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des somnifères), puis le recours aux produits stimulants
(amphétamines, cocaïne, ecstasy) lorsdesdeuxdernières
décenniespeuvent aussi questionner laplacedusujet face
àunesociétéqui s’estelle-même«accélérée» (recoursaux
substances « speed» pour y faire face, être performant,
s’éclater, se défoncer, répondre à une angoisse face à la
mort et l’absencedemaîtrisede sonenvironnement, etc.).
Addictionet déterminants familiaux?
Le rapport aumondedusujet estd’abordmédiatisépar son
rapport àsonenvironnement familial. La rencontreprécoce
(voire singulière, massive) avec une substancepsychoac-
tive (tabac, alcool, cannabis)peut contribuer à l’installation
également précoce d’un abus et d’une dépendance
(5)
.
À l’adolescence, l’usaged’une substance se fait en identi-
ficationà l’adulteet lepremier verred’alcool, par exemple,
est leplussouventbuen famille.Les facteurs familiaux
sont importants,qu’il s’agissedescaractéristiques
familiales,deson fonctionnement (monoparentalité,
précaritésocio-économique, famille recomposée,
famillepeuounonétayante (peu«soutenante»),
carentielle,conflictuelle,exposant sesmembresà
laviolence, à lamaltraitance, etc.)oude laqualité
des interactions familiales (styleséducatifs, soutien
et vigilanceà l’égarddesenfantset adolescents,
etc.)
(6, 7)
. Dans une étude auprès de 542 ado-
lescentset leursparents
(8)
, nousavions retrouvé
l’influencede l’usageet de ladépendance taba-
giquedesparents sur l’usageet ladépendance
tabagiquede leursenfants, avecdesdifférences
selon lepèreou lamère. Lesmères intervenaient
davantagedans l’initiation tabagiqueet lespères
dans lemaintiende ladépendance. Lestyleédu-
catif « vigilant »desparents s’est avéréprotec-
teur à l’égardde l’usage et de ladépendance
tabagique de leurs adolescents, au contraire
desautresstyles («négligent », « indulgent »et
«autoritaire»). Il enétaitglobalementdemême
à l’égardde l’alcool et ducannabis.
Le risquededévelopperuneaddictionest aussi
fortementmajorépar laprésenced’antécédents
avecelle ;autrementdit, lamanièredont il s’ensertpour faire
faceà sonenvironnement social et à la relationauxautres.
Lesujetdoitpouvoirs’intégrerdansunesociétédonnéeavec
ses ressources et ses vulnérabilités et on rappellera que
lorsque le recoursauproduit ouaucomportement devient
pathologique, celapeut sembler une réponsedysfonction-
nelle, mais représente aussi une tentative d’adaptation.
Les«addictions»évoluentdansunenvironnement sociétal
qui est lui-même en évolution constante. Onpeut citer par
exemple : (i) laplaceprépondérantedes «écrans»dans
nos sociétés occidentalisées avec le développement de
l’addictionà l’Internet (et des jeux vidéoen ligne)
(2)
et (ii)
cellede l’alimentationavec ledéveloppementd’unconcept
récent d’addictionà l’alimentation
(3)
.
Dans tous lescas, lesaddictionsvont résulterd’interactions
entreplusieurs facteursd’ordre
(a) individuel (biologiques,
psychologiques et psychiatriques) et
(b) interpersonnel/ environnemen-
tal (relation aux pairs, rôle de la
famille, déterminants sociocul-
turels, etc.).
ClaudeOlievenstein (qui a fondé en 1971 leCentremédi-
cal «Marmottan»d’accueil et desoinspour toxicomanes)
avait résuméce rapportpar la formule : « la rencontred’une
personne, d’unproduit et d’unmoment socioculturel »
(4)
.
Il soulignait déjà l’importance de la norme sociale, des
facteurs socioculturels et du recours aux drogues comme
unedes réponses individuellespossiblespour y faire face.
Lacontre-culturehippie (associéeà l’usagedesubstances
psychodysleptiques comme le cannabis, le LSD (pertur-
bateurs) ou encore l’héroïne et l’opium (dépresseurs)
pourrait apparaîtrecommeun refusdes’intégrer dansune
sociétédans laquelle le sujet ne se reconnaît pas (voir le
romande JackKerouac«Sur la route», publiéen1957)
a
.
Mais l’usageet ledétournementdesbarbituriques (ancêtres
Figure 1 -
Omniprésenced’écrans (réseaux sociaux, jeuxvidéoen ligne)
a
«On the road»a étéun succès phénoménal dès sapublication.
Jean-LouisLebrisdeKérouac (dit JackKerouac) l’a écrit en 1951,
mais n’a trouvéun éditeur que6ans plus tard enacceptant une
censure surplusieurspassages concernant lesdrogues et le sexe.
Sonromanserarééditéen2007 (50ansplus tard)danssaversion
originale. Largement autobiographique, il traite d’unmode de
viebasé sur le voyage (vers leGrandOuest américainà travers
desmilliers de kilomètres d’asphalte, notamment la route 66),
unmode de vie contestataire qui prône l’affranchissement des
contraintes (lasédentarité, le travail, leconformismesexuel, etc.).
Il deviendra l’emblèmed’unegénération enquêtede libertépour
laquelle il va incarnerunealternativeauxvaleurs puritaines et
au« rêveaméricain». Il est à la fois le symboledumouvement
beatnik (devenant leur«bibledumouvement») et va inspirer le
mouvement hippie. Il est une des sources d’artistes commeBob
Dylanet lesBeatles.
