La Lettre 47 - page 17

17
saconsommation régulièren’estpassusceptibled’influersur
lesprocessusde récompenseetd’induireunedépendance.
Onparlededépendancequandplusieursdesphénomènes
suivants sont associés : undésir compulsif, une tolérance
ou accoutumance, des signes de sevrage en cas d’arrêt
de laprisedecettesubstanceet une incapacitéàgérer sa
consommation
(9)
.
Chez l’homme, uneétude récenteamontréqu’à ladosede
3mg/kgdecaféine, soit 2-3 tassesdecafé, ledébit sanguin
cérébral n’estpasactivédans lecircuitdedépendancealors
que les régions impliquées dans la vigilance, l’attention et
l’anxiété sont activées
(10)
. La tolérance aux effets céré-
braux de la caféine est limitée, et n’est pas observéepour
l’éveil, lavigilanceou lemétabolismeénergétiquecérébral
(11)
. En revanche, à l’arrêt brutal de la consommationde
caféine, des symptômes de sevrage peuvent apparaître
chez10à20%desconsommateurs réguliers : céphalées,
sensation de fatigue, manque de concentration, anxiété,
irritabilité. Ces symptômes débutent engénéral 12 à 24 h
après l’arrêt de caféine, atteignant unpic entre 20 et 48 h
(11)
. Ilsneseproduisentpassi laconsommationdecaféine
est réduiteprogressivement. Lacaféineexerceuneffet ren-
forçateur en raisonde sespropriétés stimulantes. Cet effet
représente lecomposantprincipal de l’ingestiondecaféine
et on le retrouve aussi bien chez les faibles que chez les
grosconsommateurs
(11)
. Laconsommationdecaféineest
leplus souvent auto-limitée car les doses élevées ont des
effets aversifs
(12)
. Enconclusion, lacaféinepossèdeune
actionpsychoactiveenmodifiantcertaines fonctionscomme
laperception, les sensations, l’humeur. Mais ces effets ne
remplissent pas les critères attendus pour unedrogue ou
pour caractériser l’addiction.
RÉFÉRENCES
(1) Dunwiddie, T.V. andS.A.Masino, 2001. 24: p. 31-55.
(2) Ferre, S., et al., 2008. 13: p. 2391-9.
(3) Solinas,M., et al., TheJournal of neuroscience, 2002. 22 (15):p. 6321-4.
(4) Cannazza,G.,etal., Journal of pharmaceutical andbiomedical analysis,
2012. 71: p. 183-6.
(5) Sharma, R., et al., 2010. 34 (5): p. 813-8.
(6) Bennett,H.J., et al., 2003. 117 (1): p. 119-27.
(7) Naassila,M.,etal.,TheJournalof neuroscience2002.22 (23):p.10487-93.
(8) Houchi,H., et al., Addictionbiology, 2013. 18 (5): p. 812-25.
(9) Nehlig, A., Neuroscience andbiobehavioral reviews, 1999. 23 (4) : p.
563-76.
(10) Nehlig,A., Journal of Alzheimer’sdisease2010. 20Suppl 1:p.S85-94.
(11) Morelli, M. andN. Simola, Handbook of experimental pharmacology,
2011 (200): p. 483-507.
(12) Fredholm,B.B., et al.,Pharmacological reviews, 1999. 51 (1):p. 83-133.
lesneuronesGABAergiquesépineuxde taillemoyenne
(2)
.
Les récepteursA
1
sont surtout localisés sur les neurones
qui expriment également la dynorphine et les récepteurs
de ladopaminede typeD1 ; ces récepteurs font partiede
la«voiedirecte»desganglionsde labase.Parailleurs, les
récepteursA
2A
sont surtout localisés sur les neurones qui
expriment l’enképhaline et les récepteurs de ladopamine
de typeD2etqui fontpartiede la«voie indirecte»desgan-
glionsde labase
(2)
.Dans lesdeuxcas, les récepteursde
l’adénosine formentdeshétérodimèresavec les récepteurs
de ladopamineavecdes interactions très fortes,quidonnent
aux récepteurs de l’adénosine lapossibilitéde changer la
conformation tridimensionnelledes récepteursde ladopa-
mine et donc, demodifier leur fonctionnement. Quand les
récepteursde l’adénosinesontactivés, ils inhibent fortement
la transmissiondopaminergique.À l’inverse,quand les récep-
teursde l’adénosinesontbloquéspardesantagonistes, tels
que la caféine, la transmissiondopaminergique est désin-
hibée et la récompensepotentialisée
(2)
. La transmission
dopaminergiquepeutaussi êtreaugmentéeen levant le tonus
inhibiteur présynaptique relayé par les récepteurs A
1
(2)
.
Ainsi, lesantagonistesA
1
(comme lacaféine) sont capables
d’augmenter lesniveauxextra-cellulairesdedopamine
(3)
.
Une des premières démonstrations de l’existence d’inte-
ractions entre l’adénosine et leprocessus de récompense
vient de l’observationd’une augmentationdes concentra-
tionsd’adénosinedans lecerveausous l’effet deplusieurs
drogues.Parexemple, l’administrationsystémiqued’amphé-
tamine,maispasdecocaïne, induit uneaugmentationdes
niveauxd’adénosinedans lenoyauaccumbens
(4)
.D’autres
études, utilisant des administrations locales, montrent que
les niveaux d’adénosine sont augmentés dans le cerveau
antérieur basal sous l’effet de l’alcool
(5)
et dans le cortex
sous l’effet de lanicotine
(6)
.
L’activationdes récepteursA
2A
diminue leseffets renforçant
set aussi d’autres effets comportementauxdesdifférentes
droguescomme l’alcool, lanicotineet lespsychostimulants.
L’utilisation d’un agoniste ou l’invalidation de l’expression
dugène codant le récepteur A
2A
ont permis dedémontrer
que l’activationdes récepteursA
2A
jouerait un rôlede frein,
par exemplesur laconsommationd’alcool
(7)
.Unagoniste
A
2A
réduit aussi la consommationd’alcool des rats rendus
«alcoolo-dépendants»
(8)
. À l’inverse, ce sont des anta-
gonistesA
2A
qui sesont avérés intéressantspour réduire la
consommationd’opiacésoudecannabis.Au total,denom-
breusesétudessuggèrentainsiquecibler les récepteursA
2A
de l’adénosineconstitueuneperspective très intéressante
pour contrer l’addiction.
Dépendancevis-à-visde lacaféine
Lacaféine, la substancepsychoactive laplusconsommée
dans lemonde, est un antagoniste des récepteurs adé-
nosinergiques. Comme décrit ailleurs, la caféine a des
effets neuroprotecteurs dans différentes pathologies (voir
la contributionDelarasse et al.)mais peut aussi avoir des
conséquencessur ledéveloppement embryonnaire (voir la
contributionBernard). Il estdès lors justifiédesedemandersi
1...,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16 18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,...41
Powered by FlippingBook