La Lettre 51 - page 4

La lettre
n°51
RenéCouteaux
& lacytologiede la synapse
neuromusculaire*
|
jacques taxi, jean-gaël barbara
istoiredesNeurosciences
Dès1933, il entraau laboratoiredebiologieexpérimentale
de laSorbonneet sepolarisa rapidement sur l’étudehisto-
cytologiquedes relationsentre tissusmusculaireet nerveux.
Ce laboratoireétait alorsdirigéparÉtienneRabaud, connu
pour son rationalisme intransigeant, et c’est sansdoutecela
qui attiraCouteaux, enun tempsoùpersistaient encoredes
relents de finalisme chez certains biologistes. Mais, aux
diresdeCouteaux lui-même, celui qui l’a leplus influencé,
c’est JeanNageottequi,devenusourd, venaitdeprendresa
retraiteduCollègedeFrance,quandCouteaux, admirateur
desonœuvre, l’a rencontréàplusieurs reprises.Malgré les
difficultésdecommunication liéesàson infirmité,Couteaux
a tiré un réel parti des échanges avec lui, appréciant son
espritcritiqueparticulièrementaigu touten restantconstructif.
Pourbiencomprendre les raisonsduchoixet laportéedes
contributionsdeRenéCouteaux, il faut rappeler lasituation
enhistocytologienerveusedans lesannées1930-1940, sur
lanaturedesconnexionsentreneurones, ainsi qu’avec leur
effecteur lepluscommun, lesmusclesstriés.Unecontroverse
fondamentalenéeaucoursduXIX
e
sièclecontinuaitàdiviser
les «neuronistes » et les « réticularistes ». Or, lepoint de
vue réticularisteconnaissaitdans lesannées1930un regain
d’actualité, sous l’impulsion de Stöhr enAllemagne et de
BoekeenHollande.Enparticulier,Boekeavaitdécritdans la
plaquemotricedesMammifèresun« 
réseaupériterminal
 »
(periterminal netzwerk)defibrillesétablissant unecontinuité
entre la terminaison nerveuse et le système fibrillairede la
fibremusculairestriée.LaqualitédespréparationsdeBoeke
étaitunanimement reconnue.Cependant, l’interprétationqu’il
endonnait pouvait être contestée en raisonde l’électivité
incertainedes imprégnations argentiques utilisées et aux
limites de leurs possibilités pour lamise en évidence du
réseaupériterminal.
De leurcôté, lesphysiologistesétaientdiviséssur laquestion
dumécanismede la transmissionsynaptique,entreceuxqui
yvoyaientunmécanismeélectro-ionique, tandisqued’autres
penchaient pour l’interventiond’unmédiateur chimique.
Cesontcescontroversesqui ont incitéCouteauxà reprendre
l’étudedes jonctionsneuromusculaires,modèleplusacces-
sibleà l’expérimentationque lesconnexions interneuronales
dans lescentresnerveux.
Lasynapseneuromusculaire: constituantsde la
plaquemotriceet sondéveloppement
Aprèsunecourtepériodede tâtonnementsconsacréeà la
recherchedumatériel leplus favorable, Couteaux fixa son
choix sur la jonctionneuromusculairede vertébrés.
Lapremièreétapedecette recherche fut l’étudedudévelop-
pement de laplaquemotricedesMammifères, dans l’idée
que lamiseenplacedesesdiversconstituantsdevrait ap-
porterdes informationssur l’origineducytoplasme formant
la solede laplaquemotrice, structure au seinde laquelle
se trouvesituée l’arborisation terminalede lafibrenerveuse
motrice.
Cetarticleestuneversioncourted’un travailplus longdeJ.Taxiquiapparaîtraen2017
dans l’ouvrage,LeCerveauauMicroscope, laNeuroanatomie françaiseauxXIX
e
etXX
e
siècles,
Jean-GaëlBarbara&FrançoisClarac, éds.,Paris,Hermann.
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RenéCouteaux (1909-1999) aétéprofesseur titulairede lachairedecytologiede la
facultédes sciencesdeParis, puisde l’universitéParisVI -PierreetMarieCurie.
Il ad’abordmenéde front sesétudesen facultédeMédecineetune licencedeSciences
naturellesen facultédes sciences, avec la ferme intentiondeconsacrer savieprofession-
nelleà la rechercheenbiologie.
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