La Lettre 51 - page 6

La lettre
istoiredesNeurosciences
n°51
des imagesde localisationd’uneactivitécholinestérasique
dans l’appareil sous-neural toutà fait superposablesàcelles
fourniespar leVert JanusB,maisbienplus facilesàobtenir
(Fig.2).Ceci futbientôt faitparplusieursauteurs,confirmant
ainsi totalement les imagesobtenuesparCouteauxavec le
Vert Janus,aveccettedonnéesupplémentaired’importance
que l’appareil sous-neural est le lieud’une forteconcentration
decholinestérase.Cette fois laconception réticularisteétait
bienmise hors jeu, et d’ailleurs le coupdegrâce allait lui
êtreportépeu après avec l’avènement de lamicroscopie
électronique.
CescontributionsdeCouteauxet lesschémasauxquelselles
ont abouti ont inauguré laphasemodernedenosconnais-
sances sur la jonctionneuromusculaire (Fig. 3).
Lescholinestéraseset la jonctionneuromusculaire:
donnéesbiochimiques initiales
Parallèlement àses recherchespurementmorphologiques,
Couteauxs’est toujourspréoccupéde l’histophysiologiede
la transmission synaptique au niveaude la jonction neuro-
musculaire. L’hypothèse faiteparDaleet sescollaborateurs
(1934, 1936) selon laquelle la transmissionde l’excitationdu
nerf aumuscle se faisait par une libérationd’acétylcholine
agissant sur un récepteurmusculaire supposait unméca-
nisme très rapide d’inactivation de l’acétylcholine après
son action. C’est à la recherchede cemécanismeque le
biochimisteDavidNachmansohns’était attaché lorsqu’il vint
s’installeràParis, fuyant labarbarieantisémitedesonpays.
Sonhypothèseétait que lemécanismed’inactivation faisait
intervenir l’enzyme cholinestérase. Unpremier pas venait
d’être franchi danscettevoieparMarnayetNachmansohn
(1937) lorsqu’ilsétablirent pardosagebiochimiquechez la
grenouilleunecorrélationentre laprésencedes terminaisons
nerveusesdansunsegmentdemuscleet unehaute teneur
en cholinestérase, alors que la teneur en cholinestérase
est très faibledans lemusclepris dans son entier comme
dans lenerf moteur isolé.CouteauxetNachmansohn (1938,
1942)allaientbientôtétendrecettedémonstrationaucasdes
Mammifères, enpratiquant alternativementdosagedecho-
linestéraseet colorationhistologiquedesplaquesmotrices
sur le gastrocnémien du cobaye. Ilsmontrèrent en outre
qu’après sectionde l’innervation entraînant ladégénéres-
cencewallériennedes terminaisons, l’activitécholinestéra-
siquen’étaitquepeuaffectée, et endéduisirentqu’elleétait
localisée essentiellement endehors de l’élément nerveux.
Ladécouvertede l’appareil sous-neural, suivieunpeuplus
tardde l’avènement de laméthodede localisationhistochi-
mique des activités cholinestérasiques deKoelle et Frie-
denwaldallaient remarquablement complétercesdonnées
initialesenmontrantque lacholinestéraseétait en fait locali-
séeauniveaude l’appareil sous-neural.La localisationsous-
neuralede lacholinestéraseallaitêtreégalementdémontrée
auniveaudesélectroplaquesde l’organeélectriquechez la
raieet la torpille (Couteauxet Taxi, 1952 ;Couteaux, 1963),
ainsiquedans lesélectroplaquespédicelléesdumalaptérure
et dediversMormyridés.
neural. Lenomde téloglie fut introduit parCouteauxparce
que certains auteurs, et enparticulier ledernier élèvede
RamónyCajal,deCastro,défendaient l’idéequ’unecouche
glialeétait interposéeentre la terminaisonnerveuseet l’effec-
teur, jouant un rôle actif dans la transmission synaptique,
cequi impliquait que cetteglie était douéedepropriétés
particulières. En fait, en l’absencedecolorationspécifique
ducytoplasmeschwannienet vu l’extrêmeminceurdecette
couchegliale supposée, lapreuve irréfutablede son exis-
tence n’avait pu être démontrée, et seule lamicroscopie
électroniquepouvait apporter une réponsedéfinitive.
Ladécouvertede l’appareil sous-neural nemit cependant
pas fin à la controverse sur la continuitédes cytoplasmes
au seinde laplaquemotrice, car lacolorationde l’appareil
sous-neural nepeut êtreobtenuequedansdesconditions
très précises, quedivers auteurs ne sont pas parvenus à
reproduire, jetant ledoutesursonexistencemême.C’estainsi
queBoekedéfendit l’idéeen1948que l’appareil sous-neural
était sansdouteconstituédemitochondries, trèsnombreuses
dans la sole, qui pouvaient se trouver régulièrement dispo-
séesautour des rameauxnerveux.
C’est en 1949 que le pharmacologueKoelle, associé au
chimiste Friedenwald, publia uneméthodede localisation
histochimiquedes activités cholinestérasiques basée sur
l’utilisation d’un substrat synthétique, l’acétylthiocholine,
chimiquement très voisindu substrat physiologiquedecet
enzyme qu’est l’acétylcholine. Dans sa version initiale, la
méthodepratiquée sur du tissu frais,montrait que lepréci-
pitédecuprothiocholineest localiséauniveaudezones très
restreintesde lafibremusculairecorrespondantauxplaques
motrices, mais essentiellement dans les noyaux, cequi ne
manquapasdesurprendre.D’ailleursdescontrôlesbiochi-
miques effectués par Koellemontrèrent qu’effectivement
la fraction noyaux debroyatsmusculaires était dépourvue
d’activitécholinestérasique.
Avantmêmequecettedernièredonnéesoit connue, tout à
fait indépendamment, Koelled’unepart, Couteaux d’autre
part,qui avait associéàce travail JacquesTaxi, entreprirent
demodifier la techniquepourobtenirdes résultatscytologi-
quementplusconvaincants.C’est ainsi que furent réalisées
Figure2 -
Activitécholinestérasique (méthodeà
l’acétylthiocholine).
A
:plaquemotricedemuscle intercostal
de sourisvuede face: l’activité siègeauniveaude l’appareil
sous-neural.
B
: coupe transversaled’uneplaquemotrice ; les
lamelles sous-neurales sont ici vuesde faceautourde lagouttière
synaptique.
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