The neuroendocrine key to the brain aging enigma
La lecture Alfred Fessard 2023 a été donnée par Vincent Prévot (INSERM UMR-S 1172, Lille) le 25 mai 2023 à 18h30 au Centre de Congrès de Lyon.
Vincent Prévot est un chercheur dont la passion pour la biologie remonte à sa jeunesse quand à 16 ans, il était déjà membre de la Société herpétologique de France. Ses questions naturalistes concernant l’effet de l’environnement, de l’accès à la nourriture et de l’état énergétique d’un individu sur son histoire naturelle et sa capacité à se reproduire ont trouvé des réponses dans le domaine de la neuroendocrinologie où il a engagé sa recherche pour y apporter une contribution exceptionnelle.
Après un parcours universitaire brillant à l’université l’Orsay puis de Lille et un séjour postdoctoral dans le laboratoire du Dr. Sergio Ojeda à Portland (USA), il a été recruté par l’INSERM en 2002 pour développer son parcours scientifique au centre de recherche Lille Neuroscience & Cognition où il est aujourd’hui Directeur de Recherche de première classe en Neurosciences. L’équipe Développement et plasticité du cerveau neuroendocrine, qu’il dirige depuis 2007, est devenu un centre de recherche en neuroendocrinologie internationalement reconnu et attractif, maintenant composé de plus de 40 scientifiques.
En effet, les travaux scientifiques de Vincent Prévot dans le domaine de la Neuroendocrinologie et des Neurosciences ont non seulement apporté des contributions majeures dans notre compréhension du dialogue essentiel entre le cerveau et le corps, mais ont indéniablement fait entrer la neuroendocrinologie dans la science du XXIe siècle. Vincent Prévot a notamment établi que les tanycytes, qui sont des épendymocytes particuliers bordant le plancher du troisième ventricule et qui forment un pont via leurs prolongements entre le liquide céphalorachidien et la circulation porte hypophysaire, jouent un rôle fondamental dans les processus neuroendocriniens. Ils sont non seulement impliqués dans le contrôle de la neurosécrétion de GnRH, la neurohormone hypothalamique contrôlant la fonction de reproduction, mais aussi dans le transport à travers la barrière hématoencéphalique d’hormones peptidiques, telles que la leptine sécrétée par le tissu adipeux qui informe le cerveau de l’état métabolique de l’individu et contrôle l’appétit. Il a également montré que ces transports tanycytaires sont altérés dans des conditions d’obésité et que cette altération est à l’origine d’une rupture de communication entre le cerveau et le reste de l’organisme pouvant prédisposer le cerveau à un vieillissement pathologique. Parce que les extrémités du spectre métabolique, anorexie mentale et obésité morbide, sont associés à une infertilité, Vincent Prévot analyse également les interactions entre métabolisme et reproduction. Ses résultats récents suggèrent que l’interaction entre ces deux fonctions impliquent les tanycytes et les neurones NOS1, deux populations exprimant à la fois les récepteurs aux hormones stéroïdes et métaboliques, contrairement aux neurones à GnRH.
Ses derniers travaux sur le rôle des neurones à GnRH, qui migrent du nez au cerveau pendant l’embryogenèse, dans le contrôle de la maturation postnatale du cerveau, la croissance pré-pubertaire et la cognition adulte, publiés dans Science Translational Medicine et Science, ainsi que sur le rôle possible des tanycytes dans la clairance de Tau, proposent les bases de recherches cliniques pour une meilleure prise en charge des enfants nés prématurément et la mobilisation de la réserve cognitive chez les individus porteurs de trisomie 21 ou développant une démence de type maladie d’Alzheimer.
A ce parcours scientifique exceptionnel, il est important d’ajouter que Vincent Prévot porte un enthousiasme contagieux pour la recherche et son management qui lui a permis de participer au fonctionnement des organismes et des sociétés savantes (notamment à la présidence des sociétés française et internationale de neuroendocrinologie), de former une nouvelle génération de neuroendocrinologistes brillants, et aussi d’encourager ses collègues dans leurs divers parcours scientifiques.
Merci à la Société des Neurosciences qui donne à Vincent Prévot l’occasion de nous entraîner dans sa passion pour la neuroendocrinologie par cette Lecture Alfred Fessard 2023.
Valérie Simonneaux (INCI CNRS UPR 3212, Strasbourg)