comportements sexuels récurrents, intenses, et qui vont
interférer à différents niveaux dans la vie quotidienne du
sujet.Différentesproblématiquessont retrouvéeschezces
patient(e)s comme l’absencede satisfaction sexuelle, une
viesexuelledissociéede l’amour, uneabsencede relations
stables, une perte de contrôle, de temps, d’argent, une
recherchede l’expérience sexuelle ultime, une culpabilité
en rapport avecdesactivitéssexuelles, lapeurque leur vie
sexuellecachéesoitdécouverte (second life),des troubles
de laconcentration,despenséessexuellesobsédantes, un
risque social (travail, amis, mise enpéril du couple oude
leur famille)
(3)
.
Plusde70%despatients ayant uneaddiction sexuelle si-
gnalent des symptômesaspécifiquesde sevrage (anxiété,
insomnie, asthénie, sueurs, nausées, tachycardie)
(8)
.
L’addiction sexuellepeut êtreévaluéeà l’aidedequestion-
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