La lettre
n°47
ouveautés enneurosciences
actionsdans le temps
(7)
.Toutefois,mêmesi lasensibilitéau
tempsest présentedès lapetiteenfance, laprécisionde la
représentation temporellecontinuedes’affineraucoursde
l’enfance.Celavadepairavec l’évolutionde leurscapacités
attentionnelles,mnésiqueset décisionnellesqui pourraient
également intervenirdans les tâches temporellesproposées
auxenfants.
Chez l’animal, trèspeud’étudesont abordé laquestionde
l’ontogenèse de la perception du temps. L’une des rares
études disponibles
(8)
a utilisé un conditionnement dans
lequel le ratondoit appuyer sur un levier pour obtenir de la
nourriture, en respectant uneduréefixeentredeuxappuis.
Cette étudemontre que des ratons proches du sevrage
(âgés de 21 jours) sont tout à fait capables d’encoder la
duréede l’intervalleutiliséet d’adapter leur comportement
enconséquence. L’étudede laperception temporelleàdes
stadesplusprécocesdedéveloppement seheurteàdeux
problèmesprincipaux : d’unepart, les ratonsnouveau-nés
sont très immaturesd’unpoint de vuemoteur, d’autrepart,
leur vision et leur audition ne sont pas fonctionnels avant
l’âgede12 jours, limitant ainsi lespossibilitésde tests réa-
lisables. Pour pallier ces inconvénients, un travail récent a
utilisé le conditionnement de peur à l’odeur chez de tout
jeunes ratons
(9)
.Danscet apprentissage, uneodeurprédit
l’arrivéed’un léger choc électrique après un intervallede
duréefixe (30sec).Aprèsquelquesassociationsdece type,
l’animal montre une réponsedepeur à l’odeur. Ce condi-
tionnementprésente l’avantaged’être réalisablesurde très
jeunes ratons (dès l’âgede8 jours)car il ne requiertpasde
réponsemotricecomplexeet leurodoratestdéjà fonctionnel
depuis leurnaissance.Danscetteétude, la réponsedepeur
de ratons dedeux semaines a été analyséede façon fine
grâce au recueil simultanéde la respiration et des vocali-
sationsultrasonores (
figure3
)qui sont fortementmodulées
par l’état émotionnel de l’animal
(10)
.
Cetteanalyseamisenévidenceune réponsedepeurmaxi-
maleau tempsauquel lechocestattendu,cequi indiqueque
le ratonanon seulement fait le lienassociatif entre l’odeur
et lechoc,maisqu’il aaussimémoriséenquelquesessais
laduréede l’intervalleséparant cesdeuxévénements. Les
chercheursontensuitemesuré l’activitédustriatum (unedes
structuresdesganglionsde labase)à l’aidede la technique
demarquagedeglucose radioactif. Ilsontconstatéquecette
structurecérébrale restait inactivependant l’apprentissage
chez le raton, contrairement àcequi sepassechez les rats
adultes. Ce résultat, s’il n’est pas surprenant compte tenu
dudegréd’immaturitédustriatumchezces jeunesanimaux,
suggère toutefois qu’il existe des structures alternatives
permettant unemiseenplacede la représentationdu temps
dès le stadeprécoce.
On l’a bien compris, le temps est omniprésent dans nos
activitésquotidiennes et constitueunélément essentiel de
laplupartdenos fonctionscognitives,etcedès leplus jeune
âge.Grâceauxapportscombinésde lapsychologieexpéri-
mentaleetdesneurosciences,à la foischez l’hommeetchez
l’animal, on commence à en comprendre lesmécanismes
neuronauxetà identifiercertainesdesstructures impliquées.
L’accroissement récentdesétudesenneurosciencesdevrait
permettredecontinuerà lever levoilesurcesensmystérieux
qu’est laperceptiondu tempsqui passe.
R
éférences
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Respiration
Ultrasons
0 sec
30 sec
Choc
Figure3
-Enregistrementde larespirationetdesvocalisations
ultrasoniquespourmesurer laréponsedepeurchez lerat.
