Construire des ponts à travers les Neurosciences

Un article commun a dernièrement été publié dans Neuron, co-signé par des neuroscientifiques reconnus appartenant à un très large panel de spécialités et de pays : Allemagne, France, Egypte, Israël, Espagne, Suisse, Etats-Unis d’Amérique, Turquie, Pakistan, Italie …

L’angle de l’article est celui des Neurosciences présentées comme étant une discipline parfaitement adaptée à la reconnexion de l’Occident et du Moyen-Orient. Après tout, la quête pour comprendre le cerveau touche à la nature même de ce que nous sommes en tant qu’individus et en tant qu’espèce. Le développement des théories et pratiques liées au cerveau a une longue tradition au Moyen-Orient, illustrée par la vision moniste de l’esprit et du corps (par opposition au dualisme cartésien) et l’importance d’une approche holistique dans le traitement des maladies psychiatriques. Contrairement à d’autres parties du monde, où les malades mentaux étaient ostracisés et possédés par les démons, le Moyen-Orient médiéval avait un fort intérêt intellectuel dans la prise en charge des troubles psychiatriques.

L’initiative TSB poursuit une stratégie qui intègre des objectifs à court et à long terme. À court terme, l’objectif est de faciliter la collaboration et la libre circulation entre les instituts de recherche existants en établissant des programmes d’échange d’étudiants et de chercheurs, en partageant des subventions de recherche collaborative et en organisant des symposiums scientifiques entre les laboratoires participants. L’objectif à long terme est la création de “Twin-Institutes TSB”, un institut de recherche étant situé dans un pays occidental et l’autre dans un pays du Moyen-Orient. Les deux établissements collaboreront intensément grâce à une infrastructure encourageant le dialogue interculturel et disposera d’un département dédié aux ressources humaines, spécialisé dans les problèmes spécifiques auxquels pourraient faire face les différents chercheurs participant aux collaborations Est-Ouest, et accordera une attention particulière à la communication des résultats de ces études au public. Il existe un grand potentiel inexploité dans les pays du Moyen-Orient. L’initiative TSB soutiendra fortement la formation locale et l’intégration des scientifiques nés dans les pays du Moyen-Orient, ayant reçu une partie de leur éducation ailleurs et souhaitant retourner dans leur pays d’origine pour y établir et nourrir une culture scientifique accomplie.

Nous nous devons de continuer à transformer le dialogue interculturel et trouver des dénominateurs communs. Avec toute une variété de systèmes de croyances humaines parfois très différente, la santé et la connaissance sont les deux choses que chaque personne chérit et mérite d’acquérir et de conserver. L’initiative TSB soutient que les progrès scientifiques seront absolument cruciaux pour la consolidation de la paix dans le monde. En biologie, la diversité permet une adaptation réussie, qu’il s’agisse de cellules, d’organismes ou de populations entières. Par analogie, la diversité culturelle et géographique devrait nous permettre d’aborder plus efficacement les problèmes les plus difficiles concernant le cerveau, tels que le mystère de la conscience et l’impact dévastateur des troubles psychiatriques et neurologiques. Le TSB vise à créer une nouvelle dimension de la recherche collaborative axée sur l’avancement de la science cérébrale fondamentale et translationnelle avec l’espoir que cette initiative ouvrira un nouveau chapitre dans l’échange scientifique Est-Ouest et contribuera profondément à l’harmonie interculturelle et au progrès scientifique.

 

Référence :

Lissek T, Adams M, Adelman J, Ahissar E, Akaaboune M, Akil H, al’Absi M, Arain F, Arango-Lasprilla JC, Atasoy D, Avila J, Badawi A, Bading H, Baig AM, Baleriola J, Belmonte C, Bertocchi I, Betz H, Blakemore C, Blanke O, Boehm-Sturm P, Bonhoeffer T, Bonifazi P, Brose N, Campolongo P, Celikel T, Chang CC, Chang TY, Citri A, Cline HT, Cortes JM, Cullen K, Dean K, Delgado-Garcia JM, Desroches M, Disterhoft JF, Dowling JE, Draguhn A, El-Khamisy SF, El Manira A, Enam SA, Encinas JM, Erramuzpe A, Esteban JA, Fariñas I, Fischer E, Fukunaga I, Gabilondo I, Ganten D, Gidon A, Gomez-Esteban JC, Greengard P, Grinevich V, Gruart A, Guillemin R, Hariri AR, Hassan B, Häusser M, Hayashi Y, Hussain NK, Jabbar AA, Jaber M, Jahn R, Janahi EM, Kabbaj M, Kettenmann H, Kindt M, Knafo S, Köhr G, Komai S, Krugers H, Kuhn B, Ghazal NL, Larkum ME, London M, Lutz B, Matute C, Martinez-Millan L, Maroun M, McGaugh J, Moustafa AA, Nasim A, Nave KA, Neher E, Nikolich K, Outeiro T, Palmer LM, Penagarikano O, Perez-Otano I, Pfaff DW, Poucet B, Rahman AU, Ramos-Cabrer P, Rashidy-Pour A, Roberts RJ, Rodrigues S, Sanes JR, Schaefer AT, Segal M, Segev I, Shafqat S, Siddiqui NA, Soreq H, Soriano-García E, Spanagel R, Sprengel R, Stuart G, Südhof TC, Tønnesen J, Treviño M, Uthman BM, Venter JC, Verkhratsky A, Weiss C, Wiesel TN, Yaksi E, Yizhar O, Young LJ, Young P, Zawia NH, Zugaza JL, Hasan MT.
Building Bridges through Science. Neuron. 2017 Nov 15;96(4):730-735. doi: 10.1016/j.neuron.2017.09.028.

 

Contact :
Mohamed Jaber
Inserm UMR_S 10184, Université de Poitiers
Courriel

 

Figure issue de la publication dans Neuron montrant l’objectif commun de l’initiative “science bridge”.

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