La Lettre 51 - page 24

La lettre
n°51
ossier
de laboratoire, (iii) la transparencede certains stades de
développement et la résistance des animaux permettent
des approches d’imagerie
in vivo
dans des conditions de
facilitéétonnante (Fig. 2).
R
éférences
(1) HildebrandJGet ShepherdGM. (1997)AnnuRevNeurosci 20:595-631.
(2) HolleyAetMacLeodP. (1977) JPhysiol 73(6):725-848.
(3) EisthenH et PoleseG. (2006) In Evolution of Nervous Systems, Vol 2:
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(4) Duchamp-Viret Pet al. J.Neurophysiol. 61(5):1085-1094.
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L’OLFACTION CHEZ LES OISEAUX
ALINE BERTIN
(INRA, UMR85PRC, CNRS, UMR7247,
Université F. Rabelais, IFCE, Nouzilly)
,
SIMON POTIER
&
FRANCESCO BONADONNA
(CNRS, UMR 5175,
UniversitédeMontpellier, Centred’Ecologie Fonctionnelle
et Evolutive,Montpellier)
Introduction
Lesoiseauxsont connuspour êtreungroupeextrêmement
diversifié,présentantdescapacitésvisuellesetauditivesdes
plusvariées.Àce titre, lesornithologisteset scientifiquesse
sont souvent intéressésauxcapacitésvisuelleset auditives
qui paraissaient évidentes (pour l’œil et l’oreille humains),
oubliant ainsi l’existencepossibled’unsensolfactif fonction-
nel chez lesoiseaux.Néanmoins, lesoiseauxpossèdent un
bulbeet un répertoiregénétiqueolfactif conséquent suppo-
sant l’utilisationde l’olfactiondans de nombreuses tâches
journalières. Commenous allons le voir, le sens olfactif est
utilisé trèsprécocement et il revêtdenombreuses fonctions.
1. L’olfaction
inovo
Bienprotégédansunœuf, l’embryond’oiseaun’enest pas
moins exposé àdemultiples stimulations sensorielles tout
au longde sondéveloppement. Ces stimulations ont une
importancecertainenotamment chez lesoiseauxnidifuges
- c’est-à-dire capables de quitter le nidquelques heures
après l’éclosion - puisque leurs systèmes sensoriels sont
fonctionnels à l’éclosion. Bien que d’apparence opaque,
la coquilled’œuf d’un oiseau est constituéedemilliers de
pores.Cesporesvontpermettre leséchangesgazeuxmais
également lapénétrationdenombreuxcomposésodorants
volatilesà l’intérieur de l’œuf.
L’embryond’oiseauest enmesuredepercevoircesstimula-
tionspuisque lesystèmeolfactif est fonctionnel relativement
précocement.Parexemple, lesystèmeolfactif de l’embryon
depouledomestiqueest fonctionnel dès le13
e
jourdedéve-
loppement alorsque l’éclosionseproduit au21
e
jour.Si une
odeurestprésentedans l’environnement, l’embryonvaêtre
enmesuredemémorisercette informationolfactiveet cette
expérienceprécoce va orienter ses préférences olfactives
aprèséclosion.Unpoussinexposé
inovo
àunstimulusolfac-
tif (mélanged’orangeetdevanilline)à faibleconcentrationva
présenteruneorientationpositiveversdesalimentsportant
cette odeur familière. À l’inverse, unpoussin naïf va éviter
cetteodeur inconnue.Uneaversionpour lestimulusolfactif
peut être observéemême si celui-ci est présent
in ovo
à
une forteconcentration
(1)
. Cette influencede l’environne-
ment olfactif est observablemême si l’embryondepoule
est encorebaignédans le liquideamniotique (jusqu’au18
e
jour environ). En effet, des poussins exposés
in ovo
à un
stimulusolfactif entre les13
e
et 16
e
jour dedéveloppement
vontexprimeruneorientationplusmarquéeversdesaliments
portant cestimuluspar rapport àdesanimauxnaïfs. L’envi-
ronnement olfactif a toutefois une influenceplusmarquée
en find’incubation, lorsque lebecde l’oiseaupassedans
la chambre à air de l’œuf et que la respirationpulmonaire
semet enplace. Unepréférencepour un aliment portant
lestimulusolfactif familierpeut-êtreobservée jusqu’àdeux
semainesaprès l’éclosionchezdespoussinsexposésàce
stimulusolfactif entre le17
e
et le20
e
jourdedéveloppement
embryonnaire
(2)
.
L’environnement olfactif des embryons d’oiseaux ne
dépend pas seulement des signaux extérieurs à l’œuf.
En effet, l’alimentation de lamère peut conférer des pro-
priétés odorantes au vitellus (jaune) de l’œuf. Ce transfert
d’informations olfactives se fait notamment par les acides
graspolyinsaturésde typeoméga-3ouoméga-6,quipassent
directement de l’alimentationmaternelleau jaunede l’œuf.
Lorsde leur dégradation, cescomposéssont connuspour
conférer une odeur de poisson à l’œuf. Ce phénomène
biendécrit chez lapouledomestiqueapermis demontrer
que les jeunes oiseaux peuvent également mémoriser les
propriétésolfactivesde l’environnement
inovo
. Enajoutant
2%d’huilede hareng (riche enoméga-3) dans l’alimenta-
tiondepoules, il a ainsi étémontréque les poussins issus
de cesœufs s’orientaient préférentiellement vers un ali-
ment nouveauportant l’odeur dehareng. Cettepréférence
ne s’observepas chez des poussins dont lesmères n’ont
pas été nourries avec ce composé
(3)
. Demanièregéné-
rale, cette capacitédes embryons d’oiseaux àmémoriser
des informations chimiosensorielles pourrait prédisposer
les jeunes à s’orienter vers des stimuli olfactifs familiers.
Cemécanismepourrait ainsi favoriser leur adaptationdans
unenvironnement riched’informationsolfactives.
2. L’olfactionpour s’orienter
La recherchedenourriture
Certains oiseaux vivent et sedéplacent dans unmilieu où
l’utilisationdusensvisuel paraît difficile.Dans lemilieuma-
rin, ladétectiondesproiesapparaît peuévidenteau vude
l’absencede repères visuels. Ainsi, il a étémontréque les
procellariiformes (oiseauxmarinscomme lesalbatros, lespuf-
finset lespétrels)pouvaient utiliserdes indices indirects tels
que lediméthylsulfure (DMS)afindedétecter laprésencede
1...,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23 25,26,27,28,29,30,31,32,33,34,...50
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