La Lettre 51 - page 19

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potentiels et informent leurs congénères de la localisation
d’une ressourcenutritivepardesphéromonesdepiste.Dans
la communication inter-spécifique, les odeurs émises par
les plantes-hôtes attirent les insectes phytophages, et les
odeurs émises par les hôtes animaux attirent les insectes
hématophages ouparasitoïdes. Souvent ces odeurs sont
constituées d’unmélangede composés dans des propor-
tionsbien spécifiques
(1)
.
Caractéristiquesmorphologiquesetmécanismesmis
en jeudans l’olfaction
Unpanacheodorantprésenteuncaractère trèsdiscontinuen
raisondes turbulencesde l’air. L’objectif dusystèmeolfactif
de l’insecteestdesuivre ladynamiquespatiotemporelledu
stimulus dans lepanachepour y répondrepar des chan-
gementsde trajectoire rapidesafind’en localiser lasource.
L’efficacitédusystèmeolfactif des insectes reposeà la fois
sur sescaractéristiquesmorphologiqueset lesmécanismes
misen jeu. Il est organiséen3niveaux.
1
er
niveau: l’antenne, lenezde l’insecte
Lessignauxolfactifssontdétectéspardesneurones récep-
teurs olfactifs (NRO), essentiellement localisés dans les
antennes au seinde soies cuticulaires appelées sensilles
(Fig. 1A, B). La formedeces soies varie selon lesespèces
d’insectesmais leur structure resteconstante (Fig. 1C)
(2)
.
Lenombredesensillesdédiéesà ladétectionphéromonale
lamaladieetd’autrespathologiesneurologiquescomme la
maladiedeParkinson.
Cesdernièresannées témoignentd’avancéessubstantielles
dans ledomainede laneurogenèseducerveauadulte tant
au niveau de la compréhension de leur intégration dans
les circuits dans lesquels ils s’insèrent qu’au niveau des
activitéscomportementalesauxquelles ilscontribuent.Une
meilleure compréhensionde leurs fonctions devrait béné-
ficier d’études permettant l’enregistrement de leur activité
à différents stades de différentiation chez l’animal éveillé
et placé dans demultiples situations comportementales.
L’utilisationdenouveaux outilsdisponibles (optogénétique
et pharmacogénétique) dotés d’unemeilleure résolution
spatiale et temporelle est également destinée à apporter
un savoir plus précis à travers le contrôle de l’activité de
différentes cohortes de neurones nouvellement générés.
Enfin, lesétudesde type«approchecomparée»s’avèrent
plus que nécessaires pour comprendre les implications
fonctionnellesdenotrepropreneurogenèseadulte.
R
éférences
(1) PetreanuSet Alvarez-BuyllaA (2002) JNeurosci 22:6106-6113.
(2) WhitmanMetGreerC (2007) JNeurosci 27:9951-9961.
(3) Rochefort et al (2002) JNeurosci 22:2679-2689.
(4) Morenoet al (2009) ProcNat AcadSci USA106:17980-17985.
(5) ChristianKet al (2014)AnnRevNeurosci 37:243-262.
(6) DöbrössyMet al (2003)Mol Psychiatry8:974-982.
(7) Breton-Provencher et al (2009) JNeurosci 29:15245-15257.
(8) Lazarini et al (2009) PLoSONE4:e7017.
(9) SultanSet al (2010) FASEB J24:2355-2363.
(10) SultanSet al (2011) 31:14893-13898.
(11) YokoyamaTet al (2011)Neuron71:883-897.
(12) GuYet al (2012)NatNeurosci 15:1700-1706.
(13) Tronel et al (2012)Hippocampus22:292-298.
(14) BergmannO (2015)ColdSpringHarbor PerspBiol 7:a018994.
L’olfaction chez les insectes
Sylvia Anton
(ÉquipeNeuroéthologieUSC INRA
1330, Angers),
Philippe Lucas
(ÉquipeNeuro-
éthologiede l’olfaction, iEES-Paris, INRAVersailles)
Introduction
Les insectesutilisent l’olfactiondansunemultitudede
contextes tant dans lacommunication intra- que inter-
spécifique. Les substances volatiles détectées sont
aussi variables que lemode de vie des insectes les
utilisant
(1)
. Lesphéromonessont impliquéesdansune
grandediversitédemodesdecommunication intra-spé-
cifique.Pensonsparexempleaux femellesdepapillons
de nuit qui attirent lesmâles à grande distance par
l’émissiondesphéromonessexuelles.Chez lesabeilles,
lesphéromonesde la reine inhibent ledéveloppement
ovariendesouvrières,conditionnent leurcomportement
et assurent lacohésionde lacolonie. Les fourmiscom-
muniquent l’appartenanceàunecommunautépardes
hydrocarburescuticulairespour reconnaîtredes intrus
C
D
Figure1
-
Réceptionettransductionolfactivechez l’insecte
A
:mâledupapillondenuitAgrotis ipsilonavecdesantennes
bipectinées.
B
:détail d’uneantennede lanoctuelleégyptiennedu
coton, Spodoptera littoralis, aumicroscopeàbalayage.La faceventrale
de l’antenneportede trèsnombreuses sensillesolfactives (Tr: sensille
trichoïde.Ellesabritent lesNROexprimantdesOR ;Co: sensille
coeloconique.Ellesabritent lesNROexprimantdes IR (Récepteurs
ionotropes ;« Ionotropicreceptor»enanglais).Degrandes sensilles
diteschaétiques (Ch) sontmécanosensorielles.La facedorsaleest
couverted’écailles (E) etportepeude sensilles.
C
: structured’une sensilleolfactive.
D
: transductionolfactive.NRO:neuronesrécepteursolfactifs.G:
protéineG.
E
: enzymeresponsablede laproductionde seconds
messagers.OR: récepteurolfactif.ORco: co-récepteur.
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