La Lettre 53 - page 38

LA LETTRE
N°53
sont lesmieuxdémontrés, et laplupart descannabinoïdes
de synthèse à viséemédicale, comme leNabiximol, sont
basés sur uneassociationdeTHCet deCBD.
Lemode d’administration influe significativement sur la
pharmacocinétiqueduproduit, et sur le risquepsychoac-
tif et addictif. L’inhalation est associée à unpic rapidede
concentrationplasmatiquedu THC, qui décroît ensuite en
quelquesheures.Cepicest corréléauxeffetspsychoactifs
et au risque«addictogène».Afind’évitercepic rapide, les
produitspharmaceutiquessontgénéralementproposéspar
voie orale ou sous formed’une vaporisation au contact de
lamuqueusebuccale. Cederniermoded’administration,
utilisépour leNabiximol,permetd’obteniruneaugmentation
progressivedes concentrationsqui restent ensuite stables
en plateau plusieurs heures, empêchant l’effet « shoot ».
De plus, l’absorption au niveau de lamuqueuse buccale
permet au principe actif de gagner directement la veine
cave supérieure, contournant ainsi la veineporte et donc
ribune libre
lepremierpassagehépatiquequi est un inconvénientde la
priseoraleclassique.
Usage thérapeutiqueenneurologie.
L’utilisationmédicinaleducannabisaétéproposéedansdes
indicationsvariées :citons,pour lesaffectionsgénérales, les
nausées induitespar leschimiothérapiesen raisonde l’effet
anti émétique, la luttecontre lacachexieen raisonde l’effet
orexigène, lesdouleurs rebellesen lienavec leseffetsanal-
gésiques. En neurologie les applications potentielles envi-
sagéesont étéencoreplus larges, avecdemultiplesétudes
cliniques à la clé : épilepsiepharmacorésistante, maladie
deHuntington, dyskinésiesassociéesà lamaladiedePar-
kinson, tremblement, spasticitéde lascléroseenplaques…
La localisationprésynaptiquedes récepteursCB1, lesméca-
nismesde transductions inhibiteursactivés, et leseffetssur
les systèmes immunitaires adaptatifs et innés, ont conduit
par ailleursàémettre l’hypothèseselon laquelle l’activation
des récepteurs cannabinoïdes pourrait
êtreunepistemajeuredeneuroprotection
dans lesmaladies neurodégénératives,
hypothèse appuyée par de nombreux
résultatsexpérimentaux.
Néanmoins, uneméta-analyse publiée
en 2015 dans le JAMA rappelle que la
plupart de ces indications cliniques re-
posesur unniveaudepreuve faiblevoire
inexistant
(3)
, en raison de biaismétho-
dologiques récurrents dans les études
(quandcelles-ci existent et ne se limitent
pasàdes rapportsdecas). Lesbiais les
plus habituels sont l’absencedegroupe
placebo, le faible nombre de patients,
la courte durée des études, et les diffi-
cultés d’évaluation objective des effets
thérapeutiquesspécifiquesdans lecadre
de symptômes subjectifs. Les résultats
négatifs d’une large étudede neuropro-
tectiondans les formes progressives de
scléroseenplaques, dont laqualitéde la
méthodologie n’était pas discutable
(4)
participent au désenchantement actuel
que ressentent lescliniciensvis-à-visdes
promessesantérieuresde l’utilisationdes
cannabinoïdesenneurologie.
Descas rapportés, ainsi quedesétudes
limitéessuggèrent tout demêmeuneffet
bénéfique dans les épilepsies pharma-
corésistantes, enparticuliercertainssyn-
dromes épileptiques infantiles sévères
(5,6)
.Maisàce jour, aucuneétudecontre
placebon’est encoredisponiblepour vali-
der cette indication.
La spasticité douloureuse rebelle de la
SEPest laseulepathologieneurologique
pour laquelle lescannabinoïdesont clini-
quementdémontréuneefficacité (modeste
et surdeséchellessubjectives)contrepla-
Cannabissativa,planchetiréede«FloravonDeutschland,Österreich
undderSchweiz,Prof.Dr.OttoWilhelmThomé1885,Gera,
Germany» -
1...,28,29,30,31,32,33,34,35,36,37 39,40,41,42,43,44,45,46,47,...48
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