Neuroprothèses pour restaurer la marche après une lésion de la moelle épinière
Par Fabien Wagner
Publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
Les lésions de la moelle épinière, ou lésions médullaires, perturbent la communication entre le cerveau et les circuits spinaux qui contrôlent le mouvement et intègrent les retours sensoriels, généralement situés en dessous du niveau de la lésion. La perturbation des différentes sources anatomiques du contrôle moteur descendant et des afférences sensorielles ascendantes peut entraîner une paralysie motrice totale ou partielle, mais permanente. Pendant des décennies, la récupération des fonctions motrices après une lésion médullaire chronique a été considérée comme impossible en raison de l’altération sévère de ces voies de communication bidirectionnelles.
Tester nos théories cognitives avec l’Intelligence Artificielle (IA) moderne : le cas du Global Workspace
Par Rufin Vanrullen
Publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
Comment de nouveaux réseaux de neurones profonds, inspirés de la théorie cognitive du Global Workspace, nous permettent-ils de vérifier l’apport fonctionnel de cette architecture computationnelle ?
Le rôle caché de la moelle épinière dans la sexualité
La moelle épinière ne se contente pas de déclencher l’éjaculation : elle façonne aussi le comportement sexuel masculin, révèle une étude publiée dans la revue Nature Communications.
Traditionnellement, on pensait que le cerveau contrôlait l’excitation, la parade nuptiale et l’accouplement tandis que la moelle épinière se limitait à déclencher l’éjaculation de façon réflexe. Un groupe de scientifiques démontre au contraire, chez la souris, que les circuits de la moelle épinière participent aussi à l’excitation, à l’accouplement et au rythme des rapports sexuels.
« La moelle épinière n’est pas simplement un relais passif exécutant les ordres du cerveau », explique Susana Lima, chercheuse principale du Laboratoire de Neuroéthologie de la Fondation Champalimaud au Portugal. « Elle intègre les signaux sensoriels, réagit à l’excitation et ajuste sa réponse en fonction de l’état interne de l’animal. »
Un circuit clé autour du muscle bulbospongieux
L’équipe s’est concentrée sur le muscle bulbospongieux (BSM), essentiel à l’expulsion du sperme. Lors de l’éjaculation, ce muscle se contracte selon un schéma bien défini.
En utilisant des souris génétiquement modifiées dont certains neurones de la moelle épinière (ceux qui produisent la molécule « galanine » et appelés neurones Gal+) brillent sous lumière fluorescente, les scientifiques ont montré que ces neurones Gal+ sont directement reliés aux motoneurones qui commandent le BSM. Des enregistrements électrophysiologiques, avec la technique du patch-clamp, ont confirmé que l’activation des neurones Gal+ stimule ces motoneurones grâce à une connexion utilisant le neurorécepteur glutamate.
En stimulant ces neurones Gal+ par la lumière (optogénétique) ou par courant électrique, les scientifiques ont provoqué des contractions du muscle BSM chez ces souris, mais sans garantir une éjaculation complète, contrairement à ce qui est observé chez le rat. De plus, des stimulations répétées entraînaient des réponses de plus en plus faibles, suggérant l’existence d’une phase réfractaire consécutive à l’activation musculaire.
Une vision révisée du contrôle sexuel
Ces neurones Gal⁺ reçoivent également des signaux sensoriels provenant des organes génitaux. Les scientifiques ont montré chez des souris mâles « spinalisés », c’est-à-dire dont le cerveau est déconnecté de la moelle épinière, qu’une simple stimulation du pénis active à la fois les neurones Gal⁺ et les motoneurones du BSM. Cela démontre que les signaux génitaux atteignent ce circuit spinal sans intervention du cerveau. De plus, des effets plus marqués étaient observés lorsque les signaux cérébraux étaient absents (chez des souris spinalisées), ce qui implique que le cerveau exerce normalement un contrôle inhibiteur sur ce circuit spinal, jusqu’à ce que les conditions pour l’éjaculation soient réunies.
Lorsque les scientifiques ont désactivé sélectivement les neurones Gal+, le comportement des souris mâles a changé : éjaculation retardée, accouplements plus fréquemment manqués et rythme des rapports perturbé. La contribution de ce circuit semble donc aller au-delà de la simple mécanique de l’éjaculation pour jouer un rôle actif dans l’ensemble du comportement sexuel.
Ces résultats remettent donc en question l’idée selon laquelle l’éjaculation serait simplement un réflexe exécuté après un feu vert du cerveau. Au contraire, le déroulement de l’acte sexuel semble façonné par un dialogue continu entre les signaux sensoriels, l’état interne (y compris le fait qu’une éjaculation ait précédemment eu lieu ou non) et les circuits spinaux. Au cœur de ce processus, les neurones Gal⁺ apparaissent comme de véritables intégrateurs, capables de « décider » quand activer le schéma moteur en fonction des signaux reçus et de l’état physiologique de l’animal.
Source: https://www.insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-role-cache-de-la-moelle-epiniere-dans-la-sexualite
En savoir plus : Lenschow C, Mendes ARP, Ferreira L, Lacoste B, Marques H, Gutierrez-Castellanos N, Quilgars C, Bertrand SS, Lima SQ. A galanin-positive population of lumbar spinal cord neurons modulates sexual arousal and copulatory behavior in male mice. Nat Commun. 2025 Sep 23;16(1):8282. doi: 10.1038/s41467-025-63877-2. PMID: 40987787.
Interfaces Cerveau-Machine : Vers une Symbiose Humain-Technologie
Par Emanuelle Reynaud
Publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
L’histoire de l’humanité est celle d’une relation toujours plus intime avec la technologie. Des premiers outils en pierre taillée aux machines industrielles, des premiers ordinateurs aux smartphones d’aujourd’hui, chaque avancée a repoussé les limites de nos capacités naturelles. Mais en parallèle, un autre défi émerge : réduire toujours plus l’effort physique requis pour interagir avec ces technologies, jusqu’à, pourquoi pas, abolir cette contrainte.
Le neurofeedback : histoire, usages et défis
Par Camille Jeunet-Kelway et Emeline Pierrieau
Publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
L’histoire du neurofeedback débute lorsque H. Berger enregistre en 1924 une activité électrophysiologique chez l’humain, par le biais d’électrodes placées à la surface du cuir chevelu. Cette innovation, aujourd’hui appelée électroencéphalographie (EEG), lui permet d’étudier le rôle fonctionnel des activités cérébrales.
Histoire de la Société de Psychophysiologie et de Neurosciences Cognitives
Par Thomas Hinault, Henrique Sequeira, Aurélie Bidet-Caulet, Anne Caclin, Marie Gomot, Nathalie George, Marie-Hélène Giard et Marie Timsit-Berthier
Publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
La Société de Psychophysiologie et de Neurosciences Cognitives (SPNC)¹ s’intéresse au fonctionnement du cerveau humain en lien avec le fonctionnement cognitif. Cet article retrace le contexte et les origines de la société et son évolution jusqu’à nos jours.
¹ La Société de Psychophysiologie et de Neurosciences Cognitives est un club affilié à la Société des Neurosciences (https://www.neurosciences.asso.fr/clubs-scientifiques/)
La place de la neurophysiologie dans les débuts de l’intelligence artificielle au cours des années 1950
Par Jean-Gaël Barbara, publié dans la Lettre des Neurosciences n°68
Depuis les années 1950 les neurosciences ont progressivement établi des relations étroites avec le domaine de l’intelligence artificielle, avec comme conséquence la fondation d’un domaine de recherche interdisciplinaire fructueux, encore actuellement en plein développement.
Equality between men and women in science – Senate hearing of May Morris
May Morris, CNRS Research Director at the Institut des Biomolécules Max Mousseron in Montpellier, was interviewed as part of the Senate’s work on the theme of “Women and Science”, during a round table discussion on inequalities in the recruitment and career development of women scientists.
Prix de thèse 2025
En 2025, la Société des Neurosciences a attribué trois Prix de thèse destinés à récompenser des jeunes chercheur·e·s pour leurs travaux de doctorat.
Félicitations à nos lauréat·e·s, Antonin Verdier, Jade Dunot et Simon J. Guillot !
Découvrez leurs travaux en vidéo :
French Neuroscience Society – IBRO awards
In 2025, in partnership with International Brain Research Organization (IBRO), the French Neuroscience Society awarded 10 supports to young researchers from all around the world to attend NeuroFrance 2025 and to visit French laboratories.
The awardees are: Nicole Sanhueza Cubillos (Chile), Mohamed Abdelhack (Canada), Ruth Edwige Dibacto (Cameroon), Valentine Turpin (Ireland), Eleonora Dallorto (Italy), Balint Varga (Hungary), Eleonora Deligia (France), Axel Legrand (France), Amel Bouloufa (France) and Nejmeh Mashhour (France).
Want to know more about their background, their projects and their feeling about France and NeuroFrance? Meet 8 of our awardees in these videos: