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percepts multimodaux régulés par l’action
(4)
. À la lumière de
ces avancées récentes, l’étude conjointe et systématique des
systèmes de perception et de production de la parole et des
liens perceptivo-moteurs permettrait de mieux comprendre
le « langage commun » de la perception et de l’action dans
la communication parlée.
Traitement de l’information linguistique en lien avec le
traitement de l’identité vocale
Nous sommes tous des experts en voix. D’une part, nous
pouvons produire et comprendre la parole (cf. ci-dessus),
et ces facultés placent l’humain à part dans le règne animal.
Mais en plus de la parole, nous extrayons continuellement
de la voix une grande richesse d’informations socialement
pertinentes dans ce qui constitue un mode plus primitif,
et probablement plus universel, de communication non-
linguistique.
Considérez l’exemple suivant : vous êtes assis(e) dans un
avion et vous pouvez entendre une conversation dans une
langue étrangère dans la rangée derrière vous. Vous ne voyez
pas le visage des personnes qui parlent, et vous ne com-
prenez pas le sens de leurs paroles car vous ne connaissez
pas la langue qu’elles parlent. Pourtant, une surprenante
quantité d’informations vous est disponible. Vous pouvez
évaluer les caractéristiques physiques des différents pro-
tagonistes, incluant leur sexe, leur âge approximatif, estimer
leur corpulence et associer une identité à chacune des voix ;
vous pouvez vous faire une idée assez précise de l’humeur
et de l’état affectif des différentes personnes et commen-
cez même à leur associer des impressions de personnalité.
Bref, vous pouvez vous faire une représentation précise du
type d’interaction sociale qui se déroule dans votre dos,
seraient ainsi évaluées par rapport au feedback sensoriel
réel du locuteur de manière à permettre, si nécessaire, des
modifications rapides de ces productions
(1,2)
.
Lors de la perception de la parole, la variabilité inhérente du
signal acoustique et les relations complexes existant entre
sons et phonèmes ont entraîné de nombreux débats quant
à la nature des processus mis en œuvre dans le décodage
des informations phonétiques. Pour certains modèles, la
perception de la parole reposerait en premier lieu sur des
traitements (multi)sensoriels des informations perçues mais
pourrait, dans certaines situations, être également contrainte
par des processus de simulation motrice des informations
perçues et les connaissances procédurales de l’auditeur
(3)
.
… « ces études appuient ainsi l’hypothèse de
représentations de parole intrinsèquement
sensorimotrices, ni purs produits sensoriels,
ni purs objets moteurs, mais des percepts
multimodaux régulés par l’action » …
En appui de cette hypothèse, l’activation de régions cor-
ticales frontales impliquées dans la planification et l’exé-
cution des gestes de
parole a été régulière-
ment observée lors de
la perception auditive,
visuelle ou audiovisuelle
de la parole. Cela sug-
gère l’implication de re-
présentations motrices
liées aux signaux de pa-
role perçus. Néanmoins,
ces résultats sont par
nature corrélationnels
et ne permettent pas
de démontrer un rôle
médiateur du système
moteur dans la recon-
naissance et compré-
hension de la parole.
Certaines études ré-
centes utilisant les tech-
niques de stimulation
électro-corticale, lors
d’opérations neurochi-
rurgicales ou de stimu-
lation magnétique trans-
cranienne, ont toutefois montré qu’une modulation temporaire
de l’activité de ces régions motrices pouvait perturber les
performances de l’auditeur dans des tâches phonologiques
complexes, lors de tâches simples d’identification ou de
discrimination syllabique mais seulement pour des stimuli
de parole ambigus, par exemple présentés dans du bruit.
Prises ensemble, ces études appuient l’hypothèse de repré-
sentations de la parole intrinsèquement sensorimotrices, ni
purs produits sensoriels, ni purs objets moteurs, mais des
Figure 1
- Représentation schématique des interactions entre régions corticales sensorielles et motrices
lors de la perception et de la production de parole. Lors de la production de parole, la mise en œuvre de
mécanismes de contrôle moteur en ligne permettrait d’évaluer les conséquences sensorielles prédites des
actions planifiées en les comparant avec les retours sensoriels effectifs. Lors de la perception de parole, des
mécanismes inférentiels de simulation motrice permettraient de contraindre l’interprétation phonétique
issue des entrées sensorielles.
Dossie
