Un rôle pour la sérotonine dans la motivation et l’effort !

Les neuromodulateurs modifient le traitement de l’information dans les réseaux de neurones où ils sont naturellement libérés. La sérotonine est un neuromodulateur dont le rôle est particulièrement complexe: elle est libérée dans de très nombreuses régions cérébrales, où elle interagit avec de nombreux récepteurs, et produit des effets très variés sur le comportement. Elle est par exemple impliquée dans la régulation de l’humeur, de l’anxiété, de l’impulsivité et de l’apprentissage. Il s’agit à ce titre d’une cible thérapeutique de premier plan.

La perte de motivation est un symptôme clé de la dépression mais le rôle de la sérotonine dans la régulation de la motivation reste actuellement très controversé. Des chercheurs français de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière à Paris, de l’hôpital Saint Anne, associés à des collègues des Universités d’Oxford et de Manchester ont récemment publié les résultats d’une étude visant à clarifier le rôle de la sérotonine dans la régulation de la motivation.

Dans cette étude, réalisée chez des sujets sains, la motivation a été « opérationalisée » comme la capacité à produire des efforts soutenus dans lequel l’effort produit par le participant était récompensée par un gain monétaire. L’étude visait à évaluer si la sérotonine était susceptible de modifier la capacité à produire des efforts soit en exacerbant la perception du coût (fatigue, douleur, … ) soit en diminuant l’attrait des bénéfices associés à l’action. Une modification de la durée des efforts dans cette tâche pouvait donc être le résultat d’une modification de la sensibilité au coût ou au bénéfice de l’effort. Un point clé de l’étude est que les chercheurs proposent un modèle mathématique du comportement dans cette tâche qui permet de distinguer ces deux scénarios. Les résultats montrent que l’inhibition de la recapture de sérotonine améliore la performance dans cette tâche en diminuant spécifiquement le coût ressenti de l’effort : les participants recevant le traitement produisaient des efforts plus longs, et ils obtenaient ainsi des gains supérieurs à ceux recevant le placebo.

La sérotonine pourrait ainsi modifier les coûts d’une façon plus générale, qu’ils soient associés à un effort comme dans cette étude, ou à des délais ou même des punitions infligées dans de précédentes tâches de décision. Ce rôle général de la sérotonine dans le cerveau pourrait expliquer les nombreux effets déjà observés sur la régulation et la motivation du comportement.

 

Référence : Meyniel, F., Goodwin, G.M., Deakin, J.W., Klinge, C., MacFadyen, C., Milligan, H., Mullings, E., Pessiglione, M. and Gaillard, R., 2016. A specific role for serotonin in overcoming effort cost. Elife, 5, p.e17282.

Contact : Florent Meyniel – Chargé de recherche CEA, NeuroSpin, CEA-Saclay F-91191 Gif sur Yvette Cedex FRANCE

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