LA LETTRE
N°48
ossier
des22évaluations. Lequestionnaireà11 items
(figure2)
a
révéléque lesprocéduresde troude trépanetdedécoupe
duvoletosseuxétaient lesévénements lesplus fréquemment
rapportés commedésagréables lors de l’ouverture (14/44
événementsdans toute lasérie).Aucunecorrélationn’aété
retrouvée entre ces événements et un scorepathologique
de stressoudedissociation.
L’hypnoseest fiableet reproductiblepour lachirurgie
éveilléedesgliomescérébraux
Tous lespatients opérés ont connuune transehypnotique.
Cet étatde transeaétéévaluéperopératoirement avecdes
symptômes objectifs de transe («eye-roll sign», cligne-
ments). LePDEQ n’apas révélédedissociationdans huit
cas, sans toutefoisde résultatpéjoratif pourcesous-groupe.
Néanmoins, commece test aétédéveloppépourévaluer la
dissociationchezdesvictimes traumatisées, il est possible
qu’il ne permette pas de démontrer le succès ou l’échec
de l’hypnosesi lachirurgien’estpasvécuecommeun trau-
matisme.
Nousn’avonspasdéterminédecritèresd’exclusionnimesuré
la suggestibilitéhypnotique,même s’il aétédémontréque
45%des personnes étaient faiblement «hypnotisables»
(8)
. Cependant, une forte suggestibilité hypnotique n’est
pas nécessaire pour obtenir une réduction de la douleur
par l’hypnose
(9)
.Compte tenudecesexcellents résultats,
nous émettons l’hypothèse que lamotivation du patient,
qui est crucialepour lachirurgieéveillée, faciliteprobable-
ment l’inductionde la transehypnotique. Ainsi, lachirurgie
éveillée est généralement positivement accueillie et vécue
par les patients, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous
avons obtenuune transe rapideet systématiquechez tous
lespatients, end’autres termes, aucunéchecde l’hypnose
dansnotre série.
L’hypnoseest efficacepour atténuer lesmoments
désagréablespendant lachirurgie
Sixpatientsdenotre sérieont présentéun scorede stress
pathologique selon l’échelledeCohen. Néanmoins, nous
n’avons trouvéaucunecorrélationstatistiqueentrestresset
efficacitéde l’hypnose.Enoutre, leseulpatientquiaprésenté
un état de stress post traumatique a rapportéque l’expé-
rienced’hypnosequ’ilavaitvécue lorsde lachirurgieavaitété
agréable. Ainsi, il est possibleque le stress soit uneconsé-
quencede l’expériencesubjectivede lamaladie (une tumeur
cérébralepré-cancéreuse)plutôtquede lachirurgieéveillée.
Le stressperçuaétépeuexplorédans la littératureneuro-
oncologique. Eneffet, les résultatsdes étudesportant sur
la satisfactiondes patients pendant une chirurgie éveillée
sont essentiellement basés sur l’évaluationperopératoire
(de ladouleur et dustress), et sur lesaspectsorganisation-
nelspériopératoires
(10)
.Notreétudeestdonc lapremièreà
proposerdesquestionnairesvalidéspourmesurer lestress
global et l’impactpsychologiquependant lapriseencharge
d’une tumeurcérébrale.Néanmoins,d’après lesdonnéesde
notrequestionnaire, nouspouvonsconstater que laplupart
despatients avaient uneexpérience subjectivepositivede
DÉTAIL DE LA PROCÉDURE D’HYPNOSE AU
BLOC OPÉRATOIRE
| PAR ERIC FOURNIER ET ILYESS ZEMMOURA
Les patients sont placés sur unmatelas demousse lisse.
La transe hypnotique est induite par la fixation d’un point.
Tout au long de la transe, des instructions sont répétées :
« Lâchez prise », « Faites confiance en vous-même »,
«Profitezde l’instant ».
Audébut de la transe, les patients doivent séparer le corps
et l’esprit et maintenir une distance de 2 cm entre eux.
Ils sont informés que leur inconscient est impliqué, que le
fractionnement de l’esprit et du corpsmet en évidence les
liens qui les unissent entre-eux, et qu’ils doivent les séparer.
Aucoursdecetexercice, ilssont invitésàpliercesconnexions
en trois et à les placer dans leur pieddroit ; celapermet de
protéger lecorps et de leplacer sous lecontrôlede l’incons-
cient ;decette façon lecorpsest horsdedanger.Uncathéter
veineux périphérique est ensuiteposé et lamétaphored’un
vol d’insectesbutinant est suggérée, aprèsquoi une solution
contenant 1µg/ml de rémifentanil est perfusée en continu.
Une sonde vésicale est ensuite posée, avec lamétaphore
d’une énergie colorée et de chaleur dans le bas du corps.
Pour entrer dans la transe hypnotique plus profondément,
il estdemandéauxpatientsd’augmenter ladistanceentre leur
esprit et leur corps à4cm, deplier les nouvelles connexions
en4et de lesplacer dans leur pieddroit.
Lorsde laposede la têtièreàpointes, lamétaphorede l’énergie
est ànouveauutilisée. Enbref, lespatients sont informésque
cetteénergiecircule le longde lacolonnevertébralepour former
une sphèreautour de l’arrièreducou, et ils sont encouragés
à laisser leur esprit flotter au-dessuset autour de leur corpsà
unedistancede6cm.Lesdernièresconnexionsapparaissant
entre l’espritet lecorpsdoiventêtre trèssoigneusementpliées
en6, et séparéesdesautres.Ensuite, lasphèred’énergiedoit
êtredivisée en trois autres sphères qui doivent êtreplacées
autour du crâne. Lors de cedéplacement, les trois sphères
changent decouleur et de température. Lorsque les sphères
sontétabliesautourducrâne, lessitesdepointesde têtièresont
infiltrésà la lidocaïne.Lorsde laposede la têtièreàpointes, les
patientssont avertisqu’ilssentiront unepression.Pourajouter
dumystère, troispointscardinauxmystiquessont décrits. Les
nerfscrâniens (sus-orbitaire, temporal, auriculaireet occipital)
sont infiltrésà la ropivacaïnepour réaliser unblocdescalpet
l’incision est infiltrée à la lidocaïne, tandis que lamétaphore
d’unemigrationde l’énergiepourétablirdes liensentre les trois
pointscardinauxest suggérée.
Au cours de lamise en place des champs opératoires et
de l’incision cutanée, l’hypnose est axée sur la détente.
Unesériedemotsest répétée : «poser, composer,décompo-
ser »,ouunesériedenombresaléatoires.Lorsde la réalisation
du troude trépanetde lacraniotomie (voletosseux), lespatients
sont invitésà imaginerundispositif vibrant,parexemple, ilssont
positionnéssurunvéloavecdes roues triangulairesoucarrées.
La transe se termine lors de l’ouverture de la dure-mère.
Unenouvellephasededétenteest induiteet lamétaphorede
l’esprit séparéducorpsest utiliséeànouveau,maiscette fois
pour amener l’esprit dans lecorpspourmettre finà la transe.
Lespatients retournent ensuiteà lapleineconscience.
