La Lettre 48 - page 19

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cognitivede la situationde test par l’oiseau. Les variations
dans le fonctionnementdusystèmenerveuxautonomepour-
raient être le refletde lastratégiecomportementaleadoptée
par l’animal.
Plusieursétudes, réaliséessur le lapin, ont analysé l’activité
EEGpendantdesépisodesd’IT
(6pour revue)
. L’augmenta-
tiond’activitéobservéedans lecortexsensorimoteur révèle
unétatdevigilancede l’animal, endépitdeson immobilité,
qui pourrait faciliter sa fuiteaumoment opportun. Il semble
qu’unepartiedescaractéristiquesdu tracéencéphalogra-
phique observéependant la réactiond’IT, soit également
observéedansdesétudes sur l’hypnosehumaine
(6)
.
Desétudessur l’identificationdesstructuresneuronalesqui
sous-tendent l’ITont étéeffectuéeschezdiversesespèces
animales. Chez les oiseaux, l’implicationde l’archistriatum
(arcopallium et amygdalepallialepostérieure) a étémise
en évidence
(9, 10)
. Des études, réalisées chez lecochon
d’Indepar l’équipedeMenescal-de-Oliveira,ontmontréque
de nombreux neurotransmetteurs et structures centrales
organisées en un réseau complexe sont impliqués dans
l’IT.Parmi cesstructureson trouve : lasubstancegrisepéri-
aqueducale, l’hypothalamus, l’amygdale, lapartie rostralede
lamoelleventrale, lenoyaudu raphéet lecortexcingulaire
antérieur
(4, 11)
. Il est à noter que le rat ne serait pas un
bonmodèlepourétudier la réactiond’ITcarcelle-ci semble
difficile à induire et nedurequequelques secondes chez
cetteespèce
(1)
; l’étatd’immobilitéestgénéralementprovo-
quéexpérimentalementparune injectiondedrogue (leplus
souventantagonistesdopaminergiques,cholino-mimétiques,
opiacés) et lacommunautéentrecet état et celui rencontré
dans lecasde la réactiond’IT resteàdémontrer.
Immobilité toniqueet hypnose
À la findesannées60, certaines théories suggéraient que
la réactiond’IT chez l’animal était l’équivalent/l’homologue
de l’état hypnotique chez l’Homme. Les termes d’hypnose
animaleetd’étathypnotiqueétaientutilisés.Ces théoriesont,
à l’époque, été souvent repoussées du fait de la faiblesse
desargumentsscientifiquesmisenavant.Cependant, cette
terminologieest encoreparfoisutilisée.
Une réactionmoduléepar leniveaudepeur
La réactiond’ITapparaît dans les situationsdedanger ex-
trême, comme lamenace imminented’uneprédation (cap-
turepar leprédateur), et lorsque toutes les autres options
défensives (fuiteoucombat)ontéchoué.Elleestdistinctede
la réponsede« freezing»observée lorsqu’unanimal vient
dedétecterundanger. La réactiond’IT favoriserait lasurvie
de l’individu car elle lui permet d’augmenter ses chances
d’échapper à sonprédateur, cedernier sedésintéressant
desaproie
(7)
.Une littérature trèsabondante montreque le
nombred’inductionsnécessairespourprovoquer la réaction
d’ITet saduréesontmoduléspar l’état émotionnel de l’ani-
mal. Parexemple,chezdespoussins, laduréede la réaction
d’ITest augmentée s’ils sontmis enprésenced’un faucon
empaillé.Cette réponseest inversementproportionnelleà la
distanceséparant lespoussinsdes fauconset est atténuée
si lesyeuxdu fauconsont invisibles. Laduréed’ITest éga-
lementmoduléepar des facteurscomme laprésenced’un
congénère,maisaussi en fonctionde l’expériencedeviede
l’individu :manipulation régulière,élevageenenvironnement
enrichi
(8)
. Enconséquence, laduréed’ITest actuellement
largement utilisée comme l’undes indicateurs permettant
d’évaluer l’état émotionnel des animaux, notamment chez
lapouledomestiqueou lacaille japonaise.
Il existe une susceptibilité génétique au comportement
d’IT. Des lignées de cailles japonaises, sélectionnées sur
laduréed’immobilité tonique, ont étédéveloppéesdans les
années1990dansnotre laboratoireparA.Millset J.M.Faure.
Ces lignéesqui diffèrentd’unpointdevuecomportemental,
cognitif, neurobiologique et physiologique constituent un
modèle d’étude particulièrement intéressant, notamment
pourdéterminercomment la réactivitéémotionnelledes indi-
vidusaffecte leurscomportementset inversement, ainsi que
lesprocessusphysiologiqueset neurobiologiquesassociés
àcesétats
(9pour revue)
.
Corrélatsneurophysiologiqueset neurochimiques
L’IT s’accompagnedemodificationsauniveaudu système
nerveuxcentral et autonome :modificationsdu rythmecar-
diaqueet respiratoire,de la températurecorporelle,desflux
sanguinsauniveaupériphérique (vasodilatation), ainsi que
de l’activitéEEG
(1et 2pour revues)
.
Chez la caille japonaise, la variabilitéde la fréquence car-
diaqueaétéétudiéedurant la réactiond’IT
(9pour revue)
.
Durant la phase d’induction (pendant la contention), l’in-
fluencedusystèmenerveuxsympathiqueaugmenteet celle
duparasympathiquediminue ; l’activitéparasympathiqueest
plus faible lorsqu’elleest suiviede l’immobilitéque lorsqu’elle
ne l’estpas.Pendant laphased’immobilité, l’influencepara-
sympathique reste faible jusqu’au redressement, alorsque
l’influencesympathiquediminueprogressivement. Ladomi-
nancedu systèmenerveux sympathiquepourrait préparer
l’animal à l’action. Lasusceptibilitéà l’IT, chez les individus
àduréed’IT longueoucourte, nepeut s’expliquer par une
simpledifférencede fonctionnement du système nerveux
autonome. Le succès de l’induction serait lié à l’évaluation
Cailleteauâgéd’une semaineen immobilité
tonique -Créditphoto : INRA
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