La Lettre 51 - page 25

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capacités olfactivesdésoriente totalement les individusqui
finissentparseperdreetnesontpluscapablesde retourner
à leur île
(8)
.
3. L’olfactiondans laviesociale
Outre l’utilisationde l’odorat dans lebut de s’orienter, les
oiseaux sont capablesd’utiliser des signaux olfactifspour
communiquer.L’olfactionparaîtdoncêtreutiliséedansdivers
contextes sociaux chez les oiseaux. La sourcedes odeurs
impliquéesdans lacommunicationentre individusest issue
probablement des sécrétions de la glande uropygienne
(glande cutanée principale des oiseaux située à la base
de laqueue), ouglandede la toilette. Cetteglandeproduit
unesubstancehuileuseque lesoiseaux répandent sur leurs
plumes. L’analysechimiquedes secrétionsde laglandeet
des plumes apermis demontrer que l’odeur émanéede
l’oiseau contient des informations sur l’espèced’apparte-
nance, lesexeet l’identitéd’un individu
(9)
. Il apparaît donc
quechaque individupossèdeunesignatureolfactivequi lui
est proprepermettant d’utiliser ces informations lors de la
communication, notamment dans la reconnaissance indivi-
duelleet lechoixdupartenaire.
Ainsi, l’informationolfactivepourraitpermettreauxmouettes
tridactyles
Rissa tridactyla
de s’apparier préférentiellement
avecdes individusgénétiquementdistantscarelle reflète le
degréd’apparentement des individusmâles
(10)
. De surc-
croît, lespoussinsdepétrelspossèdentdescaractéristiques
olfactivesprochesdecellede leursparents
(9)
.Cette infor-
mation sembleessentielleet lebouquet d’odeurs émispar
un individupourrait doncêtreun signal permettant de faire
un choix tout en évitant la consanguinité. C’est le cas de
l’Océanite tempête
Hydrobatespelagius
qui est capablede
reconnaîtreet d’éviter l’odeur desparents, frères et sœurs
(11)
.Une fois lepartenairechoisi, sasignatureolfactive indi-
viduellepermetausside le reconnaître toutau longde lavie,
notamment dans l’obscuritédu terrier chez lespétrels
(7)
.
Enfin, l’émissiondecomposés chimiquespermettrait aussi
aux partenaires sexuels depotentiellement se synchroni-
ser durant lapériodede reproduction. Eneffet, lebouquet
d’odeursémispar les femellesd’étourneauxunicolores
Stur-
nusunicolor
estdifférentenet horspériodede reproduction
(9)
etpourraitdonc témoignerdesonaptitudeàse reproduire.
krillsoudepoissons, leursprincipalessourcesalimentaires
(4)
. Eneffet, leDMSest uncomposé (modifiépar l’environ-
nement)émispar lephytoplancton lorsde l’ingestionpar le
zooplancton. Il témoigneainside laprésenceduzooplancton
et indirectement depoissons senourrissant decelui-ci.
Tout comme lemilieumarinouvert, unmilieudenseenvégé-
tationpeutdiminuer l’intérêtde l’utilisationde lavision.Ainsi,
les rapaces vivant notamment au sein de la forêt amazo-
nienne, telsque lesvautoursurubusà tête rouge
Cathartes
aura
et lecaracarahuppé
Caracaraplancus
peuvent utiliser
leur sens olfactif pour détecter laprésencede carcasses
(S.Potier, observationpersonnelle).Pour levautoururubuà
tête rouge, il sembleraitd’ailleursque lesensolfactif prévale
au sens visuel.
Il n’est cependantpasnécessaireauxoiseauxdevivredans
unmilieunonpropiceà l’utilisationde lavisionpour possé-
der un sens olfactif fonctionnel. En effet, il apparaît qu’un
grand nombred’espèces d’oiseaux est capabled’utiliser
l’olfactionpour trouver lanourriture, à l’instardesmésanges
charbonnières
Parusmajor
qui peuventdiscriminerentreun
arbresainet unarbre infectépar leschenillesd’unpapillon
par la seuleémissiondecomposésolfactifsémis suiteà la
consommationde feuillespar ces lépidoptères
(5)
.
Lanavigation
La navigation par l’olfaction chez les pigeons voyageurs
dans lesannées70aétéen réalité lapremièredécouverteà
montrer l’utilisation fonctionnellede l’odoratchez lesoiseaux.
Ainsi, bienqu’ils puissent utiliser l’environnement magné-
tiqueet visuel pour s’orienter, l’olfactionserait lesensutilisé
préférentiellement à longuedistance.Eneffet, leProfesseur
F. Papi après avoir sectionné le nerf olfactif (les rendant
anosmiques)et relâché les individusàplusde150kmde leur
volière,observaquemoinsde10%despigeonsanosmiques
(ayant pour autant déjà effectué le trajet) arrivèrent à ren-
trer à la volièrealorsqu’environ90%despigeons avecun
sens olfactif fonctionnel rentrèrent. Suite à cettepremière
découverte, trenteansd’expériencesaussidiversifiéesqu’on
puisse l’imaginer surcetteespècemodèleont confirméque
c’est bel et bien l’odorat qui guide les pigeons voyageurs
à leur gîte
(6)
.
Si l’orientationolfactiveétait certainepour lespigeons, chez
les oiseaux sauvages beaucoupde doutes persistaient.
Cependant, lescapacitésolfactivesdespétrelsstimulaient la
recherchesurcesespèces.Enparticulier, lespétrelsnichant
sous terre ont un comportement de navigation nocturne
afind’éviter lesprédateursau seinde lacolonie. La recon-
naissancedunidau retour des individusnepeut doncpas
se fairepar lebiaisd’indices visuelset cespétrelsutilisent
l’olfactionpour retrouver et reconnaître leur nid souterrain
dans l’obscurité
(7)
.Mais lescapacitésdenavigationolfactive
desprocellariiformes vont plus loin. Lepuffincendré
Calo-
nectrisborealis
semblerait utiliser l’olfactionpour s’orienter
et retrouverson îledenidificationàdesdistancesexception-
nelles. Eneffet, une foisdéplacés artificiellement àplusde
800kmde lacolonied’origine,alorsque l’incapacitéàutiliser
lemagnétismen’affectepas l’aptitudeà rentrer, l’absencede
©AlineBertin INRA-PRC
Poussind’un jourdepouledomestique.
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