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Maladie d’Alzheimer: Un nouvel acteur moléculaire découvert par des équipes allemandes et une équipe française
Alzheimer : un nouvel acteur, passé inaperçu pendant 30 ans
Des chercheurs viennent d’identifier un nouveau peptide actif dans la maladie d’Alzheimer. Proche cousin du fameux amyloïde-β, qui s’accumule en formant des plaques dans les neurones des patients, il avait échappé à toute détection depuis trente ans. Pourtant, ce nouvel acteur, l’amyloïde-η (êta), est produit de façon constitutive dans le cerveau et perturbe les fonctions neuronales: une découverte qui pourrait avoir des conséquences sur certains essais cliniques en cours. Ces travaux sont le fruit d’une collaboration internationale entre des équipes allemandes1 et une équipe française de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (CNRS/Université Nice Sophia Antipolis). Ils sont publiés le 31 août 2015 par la revue Nature.
La maladie d’Alzheimer est associée à l’apparition d’agrégats neurotoxiques (plaques amyloïdes, accumulation de protéine tau) dans les neurones de l’hippocampe ; ces anomalies se propagent ensuite dans tout le cerveau. Il y a plus de trente ans, l’analyse chimique des plaques a révélé qu’elles sont composées de peptides amyloïde-β, eux-mêmes issus du découpage d’une protéine précurseur nommée APP. Alors que tous les efforts se concentraient sur l’amyloïde-β, une équipe internationale vient de découvrir que la protéine APP peut être découpée autrement, ce qui génère un peptide différent. Et ce nouveau peptide, nommé amyloïde-η (êta), n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement des neurones.
Bien qu’il soit produit en plus grande quantité que l’amyloïde-β, l’amyloïde-η avait échappé à toute détection ces trente dernières années. En effet, les neuroscientifiques avaient concentré leur attention sur l’amyloïde-β, son mode de production et d’accumulation, sa toxicité pour les neurones et les moyens de l’inhiber pour traiter la maladie d’Alzheimer. Dans cette étude, après l’avoir identifié à la fois dans le cerveau de souris modèles pour la maladie et dans celui de patients, ils montrent que ce nouveau peptide, comme l’amyloïde-β, diminue le renforcement des synapses nécessaire à la mémorisation2. Par ailleurs, contrairement à l’amyloïde-β qui rend les neurones hyperactifs, l’amyloïde-η les rend plus difficilement excitables. Au vu de sa neurotoxicité, ce nouveau peptide est sans doute impliqué dans le mécanisme de la maladie d’Alzheimer, mais d’autres travaux seront nécessaires pour déterminer son impact sur les déficits cognitifs.
Cette découverte a néanmoins des conséquences immédiates sur les essais cliniques en cours, dont la plupart visent à réduire la quantité d’amyloïde-β dans l’espoir d’enrayer la perte de mémoire. Un de ces essais cliniques, par exemple, étudie l’inhibition de la β-sécrétase, une enzyme clé qui est impliquée dans la formation d’amyloïde-β. Or, les chercheurs viennent en effet de confirmer que l’inhibition de cette enzyme permet de réduire la production d’amyloïde-β mais que cela s’accompagne d’une augmentation massive d’amyloïde-η. Il est donc très probable que cette stratégie thérapeutique soit nocive pour le cerveau, par l’action exagérée d’amyloïde-η sur les neurones. Cette découverte invite les cliniciens à être très attentifs aux possibles effets secondaires non-anticipés des essais cliniques.
Des photos de l’équipe d’Hélène Marie sont disponibles sur demande.
Notes :
1 Des équipes de DZNE (Deutsches Zentrum für Neurodegenerative Erkrankungen), de Technische Universität München, et de Ludwig-Maximilians-Universität München.
2 Un type de plasticité appelé potentialisation à long terme (LTP en anglais).
Références :
η-Secretase processing of APP inhibits neuronal activity in the hippocampus, Michael Willem, Sabina Tahirovic, Marc Aurel Busche, Saak V. Ovsepian, Magda Chafai, Scherazad Kootar, Daniel Hornburg, Lewis D.B. Evans, Steven Moore, Anna Daria, Heike Hampel, Veronika Müller, Camilla Giudici, Brigitte Nuscher, Andrea Wenninger-Weinzierl, Elisabeth Kremmer, Michael T. Heneka, Dietmar R. Thal, Vilmantas Giedraitis, Lars Lannfelt, Ulrike Müller, Frederick J. Livesey, Felix Meissner, Jochen Herms, Arthur Konnerth, Hélène Marie & Christian Haass. Nature, Oct 15;526(7573):443-7.DOI:10.1038/nature14864
Contacts :
Chercheuse CNRS l Hélène Marie l T 04 93 95 34 40 l marie@ipmc.cnrs.fr
Presse CNRS l Véronique Étienne l T 01 44 96 51 37 l veronique.etienne@cnrs-dir.fr
Source : communiqué de presse du CNRS
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Photo : © copyright 2015 John Pusceddu (CNRS)
Call for a NeuroFRAMES symposium
NeuroFRAMES, an International Research Network between Argentina, Brazil, Chili, France and Uruguay, is launching a call for a symposium to be held at the XII Congress of the International Society for Neuroethology on March 30th – April 3rd 2016 in Montevideo, Uruguay (http://www.icn2016.uy).
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Deadline is September 28, 2015.
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La Lettre 47
La Lettre des Neurosciences
INTRODUCTION
Parmi les molécules de signalisation purinergiques mises en évidence à ce jour, ATP et adénosine ont reçu une attention particulière de par leurs effets considérables tant au niveau périphérique que central. L’importance de l’ATP et de l’adénosine dépasse largement le champ des neurosciences puisque ces molécules de signalisation sont notoirement impliquées dans la régulation homéostatique de nombreux tissus et jouent un rôle primordial dans la régulation du système immunitaire. En dehors de leur implication physio-logique, les transmissions purinergiques jouent notamment un rôle prépondérant dans les situations de stress cellulaire ou tissulaire et sont souvent présentées comme des signaux indicateurs de danger.Dans le système nerveux, l’ATP est libéré par les terminaisons axonales ou par les cellules gliales pour activer notamment des récepteurs ionotropiques : il est donc considéré comme un neurotransmetteur ou un gliotransmetteur. Ce même ATP est également à l’origine de la production d’adénosine qui cible des récepteurs neuronaux et gliaux. Par leurs multiples actions sur la modulation de la transmission synaptique ou sur les récepteurs métabotropiques, les purines sont aussi considérées comme des modulateurs.