La lettre
istoiredesNeurosciences
n°47
quelles lecervelet est lecentredes facultéshumaines: les
« lamellescérébelleuses».
En 1807, Chaussier expliquedequelle façonMalacarne a
pudéterminer une tellevariabilitédans lesstructurescéré-
belleuses
(11)
et met également en relief la topographie
anatomiquedes lamellesauseinducervelet : ilmontreque
ce sont bien les lamelles internes qui sont soumises aux
variationsdans lesdifférentscasdedéveloppementducer-
velet.Pluscedernierpossèdeundegrédedéveloppement
important,plussesstructuresarborescentessont
nombreusesetplus les lamellesqui lescomposent
le sont également.
Dès que le cervelet est soumis à une compres-
sionosseuseou liquide, sesstructuresse trouvent
amoindries et le nombre de lamelles décroît en
proportion. C’est pourquoi, les observations de
cas pathologiques et cliniques d’hydrocéphalie,
decrétinismeet tératologiques tiennent uneplace
paradigmatiquedanssonœuvre.En1784,dans la
secondepartiedes
Osservazioni inchirurgia
(Ob-
servationsdechirurgie)
(12)
, il publieunesériede
tableaux (
figure1
)oùsontconsignées lesdonnées
quantitativesextraitesdesnombreusesdissections
pratiquées sur le cerveau et le cervelet humains.
Ces tableaux avaient déjàété transmis àCharles
Bonnet dansune lettredatéedu23mai 1782.
Afind’ordonneretde trouverunesignificationmédi-
cale à l’inconstance des structures cérébrales,
Malacarne y classe l’ensemble desmesures et
des comptages effectués sur les lamelles en vue
d’éclairer le chaos organique apparent de ces
structures. La formalisation de ces résultats en
tableaux rejoint les dimensions topographiques
et statistiquesde ses recherches. D’unepart, les
données topographiquespermettant desituer un
élémentauseinducerveaunepeuventavoirqu’une
formechiffréeen termesdedistance,de longueur
et de largeur ; d’autrepart, une étude statistique
doit délivrer des informations quantitatives. Ces
tableaux regroupent des données extraites d’un
peu plus de soixante dissections humaines. En
arrièreplandeces tableaux, ces chiffresdoivent
être lusencorrélationavec les textescliniquessur
lesaltérations intellectuelles, affectiveset compor-
tementales.
Enfin, il est également important de noter qu’il
s’intéresse,dans lecontexteélectrophysiologique
des travauxdeVoltaetGalvani,aux recherchessur
l’électricitécérébrale.Dansun texteparuen1808,
Malacarne conçoit une expérienced’électrophy-
siologie, où il prévoit debrancher entre elles des
rondelles de cerveau, à la façon d’une colonne
galvanique, en vuede trouver la sourcedu fluide
animateur de lamachine humaine. Il marque un
tournant vers la recherched’un agent électrique,
causedesmouvements et de la sensibilité, pro-
duit par les structures cérébrales. Dès 1792, les
les localisationssontdiscutéesauseind’uneanthropologie
médicale. Les phénomènes cérébraux sont traités sur le
mêmeplanque lesmécanismes de l’ensemblede l’orga-
nismedont lesorganessont lessupportsorganiques.De la
même façonque l’œilpermet lavision, lecerveletpermetaux
facultés intellectuellesdesedévelopper.Cedéveloppement
des facultésétant impossiblequandcet organeest soumis
àdesprocessuspathologiques,Malacarnedéveloppeune
théorieoù il détermine lesunités fondamentalesgrâceaux-
Figure1
-Tableextraitedes«Osservazioni inchirurgia», contenantdesdonnées
quantitatives tiréesdenombreusesdissectionsdecerveauxetdecervelets
humains.Ces tableauxavaient étéenvoyésàCharlesBonnet en 1782.
