Tout commence avec l’Histoire des Neurosciences où Jean-Gaël Barbara nous rappelle l’importance de la neuroanatomie à la Française à travers les travaux de Louis Ranvier « soucieux des détails anatomiques des organes », ceux de Jules Luys, moins connu mais dont l’étude des structures du système nerveux s’inscrivaient déjà dans une perspective fonctionnelle, et enfin de René Couteaux pour qui l’approche cytologique des relations entre les nerfs et les muscles avait d’emblée une perspective fonctionnelle. Ces personnages ont marqué durablement la neuroanatomie et influencé son développement.

La neuroanatomie est en pleine évolution et dans le Dossier nous avons souhaité faire le point sur les dernières avancées dans ce domaine, résultats de l’apport d’autres disciplines comme la physique pour le développement des microscopes et l’IRM, ou la chimie pour les traceurs et la génétique pour la création de constructions moléculaires spécifiques. Sans prétendre être exhaustifs, le sujet est bien trop vaste, nous présentons les avancées dont l’impact nous a semblé majeur. Une discipline qui va bien au-delà de la description des structures, la neuroanatomie et ses concepts évoluent. Vous lirez comment les marquages immunohistochimiques se sont enrichis de nouveaux traceurs pour la caractérisation neurochimique des neurones et leur niveau d’activation et comment ils sont complétés par la détection des ARNm avec des méthodes de plus en plus sensibles. Les outils pour tracer les voies nerveuses évoluent également et gagnent aussi en spécificité et en sensibilité. Toutes ces méthodes peuvent être combinées afin de disséquer très précisément les sites de projection à l’échelle du neurone et visualiser les acteurs de co-transmission. D’autres approches bénéficient également du développement technologique des microscopes, notamment quand il s’agit d’observer des marquages in toto sur des échantillons transparisés. La neuroanatomie fait aussi appel aux nouvelles modalités d’imagerie comme l’IRM, et la caractérisation neurochimique des structures observées comme celle du glutamate devient possible grâce aux apports de la physique et des mathématiques. Que vous soyez curieux de ces nouveaux outils ou sensibles à la beauté des images, ne ratez pas ce dossier.

La neuroanatomie et la connaissance de l’organisation des réseaux neuronaux est également indispensable dès qu’il est question d’intervenir précisément sur une zone spécifique du cerveau, comme nous le montrent Jean-François Aubry et Mohammed Bashaiweth dans la rubrique Nouveautés en neurosciences. Leur article est consacré à la stimulation ultrasonore transcrânienne, une méthode qui nécessite un repérage parfait des différentes zones du cerveau. Cette technique de neuromodulation non invasive permet de cibler avec une précision millimétrique les circuits cérébraux, y compris ceux situés en profondeur. Elle ouvre des perspectives thérapeutiques inédites pour certaines pathologies psychiatriques ou encore certains troubles neurologiques. Elle apporte déjà des résultats probants dans le domaine de la psychiatrie.

Dans la Tribune Libre, Sébastien Lemerle et Philippe Vernier reviennent sur le cerveau reptilien, un concept abandonné depuis longtemps par les neurosciences mais encore bien présent dans certains domaines comme le développement personnel. Qui n’a pas entendu parler du cerveau reptilien, venu tout droit de la théorie du cerveau triunique de MacLean, cette partie de notre cerveau qui serait responsable de nos plus bas instincts ? Découvrez sans attendre cet article passionnant sur cette erreur scientifique, mais qui résiste bien en dehors des neurosciences.

Dans ce numéro vous découvrirez également qui était Angélique Arvanitaki, une pionnière en neurophysiologie cellulaire et dont le nom est maintenant associé à une conférence plénière des colloques NeuroFrance. L’édition 2025 de cette conférence a piqué notre attention et nous a permis de découvrir le domaine passionnant de la cognition chez les abeilles sous la plume de Martin Giurfa.

La Lecture Alfred Fessard, donnée cette année par Catherine Tallon-Baudry, est également à l’honneur. Elle nous présente un autre aspect de la conscience de soi à partir de la coordination de l’activité cérébrale par les signaux intéroceptifs issus du cœur ou de l’estomac, un domaine en émergence qui n’a pas fini de nous interroger.

Enfin, au moment où nous sommes en train de préparer la prochaine Semaine du Cerveau en 2026, vous découvrirez le bilan de l’édition 2025 et les moments forts à Bordeaux, Tours et Orléans. N’hésitez pas à vous impliquer dans cette aventure passionnante et enrichissante qui nous apporte un autre regard sur notre métier. Deux mille vingt-six sera aussi le rendez-vous des Journées Thématiques à Toulouse sur la cognition animale et humaine, ne manquez pas ces Journées de rencontres où nous ne doutons pas vous y retrouver nombreux.

Nous espérons que vous aurez beaucoup de plaisir à lire cette Lettre, et nous terminerons en vous souhaitant de très belles fêtes de fin d’année et une excellente année 2026 autour des neurosciences bien sûr, mais aussi pour tous vos projets.

Bonne lecture !