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Nouveautés enNeuroscience
Celavade soi, le
temps
(c’est-à-dire le tempsqui passe, pas
lamétéo…) estunélément crucial denotrevie.Maisune fois
qu’onadit ça, quandoncherchedesexemplesconcrets, on se
sent souventdémuni parcequec’estunconcept tropvasteet
donc, tropflou.
Le temps, un intérêt croissant
enneurosciences
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Par valérie doyere
1
ET ANNE-MARIE MOULY
2
Introduction
En effet ce simple terme englobe des échelles de temps
très différentes auxquelles correspondent des fonctions
biologiques et des structures cérébrales différentes. En
fait, si l’onmet àpart le tempscircannuel qui sematérialise
chez un très grand nombred’espèces dans les fonctions
saisonnières (ex. reproduction, hibernation, mue..) ou les
comportements (ex.migrations…), onpeutdifférencier trois
catégories temporelles : 1) cellequi vadesmillisecondesà
≈
2secondes, impliquéedans lecontrôlemoteur, laparoleet
lamusique ; 2) l’échellede tempsqui vade lasecondeaux
minutes,miseen jeudans l’estimationconscientedu temps
passéet lesprocessusdedécision ; 3) le tempscircadien
qui contrôlenotreappétit ounotrecycledeveille/sommeil. Il
est clair que l’horlogecircadienneest sous ladépendance
du noyau supra-chiasmatique et des gènes
clock
. Même
si le fonctionnement des autres échelles temporelles peut
êtremodifiéen fonctiondu tempscircadien, il est engénéral
admisqu’ellesmettent en jeud’autresstructurescérébrales.
L’
interval timing
, intraduisiblepar un seul mot en français,
fait référenceà l’ensembledesprocessusmis en jeudans
lagestion temporelledessecondesauxminutes, en incluant
le chronométrage, laperception, l’estimation, le jugement
temporel et l’extractionde ladurée.C’est unprocessusqui
présente une forme de plasticité : le temps s’apprend et
s’utilise.Ceprocessuspeut être implicite, automatique, non-
intentionnel, inconscient. Un exemple typique est celui du
feu rougequi nous semblecasséparcequ’il est trop long,
car sans levouloir nousavonsmémorisé laduréestandard
d’un feudecroisement, oumêmecelui dececroisement-là,
oùnouspassons tous les jours.Mais leprocessusd’
interval
timing
peut aussi être explicite, contrôlé, conscient, inten-
tionnel. Pour continuer dans l’exemple du croisement de
circulation, il s’agit duprocessusnouspermettant de juger,
en tant quepiéton, si oui ounon il nous reste suffisamment
de tempspour traverser la rueavantque le feunepasseau
vert pour les voitures.Unautreexempleest celui où l’on va
revenir à la cuisine à temps, avant que leplat nebrûle ou
que le lait sur le feunedébordede lacasserole.
Commenousallons levoir,bienque l’
interval timing
semble
faireappel àdesprocessus cognitifs complexes, il n’est ni
purement humain, ni réservé à l’adulte. En effet, l’animal
est non seulement capabled’adapter son comportement
en fonctiondumoment auquel un événement est attendu
(par exempledans la recherchedenourriture), mais aussi
de juger si uneduréeestplus longueoupluscourtequ’une
duréestandard.Quant à l’enfant,mêmesi lescapacitésde
jugement sur desdurées s’améliorent avec l’âgepour res-
sembler àcellesde l’adultevers l’âgede8ans, lebébéde
quelquesmoisestcapabled’anticiper lemomentd’apparition
d’un jouet enorientant son regardaubonmoment,montrant
ainsi descapacitésd’extraction temporelle implicite.
Montéeenpuissancede la recherchesur le tempsau
coursde ladernièredécennie
Sans remonter jusqu’auxphilosophesqui ontdébattudepuis
toujourssur lecaractère innéet spécifiquement humaindu
sens du temps, l’étude objectivede laperception tempo-
relleadébutéenpsychologieexpérimentalechez l’Homme,
approche qui prend sa source dans les expériences de
Vierordtdans lesannées1860 [pour revue, voir
(1)
].Depuis
Piaget et Fraisse-, findes années 50, l’étudedu temps en
psychologie expérimentale a connu un essor particulière-
ment fort.Enparallèle, faisant suiteà l’observationdePavlov
1
Neurobiologiedes fonctionsexécutives,CentredeNeurosciences
Paris-Sud,CNRS-UMR8195 -Univ.ParisSud).
2
CodageetMémoireOlfactive,CentredeRechercheenNeurosciences
deLyon, INSERMU
1028
-CNRSUMR5292 -Univ.Lyon1
