La Lettre 51 - page 12

La lettre
n°51
Grâce à l’ensemble de ces travaux et à la conviction de
certains scientifiques, nous avons aujourd’hui unebonne
connaissanceduprocessus de neurogenèse adulte et de
son l’implication fonctionnelle. La présence de neurones
forméschez l’adulteapuêtredémontréedans lecerveaude
nombreuxmammifèresadultes, ycompris l’humain (même
si la question de la neurogenèse olfactive chez l’Homme
estdiscutéeparcertainsauteurs)
(12,13)
. Il estmaintenant
établique laneurogenèseadulteestprincipalement localisée
dansdeux régionscérébrales ; lebulbeolfactif et legyrus
dentéde l’hippocampe. Lemaintiendecetteneurogenèse
à l’âgeadulten’est possiblequegrâceà lapersistancede
cellules souches neurales dans deux régions du cerveau,
lazonesous-ventriculairedesventricules latérauxet lazone
sousgranulairedugyrusdentéde l’hippocampe (Figure1).
Ces régions forment unenvironnement cellulaireetmolécu-
laireparticulier, appelénicheneurogénique, indispensable
pour lasurvieet laproliférationdecellules-souchesneurales.
Ainsi, lescellulesproduitesdans legyrusdentéde l’hippo-
campe restent dans la couchegranulairedugyrus denté,
sedifférencient encellulesgranulaireset intègrent le réseau
neuronal hippocampique. Lesprogéniteurs issusde lapro-
liférationdescellules-souchesprésentesdans lazonesous-
ventriculairevont entamerunemigration tangentielledepuis
lazonesous-ventriculaireendirectiondubulbeolfactif.Cette
migration se fait le longd’un« tube»decellulesgliales, le
flux rostralmigratoire.Arrivéesaucentredubulbeolfactif, les
nouvellescellulesvontalorsentamerunemigration radialeen
directiondesdeuxcouchesdeneuronesciblesdecetteneu-
Il fallut attendre plus d’une décennie pour que, dans les
années1990,
B.A.ReynoldsetS.Weissmettentenévidence
les cellules-souches neurales
(7)
. F. Doetsch identifie les
cellules-souches
(8)
comme étant des cellulesGFAP+ et
C. LoisetA.Alvarez-Buylladécriventprécisément laneuro-
genèsebulbaire
(9)
. Puis, ElizabethGould
(10)
, FredGage
et Peter Eriksson s’intéressent aussi à l’existenceet au rôle
fonctionnelde laneurogenèseadulte.Dansunpremier temps
chez les rongeurspuischez leprimateetenfinchez l’homme,
l’évolutiondesoutilsetdes techniquesde recherchepermit
l’identificationet lacaractérisationdescellulesnouvellement
formées, identifiéesgrâceà l’utilisationde la [3H] thymidine,
puis surtout grâceà l’utilisationd’unnouveaumarqueur, la
bromodeoxyuridine (BrdU). LaBrdUest unanaloguede la
thymidine, capable d’intégrer spécifiquement l’ADNdes
cellulesendivision
in vivo
et pouvant êtremis enévidence
par immunohistochimie.Elle fut utiliséeen remplacementde
la [3H] thymidine. Bienplus facile àmettre en évidence et
marquant unplus grand nombrede cellules, laBrdUper-
mit de faireuneavancéeconsidérabledans l’identification
des neurones nés dans le cerveau adulte. L’utilisation de
l’immunohistochimiecontre laBrdUcoupléeàd’autresmar-
queurscellulairesapermisdesuivre lescellules identifiées
depuis leur naissance jusqu’à leur maturation et ainsi de
déterminer, avecprécision, leurphénotypeneuronal (80%),
astrocytaire (15%) et oligodendrocytaire (5%) (Figure 2).
Dans lesannées2000, l’utilisationd’outilsviraux
, comme les
rétrovirus, capables de cibler spécifiquement les cellules
endivision, couplés à l’immunohistochimie et l’électrophy-
siologie ont révélé la cinétique et lesmodalités de l’inté-
gration synaptiquede ces nouveaux neurones (Figure 3).
Puis, vinrent lesmodèlesd’animaux transgéniquesqui per-
mirentdemoduler, augmenterousupprimer laneurogenèse
adulte, enciblant spécifiquement lescellules-souches,pour
enétudier l’implication fonctionnelle lorsde tâchescompor-
tementales
(11)
.
Figure2 -
LaBrdU (enrouge)permet lamiseenévidenced’une
nouvellecellulenéechez l’adulteco-localisantavec leNeuN
(envert),marqueurpermettant l’identificationduphénotype
neuronal de lacellulemarquée (photoNeuropop;CRNL).
Figure3
-Neuronesetastrocytes issusde laneurogenèse
adultedans legyrusdentéde l’hippocamped’une sourisadulte.
L’utilisationd’unrétrovirusexprimantuneprotéinefluorescente
rouge (RFP)permetd’infecter lescellules-souchesaumoment
de leurdivisionetde suivre lamorphologiedescellulesfilles.
Trois semainesaprès l’injectiondevirus, lesnouveauxneurones
présententunemorphologieprochedesneuronesmatures (photo
S. SultanetN.Toni).
ossier
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