La Lettre 48 - page 20

LA LETTRE
N°48
ossier
Uneétude récente,particulièrement élégante, apportesans
douteunélémentde réflexion intéressantpar rapportàcette
hypothèse.Castiglioni et coll.
(12)
ontmontréque l’étatd’IT
est capabledemoduler laperceptionde ladouleur chez le
lapin. Ces auteurs ont appliqué uneprocédurede condi-
tionnement classiqueson -chocélectrique (délivrépardes
électrodes) sur des lapins dans un état normal (Témoin),
en état d’IT ou injectés avec un analgésiquedans la zone
d’implantation des électrodes. Lors de la phase de test,
suiteà l’émissiondusonseul, le tempsdedistractionest en
moyennedix foisplus importantchez les individusdugroupe
Témoinquechezceuxayant reçu l’analgésique. Celui des
individusdugroupe ITest intermédiaire.
Chez lecochond’Inde, des travauxplus anciensmontrent
que la réactiond’ITpeut induire une analgésie endogène.
Les individus induits plusieurs fois en ITprésentent, juste
aprèscesévénements, unehypoalgésie (miseenévidence
parobservationde leurscomportements lorsd’une injection
de formalinedans lapatte ou lors du test dit de laplaque
chaude) par rapport àdes individus témoins.
En1978, dans la revue
L’animal decompagnie
, P.L. Toutain
(ENVToulouse) aété jusqu’àévoquer l’intérêt quepourrait
présenter l’état d’ITpour la réalisationd’interventions vété-
rinaires peu invasives chez le chat. Il semble, cependant,
quecette techniquene soit pasutiliséedans lapratique.
Conclusion
Au regardde la littérature, il sembleexister certainessimili-
tudesentre l’étatd’ITchez l’animal et l’état hypnotiquechez
l’Homme,mêmesi lescaractéristiquesdecesétats restent
encoreàpréciser. Àchacunde se faire sapropreopinion.
Danscesdeux situations, il existeune inhibitionde l’action
alors que l’individu reste conscient de son environnement
extérieur. La différencemajeure entre ces deux états est
trèscertainement la façondeprocéder pour l’induire,mais
chaque espèce animale, incluant l’espèce humaine, ayant
sapropre appréhensiondumonde («Umwelt ») peut-il en
êtreautrement ?
cécile.arnould@tours.inra.fr
RÉFÉRENCES
(1) GallupGG Jr (1974) Psychol bull, 481, 836-853.
(2) JonesRB (1986)World’sPoult Sci J, 42, 82-96.
(3) GallupGG Jr et al. (1980) Physiol Behav, 1980; 25, 189-194.
(4) VolchanEet al. (2011)Biol Psychol, 88, 13-19.
(5) RousseauPet al. (2014) Inf BehavDev, 37, 380-386.
(6) CortezCMet SilvaD. (2013) JBrasPsiquiatr., 62, 285-96.
(7) RogersSMet SimpsonS J. (2014)Current Biol, 24, R1031-R1033.
(8) ForkmanBet al. (2007) Physiol Behav, 92, 340-374.
(9) RichardSet al. (2008) INRAProdAnim, 21, 71-78.
(10) Saint-DizierHet al. (2009)BrainResBull, 79, 288-295.
(11) daSilvaLFSet al. (2012)BehavBrainRes, 233, 422- 427.
(12) Castiglioni JAet al. (2009)BehavBrainRes,197, 198-204.
HYPNOSE : MODE D’EMPLOI
PAR ANNETTE VILLEMAGNE
(psychologueclini-
cienne, Nice)
L’hypnoseest aujourd’hui sur ledevant de la scèneen tant
qu’outil thérapeutique,malgré les réticencesdugrandpublic
liées à la connotation « spectacle demagie». Près d’un
siècleetdemi aprèsCharcot, oùenest-onet commentpeut-
onse former à l’hypnose thérapeutiqueouhypnothérapie?
L’émergencedes formationsà l’hypnothérapie
Deux «courants» existent actuellement : l’unbasé sur la
suggestion (utiliséepar Freud) et qui consisteàdonner au
patientdes injonctionsverbales, auditives, visuelleset kines-
thésiques et l’autre, dit hypnoseEricksoniennequi sollicite
laparticipationactivedupatient dans lebut de trouver lui-
même des solutions à ses problèmes en accédant à son
inconscient dansunétat de relaxationprofonde.
L’hypnose a fait sonentréedans les universités françaises
depuis environ une dizaine d’années sous forme deDU
(diplôme universitaire). Il en existe environ unequinzaine
proposéedans les facultésdemédecinedegrandesvilles
deFrance,notammentàParisVI sous ladirectionduDocteur
Jean-MarcBenhaiem, àParis XI sous ladirectionduDoc-
teur JeanBecchio, àNice sous ladirectionduProfesseur
MarcRoucoules-Aime, àBrest sous ladirectionduDoyen
de la Faculté, le Professeur ChristianBerthou ou encore
à Bordeaux, sous la direction des Professeurs François
Sztark et BrunoBrochet. Cette formation est réservée aux
professionnels du soin suivants : médecins, chirurgiens,
dentistes,psychologueset sages-femmes.Ànoterquecette
formation ne s’adresse pas aux infirmiers ou infirmières.
L’enseignement sedéroulesur uneannéedécoupéeen10
séminairesd’environ8h (un jourparmoisd’annéeuniversi-
taire)en fonctionde l’universitéchoisie.Lescours théoriques
sont entrecoupésdedémonstrations,d’exercicespratiques
etd’exposésdecascliniquespermettant lacompréhension
duphénomènehypnotique,desesmodalitésd’applications
et de ses indications. L’enseignement est complétépar un
stage en situation. La validationdudiplôme s’effectuepar
un examen écrit et unmémoire de fin de stage. Une telle
formationcoûtede1200à2000
E
et lesplacessont limitées
à25/30personnespar session.
Desorganismesprivésproposentégalementdenombreuses
formations en France, en Suisse, enBelgique et auQué-
bec. Ces formations s’adressent àdes professionnels du
soin comme les infirmiers et les «paramédicaux ». Elles
présentent un enseignement dequalitédispensépar des
médecins, des psychiatres, des anesthésistes et/ou des
psychologues. Lecoût varied’une«école»àuneautreet
peut aller jusqu’à6000
E
.
Pour autant, aucune formation «privée» n’est agrééepar
l’État français. «
L’hypnosen’est ni légiférée, ni réglementée.
En conséquence, il n’existepas deprocédured’agrément
d’école d’hypnose ni d’école agréée
», rappelle-t-on au
1...,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19 21,22,23,24,25,26,27,28,29,30,...34
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