La Lettre 52 - page 33

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d’animaux témoins oud’animauxmodèles depathologies
et administrationde souchesbactériennes seulesoucom-
binées.
Lemicrobiotematernel conditionne ledéveloppement
cérébral du fœtus
Au cours du développement intra-utérin, le fœtus soumis
à l’environnement maternel est sensible au statut micro-
biologique de lamère. Une étude réalisée sur des souris
GFgestantesmontreque la formationde labarrièrehéma-
to-encéphalique des fœtus est altérée, conduisant à une
augmentationde laperméabilitépar rapport aux fœtusde
sourisélevéesenconditionnonstérile
(3)
.Ainsi, lemicrobiote
maternel conditionne ledéveloppement cérébral du fœtus.
Les comportementsémotionnelset cognitifs sont sous
l’influencedumicrobiote intestinal
Plusieursétudesmontentquedessourisdont lemicrobiote
est altéréouabsent,présentent uneaugmentationde l’acti-
vité exploratoire associée à unediminutiondu comporte-
ment de typeanxieux
(4, 5)
et desdéficitsdemémoire
(6 )
(Fig. 2). Ces atteintes comportementales pourraient faire
intervenirdesmodificationsd’expressiondeprotéinessynap-
tiques (synaptophysine et PSD-95) et aussi duBDNF au
niveaucérébral, commecelaaétédétectédans l’amygdale
et l’hippocampe, des régions cérébrales particulièrement
impliquées respectivement dans l’anxiété et lamémoire.
Compte tenuque les profils comportementaux varient en
fonctiondes lignéesdesouris,desexpériencesde transfert
demicrobiote intestinal entre différentes lignées ont été
réaliséesde façonàévaluer le rôledumicrobioteendogène
dans lecomportement. LessourisBALB/cont uncomporte-
mentplusanxieuxetmoinsexploratoirecomparéesauxNHI
Swiss. Ainsi, des analysesdumicrobiotecæcal ontmis en
évidenceunprofil génomiquedemicrobiotedifférent entre
lesdeux lignéesdesouris.Deplus, le transfertpargavagedu
contenucæcal d’une lignéevers l’autre induisait unchange-
mentdecomportement correspondant à la lignéedesouris
donneusedecontenucæcal
(4)
.Ces résultatssuggèrentque
la compositiondumicrobiote endogène influence leprofil
comportemental.Renforçant cesétudes, l’administrationde
souchesbactériennes individuelles amontré leur capacité
àmoduler les réponses comportementales
(7)
. Lesméca-
Actiondumicrobiotesur leSNE
Lemicrobiote intestinalcontribueaudéveloppementduSNE
Desétudes récentesmenéeschezdes sourisdépourvues
demicro-organismes (GermFree, GF)montrent que lemi-
crobioteest essentiel audéveloppement et à lamaturation
desneuronesentériqueset descellulesglialesentériques.
En effet, les animauxGF présentent une diminution de la
densité de neurones entériques par rapport aux souris
coloniséesparuneflorecontrôlée (SpecificPathogenFree,
SPF)
(1)
.De lamêmemanière, lenombredecellulesgliales
entériques est réduit suite à un traitement antibiotiquede
sourisSPF.Cesanomaliessont fonctionnellement associées
à une réductionde lamotricité intestinale
(1)
. L’ensemble
de ces données suggèredoncquedes signaux émis par
lemicrobiote intestinal contribuent audéveloppement du
SNE. Inversement desdonnées récentesontmontréque le
SNEpourrait aussi directementmoduler lacompositiondu
microbiote intestinalpardesmécanismes restantà identifier.
Lesmétabolitesbactériensmodulent lephénotypeet
l’activitéduSNE
Undesmécanismesd’actionpossibledumicrobiote intestinal
sur laphysiologiede l’hôtepourraitêtremédiépar sesméta-
bolites issusde la fermentationbactérienne, notamment les
acidesgrasàchaînecourte, telsque lebutyrate.Ainsi, chez
le ratonnouveau-né, lebutyrateprovoqueuneaugmentation
de laproportiondesneuronescholinergiquesetnitrergiques
(neuronessynthétisantduNO)associéeàuneaugmentation
de lamotricité colique
(2)
. Outre les acides gras à chaîne
courte,d’autreseffecteursbactériens, lesmicrovésicules,ont
éténouvellement identifiéscommepouvantmoduler l’activité
desneuronesentériques. Lesmicrovésiculesproduitespar
certainesbactériessont connuespourêtre impliquéesdans
la signalisation intermicrobienneet bactérie-hôte.
Axemicrobiote-intestin-cerveau
L’actiondumicrobiote intestinal nese limitepasà lasphère
digestive,maismoduleégalement les fonctionscérébrales.
Différentsmodèlesanimauxontpermisd’établirun lienentre
microbiote intestinal et cerveau: sourisou ratsGF, animaux
traitéspar desantibiotiques, substitutiondumicrobioteori-
ginel par transfert adoptif demicrobiote intestinal provenant
Fig. 1
-Réseauneuroglial
au seindu système
nerveuxentérique (SNE).
LeSNEest composéd’un
plexus sous-muqueux (A)
etd’unplexusmyentérique
(B)qui s’étendent sur
toute la longueurdu
tubedigestif.
A
: leSNE
est formédeneurones
entériques (rouge) etde
cellulesglialesentériques
(vert).
B
:Lemarquage
de laprotéineneuronale
NF220 (jaune)met en
évidence l’organisationdu
réseauneuronal.
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