Longtemps perçue comme un ensemble de techniques permettant uniquement de « voir » le cerveau, au détriment de sa dimension conceptuelle et fonctionnelle, elle est devenue une science intégrée, où l’anatomie, la chimie, la physiologie et la modélisation convergent pour dévoiler la structure intime des réseaux neuronaux et leurs fonctions. La neuroanatomie connaît aujourd’hui une profonde transformation

Ce dossier entend illustrer la vitalité, l’évolution de la neuroanatomie contemporaine à travers les contributions de plusieurs chercheurs issus de différents laboratoires. Evidemment, même si nous avons mis l’accent sur certaines avancées technologiques parmi les plus significatives, le domaine reste très vaste. D’autres thématiques et méthodologies auraient également pu faire partie de ce dossier, qui n’a d’ailleurs pas la prétention d’être exhaustif. Pierre-Yves Risold commence par une réflexion sur l'évolution historique de la discipline et son statut actuel. Marie Barbier montre ensuite comment les approches anatomiques et fonctionnelles modernes permettent de disséquer des circuits spécifiques. L’auteure prend pour exemple le noyau parasousthalamique du rongeur, une structure complexe récemment identifiée dans l’hypothalamus et impliquée dans la prise alimentaire, mais probablement aussi dans d’autres réponses. Les traçages transsynaptiques présentés par Julien Bouvier et Alexis D’Humières, et les marqueurs d'activation précoce décrits par Amarine Chancel et ses collaborateurs illustrent la diversité des outils actuellement disponibles pour cartographier les réseaux neuronaux et leur dynamique fonctionnelle. La neuroanatomie chimique et sa complexité, notamment dans la co-transmission, sont abordés par Monique Esclapez en prenant comme exemple la co-transmission GABA/Glutamatergique entre le noyau supramammillaire et l’hippocampe. Enfin, Emma Perrot et ses collaborateurs explorent les liens entre données anatomiques et organisation des réseaux avec l’étude d’un nouveau circuit dopaminergique issu du raphé dorsal et impliqué dans les comportements défensifs.
Le dossier fait également la part belle aux innovations technologiques récentes. Chloé Chaumeton et collaborateurs présentent les apports de la transparisation tissulaire et de l'imagerie tridimensionnelle. Avec l’IRM, Julien Flament introduit l’identification neurochimique des réseaux neuronaux avec les agents CEST en prenant l’exemple du glutamate et Olivier Coulon examine, toujours en IRM, comment l'analyse des surfaces corticales révèle des asymétries anatomiques cérébrales.
En rassemblant ces avancées, ce dossier de La Lettre des Neurosciences met en lumière une neuroanatomie en pleine mutation : bien au-delà d’un simple outil de visualisation, elle s’impose désormais comme une véritable clé pour décrypter avec une grande précision la dynamique, l’organisation et la complexité du cerveau.
Illustration : Neurones à Relaxin3 du nucleus incertus, avec leurs projections visibles dans l’ensemble du cerveau. L’échantillon a été transparisé puis observé en microscopie à feuille de lumière. Crédit photo : Thibault Dhellemmes (Institut des Maladies Neurodégénératives (IMN) - CNRS UMR 5293, Bordeaux) et Jérémie Teillon (Bordeaux Imaging Center - UAR 3420 CNRS - Université Bordeaux - US4 INSERM).
Voir l’article de Chloé Chaumeton, Jérémie Teillon et David Godefroy dans ce Dossier